Il y a quelquefois dans la vie des aventures qui naissent de peu de choses, une envie, une idée et qui tout à coup deviennent des moments uniques d’une vie, des contes de fées pour ceux qui rêvent encore, des miracles, pour ceux qui croient au ciel.
Et c’est une belle histoire qu’est venue me conter Cécile Limier.
Cette six-fournaise au regard bleu est l’une des seules femmes à être CN 6ème dan de karaté. Elle pratique au club Kanaku Dai de Six-Fours.
Sportive, optimiste, fonceuse et d’une belle sérénité, elle croit, sinon au miracle du moins à quelques lumières qui, quelquefois, accompagnent un projet tout au long d’un long chemin.
Au départ, une petite fille africaine de Réo, un village à 120 kilomètres de Ouagadougou, au Burkina Faso, dans la province de Sanguié, qu’elle va parrainer pour la soutenir sur le plan scolaire.
Et voilà que de là-bas, lui arrive une demande de soutien pour un club de karaté existant à Réo mais qui vivote avec les moyens du bord, c’est-à-dire pas grand chose.
Elle décide alors de créer une association : « Dojo pour Réo », entraînant quelques copains du club dont Louis Wan der Heyoten, professeur de karaté CN 7ème dan.
Nous sommes en 2005.
Le but : arriver à fournir au club de Réo du matériel, des kimonos, des tapis, dont ils sont privés, faute de moyens. Ils faut savoir qu’ils pratiquent leur sport dehors, sur la terre sous 40° ou la nuit, pour avoir moins chaud, sous un éclairage de fortune.
Ainsi commence une belle aventure humaine, qui aurait pu s’arrêter là, après qu’ils soient allés leur apporter le matériel récolté.
Mais sur place, ils se rendent compte de la ferveur, de la passion de ces enfants qui vivent dans des conditions précaires.
« Tout-à-coup nous confie Cécile, j’ai eu une vision : pourquoi ne pas les aider à construire une infrastructure sportive afin qu’ils aient une vraie existence sociale ? C’était un rêve fou mais l’idée était lancée en sachant bien que le projet serait onéreux et l’argent ne pourrait pas venir d’eux. Mais en peu de temps, comme par miracle, toutes les énergies ont convergé pour que le projet voit le jour, en réunissant des compétences venues vers nous… »
L’association va aller voir le Maire de Six-Fours, Jean-Sébastien Vialatte, qui est aussitôt séduit par le projet et fait débloquer 2000€ sur la réserve parlementaire.
C’était un premier pas mais il fallait aller plus loin. Cécile et ses amis organisent alors une grande manifestation salle Scarantino à Six-Fours, qui obtiendra un énorme succès. Résultat : 16.000€ de dons venus de toutes parts en quelques mois !
Après cela, il fallait gérer cet argent, trouver un lieu à Réo pour construire le dojo.
Et là, tout le monde s’y est mis : Soulemane Sawadogo, président de la fédération de karaté du Burkina Faso qui accepte de gérer l’affaire et montera un protocole de partenariat et – autre miracle – le Maire de Réo offre un magnifique terrain de 1000 m2, en plein centre de Réo, jouxtant le terrain de football. Cerise sur le gâteau : l’Agence Nationale pour l’Éducation par le Sport prime l’association.
De gauche à droite : Michel Lendi, Yves Aulas, Céline Limier, Louis Wan der Heyoten,Julien Fortin, Marie-Diane Tassy… La belle équipe de « Dojo pour Réo »
La première pierre est posée en 2006, en six mois le dojo est érigé, inauguré en grandes pompes sous la pluie, ce qui ne peut être chez eux qu’un très bon présage.
Ce lieu superbe qu’ils aiment à appeler « Notre joyau », est composé d’une salle d’entraînement, d’un grand dortoir, d’une cuisine équipée, des manguiers et des bougainvillées ont été plantés faisant de ce lieu un petit paradis. Sans parler du puits qui a été construit pour que l’eau alimente la cuisine et les douches. Tout a entièrement été construit par des entreprises locales, du personnel a été engagé, ce qui est économiquement non négligeable.
Il fallait maintenant que le club devienne indépendant et que tout soit géré sur place. Une convention avec la Fédération a été signée, le Kiwanis est venu apporter son aide, un parrainage des enfants a été instauré, les cotisations mises en place.
« Durant cinq ans – poursuit Cécile – le club a grandi jusqu’à rafler nombre de championnats. Nous avons suivi cela de loin et cette année nous y sommes retournés, organisant des stages, des événements et ce qu’on a découvert est absolument magnifique. Nous avons partagé une grande émotion et nous pensions donc être arrivés au bout de notre belle histoire.
Mais voilà, le dojo a fait des petits : plusieurs clubs sont nés autour de Sanguié. Nous avons aidé à créer des sections de karaté, des bureaux, avec l’aide de Jeunesse et Sports à laquelle ils sont aujourd’hui affiliés. La ligue PACA les aide pour tout ce qui est matériel kimonos, ceintures, médailles, livres, DVD.
Le 8 mars dernier, journée de la Femme, nous avons animé un atelier de self défense pour les femmes. De quatre au départ, elle ont finalement été une vingtaine !
En 2005, il n’y avait que cinq femmes karatéka, aujourd’hui on ne les compte plus et certaines atteignent le plus haut niveau national. La région compte quelque deux cents licenciés. »
Bien évidemment, l’association continue son œuvre en organisant chaque année à Six-Fours une journée africaine réunissant près d’une cinquantaine de stands afin de faire mieux connaître ce pays et y montrer son visage chaleureux et souriant. A noter que le dimanche 22 avril, de 9h30 à 11h30, au gymnase Reynier, rue Condorcet, sera organisé un stage de self défense pour les femmes. La participation est de 15€ dont la somme sera entièrement reversée à l’association « Dojo pour Réo ».
Et ce n’est pas fini !
Quand je vous disait qu’on allait vous raconter une belle histoire !
Jacques Brachet