Six-Fours- Six N’étoiles
« Winter War » : de fureur et de sang

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Nous sommes en janvier 1945
Le Premier Régiment de Parachutistes Français livre une sanglante bataille pour libérer le petit village alsacien de Jebsheim. A sa tête le caporal Hénaq (Manuel Goncalves), à ses côtés le lieutenant américain Shaffer (David Aboucaya). Eux et leurs soldats, dont nombreux, parmi les Français sont des volontaires venus pour sauver leur patrie, doivent nettoyer le bois et les environs des Allemands qui s’y trouvent, dans le vent, la pluie, la neige et -20°. Un enfer dont ils ne connaissent pas l’issue, se sachant tous en sursis. Ce sont des héros sans le savoir. Des héros sans le vouloir, cernés par la peur, la mort, le désespoir et luttant malgré tout, au coude à coude, unis dans la lutte et pour l’éternité.
Mais Hénaq, durant ces jours de bruit et de fureur, change de comportement sans que ses camarades ne comprennent et surtout ne se doutent qu’un lourd secret l’assaille.
Ce film, on l’aura compris, est ce qu’on appelle un film de guerre, réalisé par David Aboucaya ce six-fournais qui nous avait déjà proposé, sur le thème de la guerre « Enfer 44 » et « La croisée des chemins ».
Un film « de guerre », certes, mais sur une courte période et plus tourné vers les hommes, leurs comportements, leurs fêlures, leur façon d’appréhender la peur, le danger, la mort. Leur propre dépassement, la force incroyable devant l’inacceptable, leur espoir de s’en sortir et cette amitié car, comme Hénaq le dit dans le film, « chacun se bat pour les autres. On ne laisse jamais personne derrière nous » Un film presque intimiste qui comprend, au milieu de ces combats superbement tournés, des moments d’émotion totalement bouleversants.
Un grand film sur un sujet mal connu, celui de ceux qu’on a appelés les « malgré nous », embarqués de force par les Allemands pour tuer leurs propres frères et aussi, le côté français de cette guerre, les films mettant souvent en exergue les Américains venus prêter main forte aux Français.

Rencontre avec le réalisateur David Aboucaya
A

« C’est – me confie David – l’un des rares films à rendre hommage aux soldats français. Nombre de films ont représenté la débâcle française, peu ont mis en valeur les Français qui ont été de véritables héros. Il y en en fait plus de films sur les résistants que sur les soldats et je voulais mettre en lumière, entre autres, ces « Malgré nous », jeunes Français enrôlés de force pour se battre contre les leurs. C’est ce sujet très sensible qui m’a donné envie de faire ce film.
Difficile de monter un tel film… qui plus est dure deux heures vingt ?
Ça été aussi pour moi un lourd combat de deux ans de travail, j’ai auto produit le film, les producteurs français étant très frileux pour ce genre de sujet. Nous avons tournéaux alentours de Gréolières, dans les Alpes Maritimes, Andon, Thorenc, Villard de Lans où, paraît-il, il y a toujours beaucoup de neige en hiver et… où n’en avons presque pas eu durant les deux hivers de tournage, malgré des températures où nous avons dû tourner des nuits complètes à -20°. ! Nous dormions dans un château qui n’était pas chauffé, (-17° !) nous devions tourner dans la boue, le brouillard, la pluie. Du coup, le montage, qui a duré six mois, a été très compliqué. Nous avons dû faire beaucoup de choses en post-production.
Il a également fallu trouver les costumes, les objets, les véhicules d’époque, ce qui n’a pas été facile. Durant six mois j’ai dû tout emmagasiner dans mon garage !
Tu es parti de faits réels ?
Oui, évidemment et je me suis beaucoup investi pour ne pas faire d’erreurs, pour bien restituer les événements, même si ça reste un film de fiction qui tourne autour de cette bataille. J’ai lu beaucoup de livres, de documentations, de témoignages de l’époque. Figure-toi que, par l’intermédiaire des réseaux sociaux, un vétéran du Bataillon de Choc, Léon Mesnier, a pris contact avec moi… Il habite en plus tout près de chez moi ! Il a trouvé dans le film, d’abord une vérité qu’il avait vécue et beaucoup de coïncidences. Par ailleurs ce fameux régiment dont je parle est entré en contact avec moi après avoir vu le film. Ils l’ont validé et vont voir ce qu’il peuvent faire pour m’aider à le promouvoir alors que le distributeur, lui, n’a pas fait grand chose pour le faire connaître !

B
David avec Léon Mesnier

Comédien, scénariste, réalisateur, producteur, compositeur de la musique… Difficile d’être à tous les postes, non ?
(Il rit). J’ai l’habitude et c’est le seul moyen pour moi de faire des films, la production française n’aidant pas beaucoup dans ce genre de projets. ! Il faut aussi pouvoir s’occuper d’une équipe qui est montée quelquefois jusqu’à 40 personnes. Il faut la loger, la nourrir… Ce n’est pas moi qui ai fait la cuisine, ce qui m’est arrivé sur d’autres films ! Et je tiens à remercier Monsieur Jean-François Ferrachat, maire de la Roque Esclapon, qui nous a prêté tout un bâtiment pour nous héberger..
Le film est sorti dans 16 pays, comme l’Angleterre, le Japon, la République Tchèque… C’est en France que j’ai eu le plus de mal car je ne trouvais pas de distributeur. Aujourd’hui qu’il sort un peu partout, la France a l’air de s’y intéresser enfin… Alors que c’est une tranche de vie jamais abordée, qui devrait intéresser les Français !
Les comédiens ?
Il y a mon fidèle ami des débuts, Manuel Goncalves puis, grâce à un casting et un jeune comédien de la web série « Mordred » sont venus se rattacher des comédiens comme Laurent Guiot, Laurent Cerulli, Benoît Davin…
Je voudrais aussi signaler que le comédien qui parle en voix off est Benoît Alemane, qui double Morgan Freeman.

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Tu en es à ton troisième film qui tourne autour de la guerre… Pourquoi cette fascination ?
Je ne sais pas trop. D’abord parce qu’il y a très peu de films parlant d’elle, côté français et puis parce que je tombe sur des sujets fascinants dont j’ai envie de parler, chaque sujet m’ouvrant sur d’autres sujets tout aussi passionnants, qui sont tout aussi cinématographiques, sur des périodes, à mon avis, trop méconnues. Des thèmes qui portent en eux beaucoup de force, de sensations et d’émotion.
Mais je ne compte pas devenir un spécialiste de ce genre de film, même si j’ai encore en réserves quelques sujets., dont un qui pourrait faire l’objet d’une super-production… Ce qui n’est pas, financièrement, à l’ordre du jour !

Propos recueillis par Jacques Brachet
Vous pourrez revoir ce film au Six N’étoiles, ce samedi 3 février à 10h45