Depuis quelques mois, une série est née sur France 3 : « La loi de… »
C’est en fait à chaque fois un unitaire qui met en scène une affaire et un avocat.
Il y a eu « La Loi de Barbara » avec Josiane Balasko, « La loi d’Alexandre » avec Gérard Jugnot, « La loi de Simon » avec Daniel Prévost et voici que se tourne à Marseille « La loi de Christophe », Christophe étant interprété par Richard Anconina, réalisé par Jacques Malaterre.
Par une belle journée de Mai, nous voici à Marseille, au Palais du Pharo, où nous on donné rendez-vous les deux protagonistes. Les deux complices devrais-je dire car à les voir tous les deux, l’on sent aussitôt que ça ne peut pas se passer mieux entre eux :
« C’est – nous confie Jacques – une vraie rencontre qui va bien au-delà de la relation professionnelle. Au départ, nous ne nous sommes pas choisis. Il se trouve que j’ai aimé le scénario qu’on m’a proposé et lorsque j’ai su que c’était Richard Anconina qui devait tenir le rôle, j’ai tenu, comme je le fais à chaque fois, à le rencontrer et c’est vrai qu’aussitôt nous nous sommes reconnus, nous étions surla même longueur d’onde ».
Jacques est un réalisateur de grand talent dont on a pu apprécier le travail très souvent à la télévision sur des fictions comme « Boulevard du Palais » « Commissariat Bastille » où le superbe « Carmen », d’après la nouvelle de Prosper Mérimée, dont il a écrit le scénario, tourné en Camargue.
Sur le plateau à ciel ouvert, devant la belle bâtisse du Pharo, le staff s’active dans une sereine atmosphère, le soleil aidant, la séquence se tournant au milieu de la sculpture monumentale.
Jacques est très concentré, est très attentif à la lumière, au son, aux bruits environnants. Il tourne et retourne la scène, toujours avec patience et s’adresse à tous avec respect. Richard Anconina est accompagné de Virginie Desarnauts, qu’on a beaucoup vue à la télévision (« Premiers baisers », « Joséphine ange gardien » « RIS », « Section de recherche »… Au cinéma entre autre dans le film d’Agnès Jaoui « Comme une image »)
Richard très décontracté, pose avec des étudiants pour des selfies entre deux séquences. J’ai rarement vu comédien aussi souriant et gentil….
« Je joue – me dit-il – un avocat du droit des affaires qui travaille pour une grosse boîte dans laquelle l’un des employés a été assassiné et l’on soupçonne quelqu’un de la boîte. L’on me demande, alors que ce n’est pas mon travail, de m’occuper de l’affaire afin d’avoir accès au dossier.
Vous avez rarement joué un avocat ?
Je l’étais dans « Police » de Maurice Pialat, auprès de Sophie Marceau.
Marseille… vous connaissez !
C’est une ville à laquelle je suis très attaché. Tout comme cette région. Je connais toutes les calanques, j’aime aller à Carro, les Lecques, Sanary… c’est toute mon enfance et je continue à y venir très souvent car j’y ai des amis, de la famille.
On vous a très peu vu dans un film à la télé.
C’est vrai mais je pense que je vais en faire de plus en plus parce que c’est devenu une vraie fenêtre populaire. La preuve c’est que des jeunes viennent me parler de ‘Tchao pantin » ou « L’itinéraire d’un enfant gâté » alors qu’ils n’étaient pas nés lorsque j’ai tourné ces films !
Et ça, c’est grâce à la télé. Pour les gens, c’est plus facile, surtout aujourd’hui, de regarder les films à la télé. Le cinéma est relativement cher et là, on s’impose à eux, ils n’ont pas à aller vers nous.
Sans compter qu’aujourd’hui, il y a plus de projets intéressants à la télé qu’au cinéma. Et lorsque le télé-film marche moyennement, il est vu par quatre millions de téléspectateurs, alors qu’en salle, si le film marche bien, il est vu par 700.000 personnes ! Le choix est vite fait !
Y a-t-il toujours ce cloisonnement entre télé et cinéma ?
Ca a tendance à changer mais il est plus facile pour un comédien de cinéma de passer à la télévision plutôt que l’inverse. Mais ça vient des producteurs qui ont besoin de « vedettes » pour monter un film. A la télé, il n’y a pas cet effet vedette.
Après « La loi de Christophe », avez-vous un projet ?
Je suis sur le tournage de « Stars 80, 2 ». Nous en avons déjà tourné une partie. On a dû s’arrêter à cause de la tournée mais on terminera le film cet été. Il y aura des vedettes surprises !
Sinon, j’ai un autre projet qui me tient beaucoup à cœur mais j’ai des difficultés à le monter, ce qui me navre. Mais je ne veux pas en parler.
Passer à la réalisation, est-ce c’est quelque chose que vous avez déjà envisagé ?
Non car ce n’est pas mon métier, je ne le sens pas. Je préfère me faire diriger et avoir l’esprit libre. Peut-être qu’un jour, inspiré par un sujet fort, pourrais-je essayer. Mais ce n’est pas d’actualité ! »
C’est en toute simplicité que Richard Anconina nous a accordé ce moment entre deux scènes et l’on reste avec Jacques Malaterre qui, lui, à la coupure de midi, préfère s’installer sur un banc pour préparer les prochaines scènes. Mais c’est bien volontiers qu’il nous invite à nous joindre près de lui, sur un banc, en plein soleil.
« Jacques, comment êtes-vous venu sur cette production ?
Comme très souvent, parce qu’on m’a proposé le scénario que j’ai beaucoup aimé. Par ailleurs, ne connaissant pas Richard, j’ai voulu le rencontrer avant de m’aventurer. J’aime savoir si le courant va passer. Ça a été le cas.
Alors, comment, l’Avignonnais que vous êtes, qui plus est éducateur, est passé à la réalisation ?
Vous avez du temps et de la place ??? (Rires). Bon, pour être bref, j’ai été éducateur durant douze ans et, pour mon boulot, je me servais beaucoup de la vidéo. Au fur et à mesure, c’est devenu une passion et un jour ça a basculé. J’ai commencé par réaliser des documentaires, ce que je fais toujours d’ailleurs puisque je viens dé réaliser pour Arte une série de douze portraits « Les oubliés de l’Histoire », des gens qui, au XXème siècle, ont été dans la lumière et que la mémoire collective a oubliés dans cette société devenue très conventionnelle et politiquement correcte. Des gens épris de liberté, comme le torero Manolette, ou Gala, la femme de Dali…
Et la fiction ?
J’aime raconter des histoires. j’ai toujours aimé les aventures humaines, vivre, travailler avec les gens et en ce sens, mon métier d’éducateur me sert énormément. J’ai été à bonne école et j’aime travailler avec une équipe. La fiction est une autre approche, une autre façon de travailler et j’ai la liberté de pouvoir faire les deux.
Une rencontre qui a beaucoup compté : Patrick Sébastien.
C’est plus qu’une rencontre. Patrick, c’est un ami, un frère. La première fois que nous nous sommes rencontrés, d’un seul regard nous nous sommes reconnus. Ca a été très animal, très fort. C’était une évidence. C’est une rencontre hors du commun.
En 2014, nous avons tourné « Monsieur Max et la rumeur », en janvier dernier nous avons tournée à Aix « L’affaire de Maître Lefort » et nous allons nous retrouver cet été à Nice et Cannes pour un troisième film.
Comment travaillez-vous ensemble ?
Il écrit lui-même le scénario que nous adaptons ensemble. Il écrit de vrais drames, de vrais thrillers avec un réel talent. Au-delà du personnage populaire qu’il est, il est d’une intelligence redoutable et d’une liberté totale. Et il crée des personnages extraordinaires, de plus en plus difficiles à interpréter !!
Vous avez fait une magnifique réalisation de « Carmen »…
Je suis heureux que vous disiez cela car c’est un film, dont j’ai écrit le scénario, qui me tient très à sœur pour diverses raisons. Etant Avignonnais, j’ai un jour découvert la Camargue dont je suis tombé amoureux. C’est une terre de liberté. Là-bas, c’est une autre vie, une vie libre et j’y retrouve mes amis les Gitans. Je me suis d’ailleurs marié au milieu d’eux. Ils font partie de ma famille. Et puis il y a ce portrait de femme magnifique, écrit par Prosper Mérimée, une femme belle, sauvage, une femme libre…
Les mots « libre » et « liberté », reviennent très souvent dans notre conversation…
La liberté, c’est très important pour moi. Mais être libre ne veut pas dire faire forcément ce qu’on veut mais ce que l’on doit faire, tout en respectant la liberté des autres. Pour moi, ça englobe la liberté de l’âme, de l’esprit, du corps. Mais c’est vrai qu’être libre dans son travail est quelque chose d’essentiel, tout en étant exigeant, aller jusqu’au bout d’une histoire. Et à propos d’histoires, finalement, je ne suis qu’un griot, un passeur d’histoires.
Je suis né avec le Mistral. Je suis un fils du vent ».
Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Christian Servandier