Quel plaisir de retrouver, quatre ans après sa première exposition à l’Atelier des Artistes, Michaël Milburn-Foster – ce Gallois devenu Sanaryen ! – en ce même lieu.
Avec d’autant plus de plaisir de le revoir souriant, serein après un cancer en 2015, soigné à l’Hôpital des Armées de Toulon, ce qui l’a éloigné un temps de son atelier de Sanary.
Jusqu’au 28 février, on le retrouve donc, tout aussi talentueux, inspiré, original dans ce lieu où tout a commencé lorsque le maire de Sanary, Ferdinand Bernhard lui a ouvert les portes de l’atelier et proposé sa première exposition créée en grande partie en ce lieu.
Entre temps, après une exposition à Paris, une autre à Bayonne et une troisième au Luxembourg, il s’est remis au travail après un périple aux Etats-Unis, qu’il a traversés avec son épouse dans une Cadillac ! Un rêve de jeunesse.
S’il a gardé l’esprit de sa première exposition intitulée « Women dancing », c’est-à-dire créer l’illusion du mouvement dans une image statique, il n’y a pas dans celle-ci, « Energie et mouvement », de thématique – sinon… l’énergie et le mouvement chers à sa façon de travailler – et l’on retrouve ainsi des danseurs, des lutteurs, des sauteurs, toujours dans une dominance de camaïeux de bleus, couleur dont il ne peut se défaire car, dit-il, « c’est la couleur du ciel, la couleur de la mer que je côtoie journellement, toujours avec la même joie, la même surprise, la même inspiration ».
Ex metteur en scène de films, il travaille toujours avec des réalisateurs qui lui proposent des films avec des gens en mouvement, qui courent, dansent, luttent et même se meuvent au fond de l’eau. De ces films il extrait des images qu’il décline à travers ses tableaux.
Rencontre avec un bel artiste.
Michaël, est-ce que votre maladie a changé votre façon de vivre ?
(Grand sourire). Oui, ça a changé beaucoup de choses, dans ma vie d’abord, car je vois la vie autrement, heureux d’être toujours là à apprécier les choses belles et simples, à relativiser beaucoup de choses, à aller à l’essentiel.
Durant mon périple aux Etats-Unis, j’ai fait des escales dans ma famille, chez des amis. Je me suis alors mis au portrait que je leur ai offerts. J’ai aussi fait le portrait de mon ami écrivain Robert Cohen, qu’on peut voir dans la galerie et de Gauguin que j’admire particulièrement.
Pourquoi Gauguin ?
Parce que c’est mon héros, mon maître, mon inspiration.
Exposerez-vous un jour ces portraits ?
Non, à part Robert Cohen car je ne peux dessiner et peindre que des gens que j’aime… et je leur offre mes tableaux !
Et dans votre travail, est-ce que ça a changé votre façon de travailler ?
La aussi je vis aujourd’hui à l’essentiel. Mon travail est plus épuré et mes tableaux sont plus petits afin que plus de gens qui aiment ce que je fais, puissent acquérir une oeuvre. Je suis plus près de ce public qui s’intéresse à ce que je fais et à qui je veux faire plaisir, plutôt qu’à des personnalités ou des collectionneurs. Je considère avoir une seconde chance et, comme Matisse, je me dis que j’ai une seconde vie et je vais donc à l’essentiel, et dans ma vie et dans mon travail.
Pourquoi avoir choisi Sanary ?
Ca a été un coup de foudre pour mon épouse et moi. Gauguin a justement dit : « L’endroit où vous êtes né est un accident mais vous appartenez à l’endroit où vous avez décidé de vivre ». Je suis né au Pays de Galles, j’ai choisi de vivre à Sanary.
C’est donc définitif ?
(Il rit), Oui, d’abord parce que Sanary, parce que le ciel, parce que la mer et aussi parce que cette ville a une joie de vivre et parce qu’elle a un maire qui fait beaucoup pour la culture, ce qui devient rare aujourd’hui !
Des projets, Michaël ?
J’ai rendez-vous le 8 mars à Paris avec le directeur du Musée d’Art Moderne et celui du Centre Pompidou, qui veulent acquérir des toiles, ce qui est très flatteur pour moi. Puis je prépare des expositions à Nice et à Naples avec la Galerie Monte Oliveto et une à Budapest, où j’ai vécu, avec la galerie Ari Kupsis.
Belle renaissance pour cet artiste d’exception que notre région inspire et que nous sommes si heureux de retrouver « plein d’usage et raison » et surtout avec plein de joie de vivre, d’inspiration et de beaux projets.
Jacques Brachet