Voici Serge Gonnet, alias Markis Sarkis, qui reprend la route de la musique en groupe avec ce « Gut Gut » en compagnie de jeunes musiciens qui furent ses élèves. Donc après les mythiques Madame Rose, Kissing Jane (3 albums), MAAM qui produira en 2003 l’album Trans-hôtel et fera partie du spectacle du même nom, trois groupes qui enflammèrent la scène rock, et particulièrement celle du Sud.
On a affaire ici avec une musique composite d’influences diverses : rock, flamenca, orientale, et particulièrement Pink Floyd dans la façon de traiter l’harmonie, les glissements d’accords d’une tonalité à l’autre, jusque dans la mélodie des chants, ce qui renforce encore l’attrait de cette musique. Renouvelant l’expérience de Magma, Markis-Sarkis invente un langage « à base de phonétiques recherchées pour leur couleurs sonores… » ; ce langage, dans les chœurs, avec l’aide d’harmonizeurs, crée un nouvel instrument ; de plus il se produit le même mystère qu’avec certains poèmes d’Henri Michaux, bien que les mots en soi n’aient aucun sens, on perçoit un discours.
Les trois musiciens se donnent à fond et dans la joie partagée sur une gamme d’instruments particuliers outre les diverses guitares. Ils ne cherchent pas l’exploit, la virtuosité, mais un son de groupe, une osmose, réussie, de tout ce matériau. On se laisse vite emporter par ce flux orchestral profondément rythmique. Ça chauffe dans les caisses des guitares. Le traitement de la rythmique par des percussions au lieu d’une batterie traditionnelle ajoute à la couleur particulière du groupe.
Les trois guitares jouent souvent en accords pleins, façon manouche, qui font sonner le trio comme un big band. Musique assez répétitive, qui produit un effet d’hypnose, ou plutôt de transe tant ça balance.
Citons quelques morceaux phares : « La Entrada » qui met tout de suite dans l’ambiance du groupe ; « Rega Rega » est une sorte de reggae balkanisant assez réjouissant ; « Zoüt » hispanisant avec un chant qui fait penser à David Bowie, et c’est un compliment ; « AtlantaÏ » un emballant mélange Bowie-Pink Floyd, mais foin des références c’est très fort et c’est beau.
Reste à souhaiter longue vie à Gut Gut, et qu’on l’invite à se produire sur scène, tant le son et le concept de ce groupe sont décalés et roboratifs.
Serge Baudot
Petite remarque : Manquent sur la pochette le nom des instruments attribués à chaque musicien, ainsi que la date et le lieu d’enregistrement ; nécessaires pour la discographie.
Peinture et pochette : Markis Sarkis.
Contact : gutgut777@hotmail.com – 06 66 32 91 36