Christian PHILIBERT… D’Espigoule à Massilia

Nous sommes dans les années 98/99.
Christian Philibert, Seynois dont les racines sont à Ginasservis, petit village au cœur de la Provence, a l’idée d’un film mi-fiction/mi-documentaire racontant l’histoire d’un village et de ses habitants. Avec son frère Hervé, ils inventent le nom d’Espigoule. Mais où le situer ?
Pourquoi pas à Ginasservis, puisqu’ils connaissent « leur » village.
Et voilà donc que va entrer dans la légende ce village mythique, aujourd’hui indissociable de Ginasservis, après que beaucoup de gens l’aient cherché… et qu’Hervé, entre temps, en soit devenu maire !
Depuis, Christian a continué son bonhomme de chemin de réalisateurs, nous offrant des courts-métrages, des documentaires et quelques fictions inénarrables telles que « Travail d’Arabe », « Afrik’aïoli », toujours avec ses acteurs fétiches dont Jean-Marc Ravera et Mohamed Metina, dit Momo, toujours avec Patrick Barra, son producteur et Franck Littot, son monteur (de Sanary !).
Invité de Jérôme Leleu de Frantaisie Prod, samedi dernier à l’Oméga Live, il était évidemment entouré de toute cette famille plus que cinématographique.
Cette invitation avait deux buts : tout d’abord traverser les aventures de Christian dont la passion n’a d’égale que le courage de continuer un chemin semé d’embûches car, même si la France s’ouvre à l’Europe, Paris ne s’ouvre pas si facilement à la province et, faisant des films « avé l’assent », il a toutes les difficultés à faire comprendre à un métier qui a des oeillères qu’il n’y a pas d’accent que de Paris.

A
Pagnol, Raimu, pour le cinéma, Fiori, Cabrel pour la chanson, ont eu les mêmes difficultés avant de pouvoir s’imposer… Donc tout n’est pas perdu et le rêve de Christian (utopie ?) est qu’un jour il soit considéré comme » un pro comme les autres », faisant simplement des films ensoleillés.
Et le dernier en date est ambitieux et original.
FIn des années 80, son frère et lui, vivant à la Seyne, découvrent le groupe Massilia Sound System, un groupe reggae mâtiné provençal, qui défend des idées proches des leurs. Lors du tournage de son film « Afrik’aïoli », il lui fallait une musique, une chanson, et il pense à ce groupe. Gari Greu, le leader du groupe, qu’il rencontre, et avec qui il va devenir ami, lui offre la chanson « Le marché du soleil »
Et l’idée germe dans la tête de Christian : réaliser un film autour de ce groupe mythique qui fête ses trente ans d’existence.
« J’avais, depuis longtemps, envie de réaliser un film musical sans trop savoir de quelle manière. Rencontrant Gari et ses complices, j’ai finalement opté pour faire le portrait de ce groupe en l’agrémentant d’archives, d’interviewes, d’extraits de leur concerts puisqu’ils ont été, en 2015, le groupe ayant fait le plus de concerts et de festivals.
Qu’est-ce qui t’attire chez eux ?
La musique d’abord et puis, nous avons plein de choses en commun dont la liberté, l’envie de célébrer le Sud, de créer des liens sociaux et de proposer une véritable expression du Sud.
C’est en quelque sorte un acte politique que nous revendiquons. on joue un rôle d’effet miroir fondamental. On se tire chacun vers le haut ».

C B
Avec Patrick Barra et Franck Littot – Jean-Marc Ravera et Mohamed Metina

Et le voilà parti, avec son équipe. sur la route des concerts et des festivals avec Gari et ses complices.
Mais pour faire un film… il faut des sous ! Et il aura beau taper à toutes les portes, personne ne veut d’un réalisateur varois qui veut faire un film sur un groupe marseillais qui chante en partie en provençal ! La culture du Sud, ça ne fait hélas toujours pas sérieux C’est toujours synonyme de galéjades.
Reste alors le crowd founding.
« C’est – m’explique-t-il – un financement participatif qui a pour but d’aider des projets divers, dans de nombreux domaines, faisant appel au public en amont de ce projet. Ceci grâce aux nouvelles techniques qui sont à notre disposition sur Internet, en passant par la plate-forme joliment nommée kisskissbankbank. Chacun peut y aller et mettre la somme qu’il veut ou peut mettre afin d’aider à ce que ce projet se réalise Au départ, j’ai trouvé cette solution par défaut car ce n’est pas toujours facile de demander des sous aux gens mais c’est le prix à payer pour continuer à travailler tout en restant libre. Et il s’est très vite créé quelque chose de magnifique, une dynamique fédératrice qui m’a étonné et fait plaisir. ».
Ainsi, Christian et son équipe sont-ils partis à la conquête du public qui, lui, a toujours répondu présent à son travail, à ses film et, les fans d’Espigoule et ceux de Massilia font que déjà 20.000 Euros en 15 jours sot arrivés sur le projet.
Il en faut encore bien sûr et c’est pour cela que Philibert and Co parcourent la Provence pour se faire entendre, organiser des rencontres, des conférences, présenter courts et longs métrages, making off et surtout, déjà, un teaser du film de Massilia car, avec Franck Littot, ils sont en plein montage du film qui, si la somme réunie arrive à 40.000 Euros, devrait être prêt pour une sortie cet été.
« Franck Littot et Patrick Barra sont les piliers de ce projet. Sans Franck, le projet d’Espigoule n’aurait peut-être jamais vu le jour et depuis, on ne s’est plus quitté. Franck était déjà le monteur du film « Afrik’aïoli », on est sur la même longueur d’onde et on travaille d’arrache-pied dans son studio de Sanary, en toute complicité, en toute liberté ».

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Eh oui, la liberté, justement, a un prix, le chemin n’est pas facile mais si ce documentaire musical voit le jour – et il le verra – ce sera grâce aux bonnes volontés, au public qui, comme ce soir-là à Toulon, est venu nombreux, passer un moment de pur plaisir avec une équipe soudée qui a fait ses preuves, et qui veut que ça continue pour plein de bonnes raisons. dont celle de rendre hommage à un groupe aujourd’hui devenu légendaire.
Vous aussi, vous pouvez aider à la réalisation de ce film en apportant votre participation. Il vous suffit d’aller sur :
www.kisskissbankbank.com/massalia-sound-system-le-film
Et, comme diraient les Enfoirés… on compte sur vous !

Jacques Brachet

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