Henri Chich, président de Phot’Azur et Elian Bachini
Belle trajectoire que celle du photographe toulonnais Elian Bachini.
Peintre, professeur d’Italien, il arrive un jour à Chateauvallon qui balbutie et qui, avec la présence de Gérard Paquet et d’Henri Komatis, va devenir durant près de 20 ans, le temple de la danse contemporaine.
Et voici qu’arrive Elian, qui vient de découvrir la photographie et qui va faire ses premières armes sur l’un des sujets photographiques les plus difficiles du monde : la danse.
Mais il est passionné, il est surtout doué et du coup, devenu le photographe officiel de ce beau lieu culturel varois, il sera amené à voir passer devant son objectif les plus grands danseurs et chorégraphes, d’Angelin Preljocaj à Martha Graham en passant par Maurice Béjart, Rosella Hightower, William Petit, Maguy Marin, George Dunn et bien d’autres.
Quand les visages et les corps deviennent sculptures
Très vite ses photos vont faire le tour du monde, allant jusqu’au Japon, exposant dans les plus grandes manifestations de photographie, Marseille, Nice, Avignon… jusqu’au MUCEM où il était invité voici quelques jours pour l’événement autour de l’amour « Coup de foudre », avec le groupe théâtral « Agence de voyages imaginaires » issu du fameux Cartoon Sardines, avant de partir pour les fameuses « Hivernales » d’Avignon, festival international de la photographie qui fête ses 40 ans, où il en est l’invité d’honneur.
Il fera ainsi le tour de la danse contemporaine, allant jusqu’à créer une exposition autour du Buto, qui est une danse née au Japon dans les années 1960. Cette « danse du corps obscur » symbole de souffrance après les événements Hiroshima.
Mais Elian est toujours curieux de nouveaux sujets, de nouvelles techniques et au fil des années il passera du théâtre au portrait, du nu au minéral et jusqu’à de remarquables travaux sur tissus, dont la toile de Jute.
Son talent, son originalité, ses techniques sont à la fois novateurs et inventifs et ce sont toutes ces facettes qu’il est venu présenter pour une soirée à l’auditorium du collège Reynier, invité par le club photo Phot’Azur.
Aussi passionné que passionnant, n’ayant pas oublié son métier premier de peintre, il nous a expliqué comment une simple photo peut se transformer en véritable œuvre d’art par le mélange des techniques qu’il a acquises au fil des décennies, comme ces portraits qu’il incorpore dans des pierres ou des sculptures, photos qu’il a ramenées de ses lointains voyages.
Et comme il aime découvrir, expérimenter, s’amuser dans des recherches originales, le voici
photographiant à sa manière, très décalées, les fontaines de Brignoles, exposition que lui a demandé cette ville, ou encore, décorant, toujours à sa manière, l’intérieur des portes des WC d’Auchan, travail totalement iconoclaste et génial sur le thème « Civilisation aquatique » !
Les fontaines de Brignoles revues par Elian – La « civilisation aquatique dans les WC d’Auchan – L’Agence de voyages imaginaires
« J’aime – dit-il – qu’on me fasse des propositions inattendues, qui sortent de l’ordinaire, qui me font me dépasser, m’exprimer autrement; pour Brignoles, photographier des fontaines ne m’intéressait pas plus que ça mais j’ai eu cette idée de les décaler, de les réinventer et la ville m’a donné le feu vert, ce qui a été pour moi un moment de jubilation ».
Elian fait aujourd’hui partie des grands photographes dont la réputation a, depuis longtemps, dépassé le Var où il vit toujours et où il ne cesse de créer, d’imaginer, d’essayer des choses nouvelles. Il est d’ailleurs entré dans le dictionnaire de la danse et est demandé un peu partout pour présenter ses travaux divers et variés.
On est heureux qu’il ait bien voulu accepter l’invitation de Phot’Azur pour la seconde fois, son œuvre étant infinie et n’ayant pas fini de nous surprendre, de nous étonner, de nous subjuguer.
Jacques Brachet