Vincent (Arnausd Ducret) vit à la Rochelle. Ayant rompu avec sa famille, à 35 ans il vit seul.
Devenu entraîneur de foot suite à un accident de match, un jour un OVNI entre dans sa vie : son neveu, Léo (Max Baisette de Malglaive), 13 ans, élevé par la mère de Vincent qui doit subir une opération et qui n’a d’autre solution que de faire appel à son fils, qu’elle n’a plus vu depuis des années…
Le problème est déjà énorme pour ce célibataire invétéré qui ne s’est jamais occupé d’enfants, sauf de jeunes footballeurs ; qui plus est Léo est autiste Asperger et voilà ce grand gaillard barraqué au caractère bien trempé empêtré avec ce gamin maigrichon, imprévisible, qu’il n’a jamais vu.
Et pourtant…
Pourtant, loin d’être débile, Léo le sidère par son savoir, son esprit qui travaille à mille à l’heure et son envie de devenir… footballeur.
Tout n’ira pas sans mal mais cette rencontre va bouleverser le vie de ces deux-là, qui sont de la même famille mais ne se connaissent pas.
Écrit et réalisé par Stéphan Archinard et François Prevôt-Leygonie d’après le roman d’Alain Gillot « La surface de réparation », le film se déroule à la Rochelle et a été rebaptisé « Monsieur je sais tout ».
C’est une belle histoire d’amour entre une grande gueule à la carcasse impressionnante quelque peu empoté face à ce gamin lui aussi impressionnant à sa manière parce qu’inattendu, énervant et attachant à la fois
Le film est traité sans pathos, magnifiquement interprété par un Arnaud Ducret inattendu car on le connaît plus dans le registre de la comédie et ce petit Max qui joue un rôle difficile car il fallait maîtriser une maladie encore mal connue avec un débit incroyable qui force le respect. Et s’il n’est pas autiste il est, c’est sûr, surdoué !
Derrière cet ogre soupe au lait se cache une âme meurtrie dont on découvre la faille au fur et à mesure de l’histoire, et derrière ce petit garçon se cache un enfant attachant, qui, lui aussi recherche quelqu’un à qui se raccrocher.
Parce que c’était Vincent. Parce que c’était Léo.
Le film est formidablement maîtrisé dans une histoire pleine de jolis sentiments, d’émotion, de tendresse et d’amour sans qu’une seule seconde ce soit larmoyant.
Ducret nous montre qu’il sait faire autre chose qu’un « one man » tonitruant. Max nous sidère par sa maturité et sa justesse.
Quant aux seconds rôles (Alice David, Caroline Silhol, Féodor Atkine entre autres) ils sont tous d’une grande justesse et tout aussi attachants.
Un très beau film qu’Arnaud Ducret et les deux réalisateurs sont venus nous présenter au Pathé la Valette, affrontant les grèves qui ont un peu perturbé leur emploi du temps !
Mais ils étaient là, pour notre grand plaisir.
« Arnaud, comment vous est venu ce scénario ?
Tout simplement parce que Stéphan et François ont pensé à moi ! Ils m’on proposé le scénario que j’ai lu très vite et dans la foulée je leur ai dit : « Je veux le faire » ! Nous nous sommes rencontrés une première fois, j’ai trouvé le scénario bien écrit et le rôle m’a plu dans son intégralité. En plus, ça me changeait des comédies, ce que j’avais envie de faire mais sans me dire que j’allais aborder une nouvelle facette, je ne pense jamais comme ça. Mais l’histoire de ce mec dépassé, de cette relation avec cet ado qui devient presque une relation père-fils, m’a beaucoup touché. Et en fait, je me suis dit : quel est le plus autiste des deux ? car dans le film Vincent est un solitaire peu sociable qui va se transformer grâce à Léo. Comme Léo va se transformer grâce à sa rencontre avec son oncle.
Stéphan, François, Arnaud a-t-il été une évidence ?
Stéphan : Sur le moment, nous avons cherché qui pouvait entrer dans ce rôle. Déjà, il nous fallait un mec de la stature d’un Lino Ventura, une espèce d’armoire à glace brut de décoffrage, qui peu à peu, va, disons « s’humaniser ». Il y en a peu dans le cinéma français.
François : Ce qui est drôle c’est que notre producteur nous avait dit qu’il pensait à quelqu’un mais qu’il nous en parlerait lorsqu’on aurait cherché… et pas trouvé ! Et j’ai vu à la télé un film sur de Gaulle où Arnaud jouait magistralement le rôle de Chirac. Ca a été le déclic ! Et le comédien à qui pensait le producteur… c’était lui !
Le choix de ce scénario vous est venu comment ?
Stéphan : Par notre agent qui avait lu le roman d’Alain Gillot « La surface de réparation » et qui nous en a parlé. L’histoire se passait à Sedan, Elle était assez sombre car les personnages étaient des gens qui allaient mal. Nous avons adoré l’histoire…
François : Mais nous avons pensé que ce serait peut-être un peu trop noir pour être porté à l’écran. Nous avons donc rencontré Alain Gillot. Déjà, ça a été le coup de foudre entre nous et nous lui avons dit ce que nous en pensions. Nous voulions que le film soit plus solaire, plus lumineux et que tourner ailleurs ce serait déjà moins lourd.
Stéphan : En fait, il habitait la Rochelle où nous sommes allés le rencontrer et nous avions de superbes souvenirs de cette ville où nous avions tourné « Amitiés sincères », tiré de notre pièce de théâtre. C’était un signe. Il a été OK et on a en fait travaillé tous les trois sur le scénario.
Arnaud, travailler avec un enfant, c’est facile ?
D’abord Max n’est pas un enfant, c’est un ado qui vient d’avoir 18 ans. Mais il a eu une enfance très difficile, atteint d’un cancer qu’il a vaincu près des années de traitement, ce qui a retardé sa croissance et fait qu’il fait plus jeune qu’il est en réalité. Mais à la première seconde où nous nous sommes rencontrés, ça a fonctionné entre nous. C’est un vrai, un grand comédien qui a déjà une belle carrière derrière lui. Il est sérieux, concentré, il pige tout de suite, il est bon à la première prise.
François : A tel point qu’on a rarement fait plusieurs prises. Il était bon tout suite ! On s’en était aperçu au casting où, très vite, on a sur qu’il serait notre Léo. Il envoie tout de suite.
Il a rencontré une autiste et a très vite compris le mécanisme tout en voulant faire de Léo un personnage unique. C’est lui qui a trouvé cette façon de marcher la tête baissée, d »avoir ce débit rapide et répétitif…
Le sujet de l’autisme n’a jamais été traité au cinéma ?
Stéphan : Je ne crois pas et c’était délicat car on ne voulait pas faire un documentaire sur l’autisme ni traiter le sujet comme une misère sociale, on voulait faire un film énergique, lumineux, optimiste, malgré la gravité du sujet. L’intérêt était de mettre face à face deux « handicapés de la vie » qui vont, chacun à leur manière, permettre à l’autre de s’épanouir, de s’ouvrir. On ne voulait surtout pas faire un film larmoyant.
Vos seconds rôles sont aussi magnifiques !
Stéphan : Nous attachons beaucoup d’importance à ce qu’on appelle « les seconds rôles » qui sont simplement des rôles qui ont leur importance. Dans les années 50/60, le cinéma en avait des tas et c’étaient de grands comédiens. Nous allons souvent les chercher au théâtre car ce sont en principe des comédiens de talent, sans ego surdimensionné, qui donnent de la force au film.
Arnaud : Et puis, être accepté par des comédiens comme Caroline Silhol qui joue ma mère ou Féodor Atkine où l’on se noie dans son regard, c’est à la fois un honneur et un bonheur. Ma scène de retrouvailles avec ma mère a été pour moi un grand moment d’émotion.
Arnaud, vous devenez boulimique au cinéma en ce moment ?
(Il rit) Non, l’actualité veut que deux films sortent en même temps : « Les dents, pipi et au lit » et « Gaston Lagaffe ». « Monsieur je-sais-tout » sortira, lui le 9 mai. Mais là, pour le moment, je n’ai pas de plan prévu. J’aimerais retrouver le théâtre car c’est de là que je suis parti, j’ai fait des comédies musicales et j’adore l’esprit de troupe, l’esprit de famille. J’aimerais me retrouver sur scène avec d’autres comédiens, ça donne de l’énergie, de l’émulation et j’aime cette idée de partage.
Alors, peut-être une pièce signée Stéphan et François ?
Pourquoi pas ?
J’aimerais bien continuer à travailler avec eux… Je ne vais plus les lâcher !
Et vous deux ?
On serait ravis de retravailler avec Arnaud. Mais pour l’instant, on prépare un film qui raconte l’histoire de trois vétérans, trois pilotes de course de 60 ans qui décident de remonter une équipe pour se retrouver aux 24 heures du Mans. C’est une comédie prétexte sur le fait de se poser la question : Qu’est-ce qu’on a fait de notre âge ?
Et donc… Arnaud n’a pas l’âge !
Propos recueillis par Jacques Brachet