En cette période où la morosité s’insinue de plus en plus et de partout, tout ce qui est objet de joies, de rires, de fêtes est recherché par tout le monde.
Et quoi de plus festif qu’un carnaval ?
C’est ce qu’a pensé l’équipe du MUCEM, son président Bruno Suzzarelli en tête, en proposant, jusqu’au 25 août, une superbe et oh combien festive manifestation intitulée « Le monde à l’envers » dédié aux carnavals et mascarades d’Europe et de Méditerranée.
« La première raison de cette exposition – nous confie-t-il – c’est cet engouement pour la fête, entre autre pour le carnaval, depuis les années 80, partout dans le monde, que ce soit la mascarade rurale ou le carnaval urbain.
C’est un événement qui rassemble toutes les classes sociales, dans une sorte de folie où l’on transporte son identité, ce qui est au cœur de l’interrogation sur les sociétés contemporaines.
La seconde raison est que cette manifestation s’inscrit dans une nouvelle manifestation du propos du MUCEM, qui ouvre ses portes à toutes les formes artistiques. Le MUCEM assume ainsi sa pluralité méditerranéenne, artistique et culturelle. Et le succès nous donne raison puisque, depuis son ouverture en juin 2013, nous avons reçu deux millions 170.000 visiteurs, toutes catégories de publics confondues, y compris les enfants, ce qui dépasse largement nos prévisions. »
Ce monde à l’envers, donc, vient d’ouvrir ses portes sur une exposition exceptionnelle et chatoyante euro-méditerranéenne, que nous avons eu le privilège de découvrir avant son ouverture au public. Durant presque six mois, cette exposition sera émaillée de rencontres, de conférences, de projections de films, d’invités prestigieux comme François Cervantès, le tout sous la houlette de Marie-Pascale Mallé, conservateur en chef du patrimoine, commissaire générale de la manifestation.
« Le carnaval – nous explique-t-elle – est quelque chose que nous avons tous un jour connu et gardé en souvenir. Le thème de cette exposition tourne donc autour des pratiques carnavalesques contemporaines mais aussi historiques. On n’imagine pas la dimension de cet événement que l’on retrouve dans le monde entier..
L’ancienneté de cette fête nous permet de découvrir un nombre incroyables de pratiques communes et de symboles comme l’amour, la mort, le sexe, les moissons…. C’est un rite de magie agraire initiatique, un passage d’une vie à une autre. C’est un héritage antique, une fête universelle.
Par ailleurs, le masque permet aux gens de se cacher mais c’est en même temps un révélateur de la personnalité qui dit ce que nous sommes ou voulons être. Le langage carnavalesque est souvent un langage de la contestation. C’est aussi une façon de se rêver autre, de s’évader ailleurs. Voyez la fascination du festival de Venise ou la folie du festival de Rio… »
Cette exposition a été montée grâce à de nombreux prêts de musées internationaux et jumelée avec le Musée du Carnaval de Binche, en Belgique, un musée qui fête ses quarante ans et dont l’équipe directrice du musée, dont Christel Deliège qui a beaucoup oeuvré pour cette exposition et qui, en compagnie du député-maire de Binche, a offert au MUCEM un masque rare et une tenue complète du Gilles de Binche, symbole de son carnaval..
Une manifestation qui nous apprend beaucoup de choses sur les mœurs ancestrales des peuples du monde entier et nous offre un voyage ludique autour de ses us et coutumes carnavalesques.
Jacques Brachet
Photos Monique Brachet