En dehors du fait que l’on sait que Pierre et Marie Curie sont de célèbres chimistes et physiciens qui ont découvert le radium entre autres, l’on sait peu de choses sur ce couple exceptionnel et surtout sur Marie, Pierre étant décédé d’un accident à 46 ans, Marie ayant continué à travailler mais aussi à avoir une vie de femme et de mère.
La réalisatrice Marie Noëlle nous offre aujourd’hui une sorte de biopic sur cette femme venue de Pologne qui fut une pionnière en tant que scientifique mais aussi en tant que femme à une époque où celles-ci étaient reléguées à la cuisine et aux couches.
Un film original, tant par le traitement des décors et de l’image semblant sortir de cette atmosphère fin XIXème, début XXème siècle avec sa lumière diffuse, ses clairs-obscusr, sa couleur sépia dominante, sa lenteur et bien sûr les costumes d’époque.
Marie Curie défendit son travail bec et ongle, mais aussi son statut de scientifique « femme » et de femme tout court qui eut une vie après la mort de son mari, faisant scandale en ayant une liaison avec un autre chercheur, Paul Langevin, qui plus est était marié.
Polonaise, juive, femme, intellectuelle et pire encore femme libre, elle avait tout contre elle. Et pourtant, elle ne baissa jamais les bras se battant tout autant pour faire reconnaître son travail et défendant farouchement la cause féminine.
Ce magnifique portrait nous fait découvrir une femme belle, intelligente, courageuse par ce film d’une grande beauté esthétique, une magistrale interprétation de la comédienne polonaise Karolina Gruszka avec, à ses côtés une belle distribution internationale dont Ariek Worthaler dans le rôle de Paul Langevin et notre ami Charles Berling qui, après avoir endossé le personnage de Pierre Curie dans le film de Claude Pinoteau, tiré de la pièce de Jean-Noël Fenwick « Les palmes de Monsieur Schultz » auprès d’Isabelle Hupert et Philippe Noiret se retrouve dans ce même rôle, sous un ngle différent.
Charles qui, du théâtre Liberté au Pathé Liberté de Toulon, n’avait que quelques pas à faire pour nous en parler, Marie Noëlle étant souffrante.
« Je suis très heureux – nous confie-t-il – d’être, pour une fois, « le mari de la femme » et que ce soit cette femme qui soit mise à l’honneur. Je connaissais Marie Noëlle pour avoir travaillé avec son marie Peter Sehr sur le film « Berlin Niagara » et lorsqu’elle m’a proposé ce rôle, j’ai aussitôt dit oui, d’abord parce que je connais un peu la vie de Pierre Curie que j’ai déjà interprété, mais aussi parce qu’il était temps de rendre hommage à cette femme prodigieuse et enfin parce que – et ça me révolte – elle n’ait pas trouvé un producteur français pour monter ce film. Rien que pour ça, j’aurais fait ce film. Elle s’est battue plus de deux ans et l’a tourné en Allemagne et en Pologne, pays qui l’ont aidée financièrement à réaliser ce film. Je trouve cela minable et inadmissible que le cinéma français ne s’intéresse pas plus à ce genre de projet et à une femme remarquable qui a reçu deux prix Nobel et a ouvert nombre de portes aux femmes. Ne pas pouvoir faire ce genre de films en France aujourd’hui est totalement incroyable.
Tu connaissais plus Pierre que Marie ?
Oui c’est vrai car j’avais, pour mon rôle avec Pinoteau, lu quelques livres sur lui. Ce film, très beau, très fort, m’a permis et va permettre au public de découvrir la vie d’une femme hors du commun, d’un courage exemplaire et qui a mené un combat magnifique.
On a toujours comparé une savante à une nonne. Mais si elle était passionnée par son travail elle n’en était pas moins une femme.
On découvre également dans quelles conditions ces chercheurs travaillaient à l’époque, avec des matériels rudimentaires. C’est hallucinant. Et pourtant, il y avait la passion, l’insouciance, la curiosité de vrais pionniers. Le chef opérateur a fait un superbe travail pour reconstituer l’atmosphère de cette époque.
Penses-tu que ce combat qu’elle a mené est toujours actuel ?
D’une certaine manière ou, même si aujourd’hui on accepte mieux des femmes dans certains domaines, il y a, on le voit tous les jours, encore beaucoup de combats à mener sur certains aspects. Son combat féministe et scientifique a certes changé des donnes mais on voit aussi que peu à peu la parole se libère. Et la parole, ça me connaît, étant comédien. Mais je le vois au Liberté où je suis codirecteur avec Pascale Boeglin-Rodier et souvent, lorsqu’on est tous les deux, on s’adresse à moi, pas seulement parce que je suis comédien mais tout simplement parce que je suis un homme ! Je pense donc que ce film tombe très bien par rapport à ce qu’on vit aujourd’hui.
Je voudrais ajouter que ce film n’est ni militantisme ni une caricature du féminisme. car on se rend compte que l’homme ou la femme n’est pas qu’un : il y a le travail, l’amour, la vie de tous les jours. Tout se mélange dans une vie et ce film le montre bien : Marie était une scientifique mais aussi une femme et une mère.
Je pense que ce film fait partie de notre patrimoine »
Et puis, on ne peut pas passer sous silence le buzz qu’a fait Charles dans l’émission de Canal + « Le cercle » où il a traité « Stars Wars » de honte ou encore, de daube !
Il en rigole :
« Je le pense vraiment : ce genre de film fait d’effets spéciaux apporte quoi ? Même si ça marche et que ça fait incroyablement des scores énormes, on s’y emmerde, c’est sans intérêt, dénué d’émotion et de poésie, c’est assez réac et pendant ce temps on a du mal à monter des films tels que « Marie Curie »
Il est vrai qu’il faut aimer ce genre de films et que notre Charles s’enflamme vite. Mais il a assez d’humour pour, après avoir posé devant l’affiche de « Marie Curie », poser devant cette série qu’il exècre !
C’est ça la (le) liberté !!!
Jacques Brachet