Warren ZAVATTA… Faut faire avec…

A

Que peut-on faire lorsqu’on s’appelle Zavatta ?
Pas facile : on fait du Zavatta, on essaie de se faire un prénom… et on fait avec !
C’est qui est arrivé à Warren, petit-fils du grand Achille, comme l’a fait James Thierrée, petit-fils de Charlie Chaplin, avec, lui, un autre nom.
Mais lorsqu’on est fils de ou petit-fils de, ça se sait vite… Donc…

1m92, biceps plein les manches, une stature impressionnante qui inspire le respect, quelquefois la crainte. Mais lorsqu’on lui parle ne serait-ce que quelques minutes et qu’il vous répond de sa belle voix grave, on se rend compte qu’on a affaire à un gentil, qui plus est, avec de l’humour et du recul sur sa vie de saltimbanque.
Car des chats ne font pas des chiens, même s’il a quelque peu pris nombre de chemins de traverses.

« Tout d’abord – me dit-il – je fait partie de la première génération qui est allé à l’école, qui sait lire et écrire et même si je ne suis allé qu’en seconde, avec ma mini-culture générale, dans ma famille on me considère comme un énarque !
Puis je suis entré au conservatoire de musique où j’ai appris le piano, le saxophone et la trompette. J’ai voyagé en Amérique, en Australie, en Russie… où j’ai rencontré quelqu’un qui travaillait… au cirque de Moscou… Vous voyez, on ne peut pas échapper à son destin !
Mais faire un numéro de six, sept minutes, ça ne me satisfaisait pas. Je suis donc revenu à Paris où j’ai pris des cours de comédie avec Coline Serreau et des cours de cirque avec Annie Fratellini. Je voulais varier les plaisirs et, croyez-moi, durant cinq ans, j’en ai bouffé de l’alexandrin !
Jouer au théâtre ne vous attirait pas ?
Oui mais en France, lorsqu’on ne sait pas dans quelle case vous mettre, ça complique les choses. De plus, allez trouver un metteur en scène qui, pour jouer Shakespeare, prend un nommé Zavatta ! Ca ne fait pas plus sérieux que si une hôtesse de l’air vous annonce que le commandant s’appelle Zavatta !

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Vous auriez pu prendre un pseudonyme…
Oui mais c’est là toute l’ambiguïté car je suis fier de m’appeler Zavatta et de plus, les médias auraient très vite découvert la supercherie. Finalement, autant garder mon nom.
Mais on a ainsi des métiers qui nous ferment la porte. Donc… on fait le clown.
Mais vous n’êtes pas un clown ordinaire…
Parce que je ne me suis pas contenté de faire une performance mais de monter un spectacle, un peu comme Devos, où je pouvais chanter, danser, faire des numéros et raconter une histoire, en l’occurrence, la mienne.
Vous griffez un peu votre grand père au passage !
Oui mais ce n’est pas méchant. C’est vrai que c’était un clown génial pour qui j’ai beaucoup d’admiration. D »un autre côté, je ne l’ai que très peu connu mais mes parents ont beaucoup souffert du procès qu’il leur a fait tout simplement parce qu’ils ont monté un cirque… et qu’ils s’appelaient Zavatta ! Il était très égocentrique.
Vous avez quand même trouvé votre voie, votre style.
Oui, grâce à ces nouveaux cirques qui vous proposent autre chose que les numéros de base accompagnés de flonflons. Archaos, le cirque Plume, le cirque du Soleil, ont dépoussiéré l’art du cirque et proposent quelque chose d’autre, de plus original, de plus poétique.
Vous avez aussi été meneur de revue
Oui, au Paradis latin, smoking et nœud pap’ je descendais l’escalier avec des filles magnifiques. J’ai aussi joué quelques rôles au cinéma, à la télé, j’ai même joué une pièce au théâtre de la Pépinière « Mélodrame(s) » avec Bruno Salomone et Romane Bohringer….
Pourquoi n’avoir pas continué ?
Toujours pareil : le cloisonnement, les familles… Quand on ne fait pas partie de la famille, difficile d’y entrer ou d’y rester
Par contre, votre rencontre avec Dany Boon a été importante
Très importante car il a été le premier à me donner cette confiance en moi qui me manquait. Il m’a pris sous son aile, il a décidé de me produire et durant trois ans j’ai joué à Paris grâce à lui.
Et vous avez un projet avec lui ?
Oui, nous écrivons, du moins, nous tentons d’écrire un scénario de film intitulé « Le cirque de la pluie », en référence au cirque du soleil !
Comment ça se passe ?
Il écrit beaucoup, moi je suis à côté, j’écoute, j’amène des idées… Mais ça, c’est quand il est libre car il a cent projets à la fois, il et toujours en déplacement, lorsqu’on arrive à travailler son téléphone sonne toutes les cinq minutes… J’espère qu’on arrivera à le finir !
On peut parler du sujet ?
C’est l’histoire d’une équipe de bras cassés qui veut monter un cirque. Je joue mon propre rôle et il y a autour des artistes de tout poil, c’est le cas de le dire puisqu’il y a même une femme à barbe ! Et ils sont tous plus mauvais les uns que les autres. Imaginez ce que peut en faire Dany Boon.

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En fait, vous ne sortez jamais du cirque !
(Rires) C’est mon destin ! Et je vais vous dire jusqu’où ça va. Suite à mon divorce, mes filles sont allées habiter près de Bordeaux, à Loupiac. Pour être près d’elles, j’ai acheté… une caravane !
Ç’aurait pu être une roulotte !!!
Oui mais aujourd’hui, une roulotte, c’est hors de prix, et il faut un cheval. Quant aux caravanes françaises, elle font 1m90. Comme je fais 2cm de plus, je ne peux pas m’y tenir droit !
Loupiac… Ce n’est pas là qu’on va venir vous chercher !
(Rires) C’est sûr mais bon, ce sont les événements de la vie qui le veulent. Et ça ne m’empêche pas de faire mes spectacles. »

La preuve : il sera à la Crau avec son spectacle « Ce soir dans votre ville » et ce soir-là ce sera le vendredi 29 avril à l’Espace Culturel Jean-Paul Maurric.

Un artiste hors du commun à ne pas rater.

 Jacques Brachet