Série policière franco-belge de huit épisodes de 52 minutes, créée par Mathieu Missoffe, produite par Vincent Moluquet, réalisée par Thierry Poiraud et Julien Despaux, avec Suliane Brahim, Hubert Delattre, Laurent Capelluto…
Villefranche est une petite ville isolée au coeur d’une forêt gigantesque, un labyrinthe vert de milliers d’hectares rendant toute télécommunication hasardeuse. Cet endroit pas tout à fait comme les autres a ses zones non cartographiées, ses crimes, ses disparitions et autres mystères à élucider, ainsi qu’un taux d’homicides six fois supérieur à la moyenne nationale… Mais à part ça, tout va bien. Pour veiller sur elle, la ville peut compter sur son « shérif », le major Laurène Weiss, une fille du pays forte en gueule et étrangement connectée à la nature.
Au fur et à mesure de ses enquêtes, Laurène Weiss s’enfonce toujours plus loin parmi les arbres pour percer leurs secrets, notamment et en premier lieu celui de son propre enlèvement vingt ans plus tôt.
Vincent Mouluquet, Mathieu Missoffe,Thierry Poiraud et Julien Despaux nous en parlent.
Un nouveau territoire pour le polar
Depuis les prémices de sa conception, « Zone blanche » a pour ambition première de sortir du cadre traditionnel de la série policière pour chercher un nouveau souffle dans un espace singulier à construire entièrement. C’était pour nous une envie commune de renouvellement, une nécessité dans notre paysage audiovisuel ultra compétitif et un défi excitant à tous points de vue.
Alors que l’environnement citadin nous paraissait saturé par les séries existantes, nous avons voulu opérer un retour vers la Nature, avec un grand N. Il ne s’agissait pas d’exploiter le
patrimoine touristique provincial, mais bien d’inscrire notre petite communauté de Villefranche au cœur d’un espace sans limite. Une forêt immense, fantasmée, avec des zones encore non cartographiées, ayant encore échappé à l’empreinte de l’homme. Une frontière aussi : entrer en forêt, c’était aller vers l’inconnu, au-delà.
L’appel des grands espaces et du western
En agrandissant le cadre au sens propre comme au sens figuré, nous voulions remettre nos personnages à leur juste taille face à une nature toute puissante, tantôt hostile, tantôt toujours surprenante. C’était une promesse à tenir dans les scénarios qui font de la forêt un personnage à part entière, mais aussi à l’image par une constante recherche de l’atmosphérique, du graphique et du spectaculaire. C’était aussi pour nous l’occasion de revisiter des codes populaires, notamment ceux du western. Notre héroïne, bien que gendarme, est campée clairement comme le « shérif » de Villefranche, gardienne de l’ordre et protectrice de sa communauté.
On retrouve également d’autres archétypes du genre, tels que la patronne de bar ou le maire propriétaire terrien, ainsi que des figures comme celles du duel, des hors-la-loi, du lynchage, etc.
Un univers à la fois étrange et familier
Notre univers s’appuie également sur une mythologie locale intrigante. Chargée de symboles de vie comme de mort, la forêt y tient un rôle central, convoquant les peurs primaires de l’enfance. Elle est aussi soutenue par un bestiaire (corbeaux, loup, serpents, etc.) aux comportements parfois déroutants. Nous avons voulu que la série flirte avec le fantastique : nous invitons le spectateur à croire à certains phénomènes improbables ou à les rejeter au profit d’explications rationnelles.Malgré tous ces décalages, ce petit monde n’est pas déconnecté du nôtre. Villefranche, c’est à la fois nulle part et partout. Les habitants de la ville sont une tribu d’aujourd’hui qui, de par son isolement géographique, vit quasiment en autarcie et concentre en lui-même les enjeux du monde moderne. Par-delà les conflits qui les animent, tous se serrent les coudes face à l’adversité. Une façon de convoquer les valeurs de solidarité, du vivre-ensemble et de parler d’écologie au travers du rapport à la nature de nos héros.
Derrière notre volonté de divertir, il y a aussi celle de faire sens, de parler de responsabilité et de conscience.
Une conception à quatre
La multiplicité des défis narratifs et visuels du projet appelait une méthode de travail originale.
« Zone blanche », c’est un producteur, un auteur et deux réalisateurs à l’enthousiasme partagé, accompagnant d’un bout à l’autre la série, de la préparation à la livraison des films.
Cette collaboration de tous les instants a permis de trouver les solutions artistiques et logistiques nécessaires à l’ambition de la série, évidemment avec l’aide inestimable de partenaires talentueux à tous les postes de fabrication, mais aussi grâce à la conviction et au soutien sans faille, tout au long de la création, de François Hitter, notre conseiller de programmes, et celui de Fanny Rondeau, directrice de la fiction, chez France 2. Cela voulait dire concevoir à quatre un casting fait de visages rares, voire inconnus du grand public, pour garantir l’unité de notre monde et créer un esprit de troupe, penser notre projet comme une série en costumes pour emmener le spectateur ailleurs, prendre à bras-le-corps les conditions d’une coproduction franco-belge pour tirer le meilleur des deux cultures… Une façon de secouer les habitudes de fabrication et de garantir une forme d’inédit.
Petit à petit, Villefranche est ainsi née de la définition méthodique d’un univers stylisé jusque dans les moindres détails, d’une mise en scène signée par des choix radicaux, d’une image
contrastée immédiatement reconnaissable, d’une texture sonore presque organique et d’une musique soutenant à chaque instant le souffle et le lyrisme de la série.
Tous les quatre, nous avons exploré tous les leviers possibles pour faire de « Zone blanche »
une véritable expérience immersive, sensitive pour le spectateur. Une façon de toucher un public plus large, plus jeune, en tentant d’atteindre les standards artistiques internationaux des séries les plus exigeantes et avec le souci d’offrir aux spectateurs un divertissement profondément populaire.
En un mot, du spectacle.