J’ai d’abord rencontré David grâce à mon amie Dalida, à qui il avait consacré un livre, que je m’étais bien sûr précipité de lire.
Puis je l’ai rencontré, cette fois « pour de vrai », aux côtés d’une autre amie, Michèle Torr, à qui il a écrit des chansons et l’on s’est retrouvé autour d’elle dans son pays : Pertuis.
Voilà qu’aujourd’hui, David nous propose deux livres en même temps : une bio intitulée « Quand je serai grand, je serai Nana Mouskouri » et un nouveau livre sur Dalida préfacé par une autre amie commune : Line Renaud (Ed Télémaque)..
Lorsqu’on voit les amies qu’il a et les artistes sur lesquelles il a écrit, l’on se rend compte qu’il est attiré par les stars, les vraies, les mystérieuses, les inaccessibles : Maria Callas, Edith Piaf, Romy Schneider, Barbara… Vanessa Paradis, la seule encore de ce monde d’ailleurs.
Nostalgique, ça c’est sûr, il l’est. Amoureux de ces femmes, ça aussi c’est sûr, il l’est. Nombre d’ailleurs sont devenues des icônes gays et il ne cache pas qu’il l’est, il suffit de lire quelques-uns de ses livres dont ce dernier, sorte de bio, dédié en quelque sorte à son idole d’enfance : Nana Mouskouri.
Fils de parents encore adolescents lorsqu’il vient au monde, il suffira qu’il voit à la télé la série « L’amour en héritage » pour qu’il tombe amoureux de cette voix sans visage qui chante le générique.
L’effet Nana
Très vite il commencera à acheter ses disques, tous les journaux qui parlent d’elle et décide alors que lorsqu’il sera grand il sera Nana Mouskouri. Et le voici apprenant par cœur ses chansons, devenant son idole en créant costumes, lunettes, perruque, au grand dam de ses parents qui ne savent que faire, de sa grand-mère qu’il vénère et qui sera sa complice, et de la famille qui sourit à ce rêve d’enfant.
Rêve qui restera tout au long de son adolescence, malgré tout ce que lui feront subir ses « copains » de classe en le martyrisant et le traitant de tous les noms.
Mais il reste inébranlable jusqu’à sa rencontre avec son idole, la découvrant de chair et d’os et comprenant qu’il n’y aura jamais qu’une Nana Mouskouri. Il deviendra son ami, son confident, il est arrivé à décrocher l’inaccessible étoile et peut donc se tourner vers sa vraie vie, se transformant physiquement et moralement, devenant un écrivain reconnu, restant un homme romantique et rêveur et surtout une plume sensible et belle, maniant un Français qui se perd aujourd’hui hélas.
L’écriture de ce live original et bouleversant à plusieurs titres, nous fait découvrir un homme fait d’ambiguïtés, de sentiments contraires, qui, tels un puzzle, s’imbriquent et font ce qu’il est aujourd’hui : un homme qui s’assume tel qu’il est.
De beaux moments d’émotion dans ce livre, qui parle des deux grands amours de sa vie : sa grand-mère et sa star. Qui retrace aussi un long chemin parcouru, fait d’errances, de questionnements et d’initiations à la vie. Sa vie.
Passons à une autre vie : celle de Dalida.
Après nous avoir offert, il y a quelques années, un premier livre sur Dalida, intitulé « D’une rive à l’autre », le voici qu’il nous offre, aux éditions Télémaque, un autre livre tout simplement intitulé « Dalida », avec une préface de Line Renaud, qui était très amie avec Dalida, et avec une jaquette très soignée et très classe.
Que dire encore qui n’ait été dit sur notre belle icône ? Au bout de 30 ans, tout a été dit, un nombre de bios, plus approximatives les unes que les autres est sorti depuis sa disparition et l’on ne peut réinventer une vie. Mais tout d’abord, ce livre est écrit de très belle façon car David est un vrai écrivain et puis, il est allé fouiller dans mille détails qui font que la bio est vivante et romantique, comme a pu le faire avec son film, la réalisatrice Liza Azuelos.C’est un très joli travail et un bel hommage à celle qui reste, « avec le temps », une idole éternelle.
Rencontre
Deux livres à la fois, David, c’est rare !
« Dalida » est une réédition, le livre état sorti en 2007 sous le titre « D’une rive à l’autre ». L’actualité fait que la maison d’édition l’a ressorti. Et puis il y a ce nouveau roman qui est ma vraie actualité : « Quand je serai grand, je serai Nana Mouskouri ».
C’est en fait une bio ?
Ce n’est pas une bio de Nana, disons que c’est un roman autobiographique inspiré de ma vie, une « auto-fiction » ! C’est surtout, à travers mon enfance, mon adolescence, un hommage à Nana, pour lui dire que je l’aime, même si elle le sait déjà. Mais il est des choses que l’on n’ose dire et qu’il est plus facile d’écrire… surtout pour un écrivain !
Comment Nana a-t-elle réagi en lisant ce livre, surtout en apprenant que tu l’imitais ?
Pour le déguisement, elle le savait, je lui avais montré des photos. Elle a beaucoup aimé livre, a été très émue de savoir que c’est grâce à elle que j’ai trouvé mon chemin.
As-tu pensé un jour faire travesti ?
(Il rit) Jamais de la vie ! Je me déguisais en Nana comme d’autres enfants se déguisaient en Albator, c’était un jeu d’enfant qui m’est d’ailleurs très vite apparu comme aberrant. Je n’ai jamais aimé me mettre en fille ni même m’exposer en public.
Il est vrai que lorsqu’on te voit aujourd’hui, on a du mal à t’imaginer en Nana ! En tout cas c’est un bel hommage et c’est surtout magnifiquement écrit, très littéraire et à la fois très émouvant.
Merci… mais c’est aussi mon métier !
Outre tes romans, tu as écrit nombre de biographies, que des femmes, des icônes et toutes ou presque, décédées… Comment expliques-tu cela ?
J’ai un doctorat d’Histoire et j’ai toujours aimé faire des recherches et j’ai toujours été admiratif des vies de femmes exceptionnelles. C’est pour cela que je n’ai pas écrit une bio de… Louis XIV !
J’ai commencé par Evita Peron, ce qui m’a passionné, puis, ayant toujours aimé la chanson française, je me suis intéressé plus particulièrement aux chanteuses, sans fanatisme aucun, mais les destins de femmes me fascinent. Et si j’ai choisi des artistes décédées c’est que j’aime les choses abouties. Et il n’y a rien de plus abouti qu’une vie qui se termine. Et là, on a une vision d’ensemble de la vie de l’artiste.
Pour chacune d’entre elles, nombre de bio plus ou moins fantaisistes ont été plus ou moins bien écrites. Les tiennent sortent de l’ordinaire.
Merci de me dire ça car c’est vrai, je ne fais pas de copié-collé comme c’est aujourd’hui souvent le cas, depuis qu’on peut trouver plein de choses sur Internet. Je vais à la recherche de la personne, je lis beaucoup de choses sur elle, je rencontre des gens, je visionne des documents pour m’en imprégner. Je fais à la fois un vrai travail de recherche, d’écriture, de psychologie.
A travers Nana Mouskouri, tu nous racontes donc ton enfance, ton adolescence, qui n’ont pas toujours été très joyeuses. Dirais-tu que c’est un chemin de croix ou un parcours initiatique ?
Tu as trouvé le mot juste car c’est un parcours initiatique qui m’a construit et fait de moi l’homme que je suis aujourd’hui. Même si quelquefois ça a pu être douloureux mais d’abord, c’est la vie de tout un chacun avec ses joies, ses peines et surtout il y avait en moi un vraie envie de vivre et une belle dose d’optimisme. Je rêvais beaucoup, j’espérais beaucoup et j’ai toujours regardé le bon côté des choses même dans les pires situation. C’est encore le cas aujourd’hui.
Tu as eu des moments difficiles…
Oui, lorsque ma grand-mère est morte car là, le monde s’est écroulé. C’était l’amour de ma vie et du jour au lendemain je suis devenu adulte. D’ailleurs, mes deux grands-mères m’ont donné beaucoup d’amour. C’étaient des femmes exceptionnelles, de vrais chars d’assaut ! Et puis, mes amours, mes rencontres, la littérature, la musique, les études m’ont toujours permis de me sauver.
Alors aujourd’hui, roman ou bio ?
Je crois qu’aujourd’hui écrire des bios ne m’amuse plus. Quant à en écrire « avec » un artiste vivant, je l’ai fait mais ça ne m’a pas plu. Je pense que ce n’est pas mon travail. Ecrire des articles, faire es interviewes, oui, mais ça s’arrête là.
Je n’ai jamais eu de plan de carrière et je me réalise vraiment dans le roman.
Ce dernier livre a été pour toi source de bonheur ?
Oui, d’abord parce que je voulais rendre hommage à Nana qui le mérite, qui est devenue aujourd’hui une très grande amie. J’ai pu lui dire combien je l’aimais à travers ce que j’ai vécu.
Et puis, ce qui est formidable, c’est que j’ai une presse magnifique, sur des supports très différents. Et pour un écrivain, ce ne peut être que du bonheur.
Jacques Brachet
Photos : Avec son amie Nana Mouskouri – Avec Michèle Torr pour qui il a écrit quelques chansons, dont la version française de « Amazing Grâce » (Quand vint la Grâce)
David Lelait-Helo, dédicacera ses livres à la librairie Charlemagne à Toulon, le jeudi 9 mars à 18 heures.