Il y a d’abord deux jeunes sœurs, l’une, qui entre dans l’adolescence avec tout ce que cela comporte de questionnement, de peur d’entrer dans l’inconnu, de révolte contre la terre entière; l’autre qui sort de l’adolescence et entre dans sa vie de femme avec une certaine naïveté, une grande appréhension et l’émoi d’un premier amour.
Les vacances arrivent et vont être partagées en deux : juillet avec maman et son compagnons dans le Midi, août avec Papa en Bretagne.
Dans le Midi, c’est le soleil et l’insouciance apparente car Maman va se retrouver enceinte à 40 ans passés, son compagnon étant encore plus âgé. En Bretagne, c’est une vie plus sauvage, sous la pluie et les nuages et les retrouvailles avec un père aimant mas secret et peu démonstratif.
Trois petits malfrats sympathiques relient ces deux mondes autour d’un vol dans lequel l’aînée
est involontairement mêlée.
C’est Diastème, romancier, auteur de théâtre, scénariste et réalisateur, qui nous offre ce film rafraîchissant autour d’une famille, sinon recomposée, du moins éclatée, ou chacun a ses petits
problèmes, ses petits ou grands secrets, essayant de faire avec et de trouver la solution.
Histoire pleine de rebondissements, d’humour et d’émotions mêlés, avec un casting de rêve, chacun ayant soigneusement été choisi par le réalisateur et étant peu connu, hormis le compagnon de la maman qui n’est autre que cet homme paisible et néanmoins inquiet de l’avenir, interprété par Patrick Chesnais. Les autres sont tous épatants, en particulier la petite Luna Lou, 14 ans, qui possède un aplomb formidable, une déjà belle personnalité qui promet un bel avenir. Et le taciturne papa,interprété par Thierry Godard, connu surtout par des séries TV comme « Engrenages » ou « Les dames », au regard intense, une vraie « gueule », chez qui on ressent à la fois force et fragilité et qui crève l’écran.
Rencontre à Toulon avec Diastème
« J’avais envie – nous confie-t-il – de raconter une histoire de famille légère, douce. J’avais un besoin de comédie après mon dernier film « Un Français » qui était franchement dramatique. Et il m’est venu cette histoire de deux sœurs, l’une qui entre dans l’adolescence avec tout ce que ça peut comporter de révolte et l’autre qui sort de l’adolescence, devenant une femme encore fragile, un peu naïve, qui va connître son premier grand amour… Elles vivent entre des parents séparés mais entourées d’amour. Tous s’aiment mais sont maladroits pour se le dire.
Ça a été pour moi une bulle d’air après mon film précédent où les personnages étaient odieux, que je n’aimais pas, alors que là… je les aime tous !
Comment peut-on faire un film avec des personnages que l’on n’aime pas ?
Je suis auteur avant tout et je dois savoir écrire toutes les histoires, même lorsqu’elles sont dures et tragiques et que les personnages sont « des méchants ». Ce n’est pas pour cela que je dois les aimer, mais seulement essayer de les comprendre et ne pas me donner de limites.
Dans ce film, au contraire, tout est léger.
Pas si léger car tous ont un secret qui peut tourner au drame !
Nous avons tous des secrets, des choses qu’on n’ose dire, qu’on ne peut avouer mais je voulais que ce ne soit ni grotesque, ni cynique, ne pas tomber dans le pathos. Je voulais que tous soient attachants à leur manière, même les trois branquignols qui vivent de petits larcins dans lesquels ils vont embarquer Joséphine.
Il y a deux révélations dans ce film : Luna Lou et Tierry Godard…
Je les trouve tous formidables et je les ai choisis avec soin. Mais c’est vrai que j’ai tout de suite eu un choc en découvrant Luna car elle est franchement douée et j’ai pris un grand bonheur à tourner avec elle tant elle comprend tou,t tout de suite, elle possède un sacré aplomb et une liberté folle. Elle est à la fois drôle, émouvante et très attachante.
Thierry Godard, je l’ai découvert dans « Engrenages ». C’est un mec monolithique au regard profond, un regard de dingue qui peut être très menaçant puis d’une douceur incroyable.
Il n’a pas besoin de beaucoup parler pour exprimer plein de choses. Il a une vraie carrure et
j’espère qu’avec ce film d’autres réalisateurs vont lui faire confiance.
Votre film est en deux parties, chacune se passant dans une région différente…
Oui, je voulais ce contraste entre le ciel bleu qui donne une certaine légèreté, une nonchalance aux personnages et aux situations et puis les sublimes paysages bretons, plus sauvages et adaptés au caractère plus secret, plus solitaire du père. Ce sont de plus, deux régions que j’adore.
J’aimerais qu’on parle de la musique et des chansons qui émaillent ce film et qui sont magnifiques !
Je suis heureux que vous le souligniez ! Je voulais d’abord que ce soient des chansons en Français car j’en ai un peu marre des films français qui ne mettent que des musiques anglo-saxonnes. Je voulais qu’elles soient signifiantes et ponctuent chaque histoire. Je suis heureux d’avoir fait appel à trois artistes que j’aime : Alex Beaupin, qui a écrit les paroles, qui est chanteur mais qui s’est effacé devant Jérémie Kisling qui est lui-même auteur compositeur et s’est à son tour effacé devant les musiques de Frédéric Lo. Ils se sont très bien entendus et ont fait de magnifiques chansons dont le CD sortira en même temps que le film, le 13 juillet.
Vous écrivez pour le cinéma, le théâtre, la littérature. Lorsque vous démarrez l’écriture d’une histoire, savez-vous ce que vous allez en faire ?
En fait, c’est l’histoire qui dicte le support. Et puis, j’aime varier les plaisirs. J’ai plus écrit de pièces et de romans que de scénarios. Aujourd’hui, j’ai plus envie d’écrire pour le cinéma. L’écriture est un acte solitaire mais j’ai besoin de vivre avec une troupe, une famille autour de moi. Au théâtre, il y a l’excitation de la scène et tous les soirs cette peur de ce qui peut se passer. Il y a une adrénaline folle.
Au cinéma, il n’y a pas de peur puisqu’on sait qu’on peut recommencer vingt fois. Mais chacun m’apporte des choses différentes. En ce moment je suis tourné vers le cinéma et, après un drame et une comédie, mon prochain film sera historique. Il se passera au XIXème siècle. Ce sera encore quelque chose de nouveau ! »
Propos recueillis par Jacques Brachet