Du Fado au Jazz

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Carla Pirès avec Luis Guerreiro (g), Pedro Pinhal (g), André Moreira (perc). Invités : Filipe Raposo (p), Marcelo Mercadante (bandonéon), Edu Miranda (cordes), Ruis Vaz, Pedro Casaes, Margarida Antunes (voc).
Enregistré à Lisbonne en 2016
Ocarina OCA 038 (www.ocarina-music.pt)
Le Fado est toujours vivant. On peut l’entendre dans nombre de bars à Lisbonne et ailleurs au Portugal. Certes dans la capitale beaucoup de bars dispensent du fado de piètre qualité pour touristes distraits. Mais il y a des lieux mythiques où l’on peut entendre du grand, du beau et éternel fado. Lisbonne s’enrichit même d’un Musée du Fado.
Comme pour toutes les musiques enracinées dans la culture d’un peuple il y a les tenants de la tradition, et ceux qui veulent rénover, moderniser le genre. Et puis ceux qui sont ancrés dans la tradition et tiennent compte de l’évolution des mœurs et des goûts. Carla Pires est de ceux-là, comme avant elle Mariza, Christina Branco, pour ne parler que de quelques femmes, mais il y a des hommes aussi.
Après « Ilha do meu fad »» en 2005, et « Rota das Paixoes » en 2011 voici Carla Pires avec son troisième disque. Elle était venue chanter à Toulon à l’Hôtel des Arts en 2014 ( voir evasionmag.com
Rappelons que Carla Pires a commencé à chanter en 1993, qu’elle est devenue une des stars du fado au Portugal, qu’elle est aussi comédienne, et qu’en 2000, elle obtint un rôle dans  la plus grande comédie musicale jamais réalisée au Portugal, « Amalia ». Elle interprétera ce rôle d’Amalia Rodrigues pendant quatre ans. On retrouve dans ce disque toutes les qualités de la voix, de sincérité, d’engagement émotionnel, qu’on avait apprécié en direct et sur les disques précédents. Elle y mêle différentes musiques comme le tango, la samba, qui sont des musiques cousines peut on dire ; elle le fait avec des gens de cette culture musicale comme sur « Tango quase fado » avec le bandonéoniste Marcelo Mercadante pour « une rencontre d’amour dans les rues de Lisbonne », avec une introduction tango-bandonéon, puis on revient au fado, et finalement les deux genres se mélangent très bien ; il y a de la samba sur les collines de Lisbonne avec « Ha samba nas colinas de Lisboa » avec les différentes guitares de Edu Miranda : là encore les deux musiques se marient très bien, et puis Brésil et Portugal sont en couple depuis longtemps ! « Voltar a ser criança » est un duo avec le pianiste Filipe Raposo, bel échange rubato, le pianiste étant tout à fait dans la couleur de la chanson, de plus le piano sied très bien au fado.
Un autre morceau « O povo cantar na rua » présente un aspect inhabituel, avec un chœur, d’abord une puissante intro a cappella suivi par le chœur sur un rythme rapide très entraînant. « Utopia », qui ouvre le disque est une sorte de valse lente, rythme peu usité dans le fado, me semble-t-il, nous met en prise directe avec la profonde sensibilité de Carla Pires et l’émotion qu’elle dégage, a cappella comme avec l’accompagnement. Un morceau renferme et résume toutes les beautés du fado de Carla Pires, » Cavalo à solta », elle est la voix de la saudade.
Elle chante des fados de différents auteurs, elle-même en a écrit deux, « Noites perdidas », il y a des nuits perdues et je ne sais pourquoi chante-t-elle, fado très prenant ; et « Aqui » qui donne son titre au disque, qui démarre a cappella pour la première strophe, puis entre en jeu la guitare portugaise pour la seconde, les deux guitares pour la troisième, et le trio au complet pour la dernière, manière de rendre hommage au trio qui l’accompagne avec tout l’à propos qui convient, à l’écoute de la chanteuse, sans jamais se mettre en avant. Même si on ne connaît pas le fado on ne peut que prendre un grand plaisir à l’écoute de ce disque qui nous enivre de beauté.

Serge Baudot

 ART BOP : Jazz au Fort Napoléon

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ART BOP
Voilà au moins une association, qui contre vents et marées persiste à organiser des concerts de jazz de haut niveau, grâce au dévouement et souvent aux sacrifices de toutes et tous les bénévoles ; qu’ils en soient félicités. Raison de plus pour monter les voir et les entendre dans ce lieu extraordinaire qu’est le Fort Napoléon.
Cette année Art Bop peut s’enorgueillir d’un beau succès puisque l’association fait maintenant partie du collectif « Jazz sur la Ville » créé à Marseille il y a 10 ans, et qui propose 62 événements en 34 lieux avec 200 artistes.
Citons l’édito du Président Michel Antonelli, qui définit parfaitement cette structure :
« Il en aura fallu des tempos, des impros et des rythmiques pour réunir et orchestrer au fil du temps plus d’une quarantaine de structures culturelles réparties dans toute la Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Modestement mais avec ferveur, Jazz sur la Ville poursuit son parcours de combattant et propose une traversée du jazz dans ses formes et son histoire. Si certains membres fondateurs nous ont quittés en chemin, d’autres nous ont rejoints et permettent un ancrage régional plus intense.
Reconnue en 2015 par les institutions (Ville de Marseille, Conseil Départemental 13), notre action attend désormais une juste valorisation d’un événement unique en France. Chaque membre participant apporte son originalité, son style, son réseau pour présenter une programmation variée et ouverte laissant une grande place aux jeunes musiciens. Dix ans c’est encore l’adolescence et devançant Rimbaud on pourrait dire « on n’est pas sérieux à dix-sept ans », encore moins à dix ans. Vivons donc le jazz présent comme une musique pleine de vie et d’émotion ».
www.jazzsurlaville.fr – facebook.com/jazzsurlaville

18 novembre : Denis Cesaro Quartet
Avec Claude Basso, guitare, Jean-Marie Crniel, contrebasse, Thierry Larosa, batterie
Denis Césaro est un pianiste mainstream-bop qui retrouve son frère d’arme à la guitare avec une rythmique de choix, pour un partage qui devrait être des plus fécond.
Renseignements: 04 94 09 47 18 – 06 87 71 59 30
michel.le-gat@orange.fr