Chaque année, le seul festival de théâtre de la région renaît à Carqueiranne « In Situ », dans ce merveilleux lieu entre mer et forêt, véritable écrin pour les comédiens qui y sont reçus en princes et qui, une fois venus, ne désirent qu’une chose : revenir.
Cette année, le festival m’a offert trois beaux cadeaux avec la présence de trois amis que, depuis des années, je retrouve sur le chemin des tournées, des théâtres, des festival
Francis PERRIN, Molière malgré lui
Cette année, le parrain du festival, 17ème du nom, l’ami Francis Huster, nous a fait faux bond en allant jouer au festival de Ramatuelle.
Mais son complice de deux Molière « Dom Juan » et « Le Misanthrope » joués sur cette scène, a fait l’ouverture du festival. Il s’agit de Francis Perrin qui nous a offert un « Molière malgré moi » ébouriffant. Une heure vingt seul en scène pour nous faire découvrir la vie et l’œuvre de Jean-Baptiste Poquelin, alias Molière, alias « le patron » car tel il est considéré par tous les comédiens. Et par Perrin entre autres qui, au fil de sa carrière théâtrale, a joué une grande partie des pièces de celui à qui il ressemble tant par sa passion du théâtre, sa joie d’être sur les routes pour s’offrir au public, son amour des mots et des comédiens.
Là, tout seule, il nous offre une performance formidable et l’on sort du spectacle enrichi sur tout ce qu’on doit savoir sur cet auteur-acteur qui a donné son nom à la récompense ultime donnée aux artistes.
Passation de Molière entre père et fils
Avec Francis on ne se perd jamais de vue longtemps mais peut-être aujourd’hui nos rencontres se feront plus rares car ça y est, c’est décidé, il quitte les planches et se consacrera aujourd’hui à la mise en scène et aux caméras. D’ailleurs, à la rentrée, quatre épisodes de la série télé de France 3 « Mongeville » l’attendent à Bordeaux.
Entre temps, autre page qui se tourne : il quitte définitivement Paris pour aller habiter près de Vaison-la-Romaine… Peut-être alors nous y rencontrerons-nous ?
En tout cas, lundi soir à Carqueiranne, il a fêté la 300ème de cette pièce qu’il a écrite, mise en scène et qu’il joue encore pour quelques trente représentations à la Gaîté Montparnasse, sous les lumières signées du grand magicien des éclairages, Jacques Rouveyroullis, venu lui rendre visite le soir de cette dernière en province.
Encore un joli moment : lorsqu’à la fin du spectacle, Molière reçoit un… Molière bien mérité des mains de son fils Louis, qui a bien grandi et est un fou des gares, des trains et des métros sur lesquels il est incollable !
Chasse aux abeilles – Avec Jacques Rouveyrollis
Autre moment, amusant celui- là : la chasse aux abeilles que nous avons faite durant tout le repas en enfermant ces délicieux petits insectes venus picorer nos mets sous des verres, avant qu’ils ne nous piquent. Et c’est Francis qui a gagné !
Beau départ donc, de cette 17ème mouture d’un festival unique en son genre dans la région et quel plus beau moment que de débuter ce festival dédié à l’humour par le maître des maîtres : Molière, et son fidèle et talentueux serviteur : Francis Perrin.
Molière, un rôle qui lui va si bien !
Patrick PREJEAN : Le parti d’en rire
Patrick Préjean n’est pas une star mais c’est un vrai, un grand comédien à la carrière très riche, passant du rire au drame avec dextérité, du cinéma au théâtre en passant par la télévision avec des rôles qui ont marqué les esprits.
Des « Gendarmes de St Tropez » aux « Pétroleuses » pour le cinéma, on le retrouve au théâtre avec « Angèle » de Pagnol, « Du vent dans les branches de Sassafras » d’Obaldia, « Désolé pour la moquette » de Bertrand Blier… Guitry, Feydeau, Anouilh font aussi partie de son répertoire. Quant à la télé, on le retrouve épisodiquement dans « Joséphine Ange gardien », « Tout feu, tout flamme », « Femmes de loi » ou encore « Une famille formidable »
Il est aussi en voix off dans des dessins animés comme « Winnie l’ourson », « Asterix », « Titi et Grosminet » et cette année, dans une mini-série américaine « Containment »…
Le voilà qui s’attaque à Pierre Dac avec une pièce concoctée par Jacques Pessis, « Le Schmilblic », expression inventée par Dac, reprise dans un sketch par Coluche et dans une émission de jeu de Guy Lux. Jacques Pessis était présent ce soir-là à Carqueiranne, présentant en préambule ce personnage haut en couleur dont il fut le secrétaire et dont il est aujourd’hui le légataire universel.
Une vraie pièce de théâtre avec une vraie histoire montée de répliques, de pensées, de sketches, de mots d’humour de cet artiste original qu’en bon fils de son père, Albert Préjean, Patrick nous assène avec son complice Jérémy Prévost.
C’est un vrai feu d’artifice de bon mots, de situations et de dialogues absurdes et loufoques.
Une pièce qui est à la fois incroyablement difficile tant le tempo est rapide et les multiples bons mots font mouche durant une heure et demi. Fatigant aussi pour le spectateur qui ne doit pas lâcher prise une seule minutes tant les dialogues fusent à vitesse grand V !
C’est une grande performance pour ces deux magnifiques acteurs qui, on le sent, se régalent d’avoir tous ces mots, ces répliques en bouche. Exercice aussi exténuant, nous avoue l’ami Préjean qui, après leur énorme succès durant six mois au Théâtre Edgar, vont emmener cette pièce inclassable en tournée avant de la reprendre à Paris tant elle a eu de succès.
Avec son complice Jérémy Prévost
Retrouver Patrick Préjean est toujours un grand moment d’amitié. Nous avons toujours mille choses à nous dire et surtout lui qui n’arrête pas de passer d’un style à l’autre, d’une discipline à l’autre puisqu’on l’a vu ces temps-ci dans le film de Michaël Cohen « L’invitation » et dans « Marie-Francine » de Valérie Lemercier.
Partager cette journée et ce repas avec lui, face à la mer, avec un superbe coucher de soleil, fut un vrai moment de partage et d’amitié.
Le fameux schmilbibc
L’équipe de « Tout bascule »… avec le maire en guest star !
Olivier LEJEUNE : Ca bascule depuis 15 ans !
Increvable !
La pièce « Tout bascule », signée, mise en scène et jouée par Olivier Lejeune, est increvable depuis sa création en 2002 !
Il n’arrête pas de la reprendre à Paris, en tournée, dans les festivals et à chaque fois c’est le succès assuré.
Il faut dire que, réglée comme du papier à musique et au rythme intensif, elle est digne des plus grands vaudevilles de Feydeau, avec les portes qui claquent, les gags et les coups de théâtre qui s’enchaînent à la vitesse grand V, les répliques qui fusent… Pas de temps mort durant 1h45 et les comédiens, croyez-moi, mouillent leurs chemises, surtout en cet été caniculaire !
Avec Olivier, l’on s’était quitté avec cette pièce cet hiver au théâtre Galli de Sanary et l’on se retrouve où, l’été dernier il jouait un Guitry avec Francis Huster « Une folie ».
Le revoici donc avec sa troupe qui n’engendre pas la mélancolie, dont Julie Arnold qui est là depuis la création et qui a seulement changé de rôle.
Profitant d’un jour de relâche, la veille de Carqueiranne il s’est essayé au vélo électrique sur l’île de Porquerolles et a découvert ce nouveau moyen de déplacement en redécouvrant l’île avec ravissement. Ravissement qui a continué lorsqu’il a pu photographier un coucher de soleil magnifique en arrivant sur le fort de la Bayarde pour une courte répétition.
Au cours du repas, il m’a confié sa joie de voir que cette pièce était devenue un classique et il continuera à la jouer jusqu’à plus soif, avec ou sans lui d’ailleurs ! Entre deux spectacles avec « Tout bascule », il propose aussi durant cet été son one man show qu’à chaque fois il retravaille et qu’il joue avec autant de plaisir.
Il va continuer durant un temps l’alternance, en attendant sa prochaine pièce, qu’il tarde à terminer tant il est toujours par monts et par vaux.
Après le spectacle, nous étions attendus par M Robert Masson, maire de Carqueiranne et ami d’Olivier, pour une sympathique coupe de champagne.
A propos du maire, je tiens à le remercier particulièrement pour l’aide qu’il m’a apportée afin de réaliser mes reportages et rencontrer mes amis dans les meilleurs conditions. Un grand merci également à Sylvie Léandri et toute son équipe pour l’accueil chaleureux que je reçois chaque année en ce lieu.
C’est sur ce verre de champagne entre amis que j’ai laissé se terminer ce festival, l’un des plus réussis de notre région et consacré au théâtre, le seul de la région.
Jacques Brachet