Aurélie CABREL : Hasards et rencontres

CElle est l’une des révélations de la chanson française de ces derniers mois.
Digne fille de son père, Aurélie Cabrel en est à son second disque. Le premier s’intitulait « Oserais-je ? ». Elle avait osé et ça lui avait pas mal réussi. Le second s’intitule « A la même chaîne » et c’est un disque aux mélodies pop et rock où l’on sent la patte d’une véritable auteure.
Ce disque parle beaucoup d’amour et je le lui dit.
Elle rit et me répond avec ce bel accent à peine estompé qu’elle a gardé de son Sud-Ouest natal.

« Mais dans la vie, n’y a-t-il pas que l’amour ? Dans nombre de situations il y a beaucoup d’amour, que ce soir l’amour charnel, l’amour filial, l’amour fraternel, l’amour-amitié, l’amour qui s’en va…Je dois dire qu’au départ, il n’était pas prévu qu’un thème se détache… Ca s’est fait comme ça.
Vous avez travaillé avec de beaux auteurs-compositeurs :Esthen, Diego Straz, Olivier Béranger, Grand Corps Malade et… un certain Francis Cabrel… En dehors de Papa, comment se sont faites ces rencontres ?
Mes rencontres se font toujours par hasard, c’est ce que j’aime dans ce métier. J’ai rencontré Olivier en 2005 à Astaffort. Avec lui il y a une facilité dans le travail et dans l’échange. Nous avons toujours gardé le contact. Diego Straz sait tout faire : il écrit, compose, chante joue de nombreux instruments. C’est lui qui a orchestré les chansons.
Avec Esthen, nos avons travaillé ensemble sur les deux CD et il est sur toutes les chansons de l’album, paroles, musiques, arrangements… Il a un don, une vision de l’écriture qui me correspond.
Comment se passe le travail avec eux ?
Il n’y a pas de méthode, rien n’est jamais identique, à chaque fois c’est différent. Avec Olivier, ce sont des heures de ping-pong musical sur des thèmes choisis. Avec Esthen c’est encore différent. Nous avons une feuille commune, nous cherchons chacun de notre côté, nous revenons, nous récrivons, nous échangeons. Les textes sont vadrouilleurs entre nous, c’est une feuille voyageuse et c’est très ludique.
Grand Corps Malade, c’est une belle rencontre ?
C’est « la »rencontre inattendue et c’est d’ailleurs comme ça qu’évolue ma carrière, sans jamais aucun calcul. GCM, c’est une étoile filante attrapée au passage. J’ai toujours été admiratrice de son travail. Je suis allée le voir en concert, j’ai été éblouie, sous le charme. Après le concert, je l’ai rencontré et lui ai demandé si il écrivait pour de jeunes artistes en devenir. En souriant il m’a dit oui. J’avais vraiment envie d’avoir un peu de son univers. Quinze jours après, il est arrivé avec ces paroles de « A quoi tu rêves ? » et ce qui est incroyable c’est que c’était tellement autobiographique que ç’aurait pu être écrit par moi !
Vous vous connaissiez ?
Pas du tout. Je ne lui avais même pas donné de sujet mais je pense qu’une même sensibilité nous a très vite rapprochés, il l’a senti, nous sommes sur la même longueur d’onde, dans une belle osmose. J’ai trouvé mon alter ego, ça m’a bouleversée.
Y aura-t-il une suite ?
Je ne sais pas. Peut-être pas. Mais ça a été un moment magique.

A

Venons-en à Papa. Le quel des deux a appelé l’autre ?
(Rires). Les mauvaises langues pensent que lorsque son père s’appelle Francis Cabrel, c’est facile. Mais je ne suis pas allée mendier une chanson, une aide quelconque. Nous menons notre carrière chacun de notre côté.
Alors, comment sont arrivées ces chansons « Lève les bras », « Bref, s’aimer », « Tout l’indiffère » ?
Je rentrais de tournée dans le Nord-Ouest et comme à chaque fois, j’ai appelé mes parents. Et là, mon père me dit qu’il a quelques textes à me proposer pour mon prochain album. Toute à ma tournée, j’étais loin de penser au prochain album ! Il m’a alors confié un grand cahier où il avait marqué six ou sept chansons qu’il pensait me convenir. J’ai sélectionné ces trois textes qui me correspondaient. Ce qui montre l’intégrité de ma démarche car j’aurais pu tout prendre et faire un disque avec ses textes.
Fidèle à votre région, vous avez enregistré cet album à Agen !
Oui, dans le studio familial que mon père a créé dans une vieille grange au-dessus de ses chais. Enregistrer en pleine campagne, entouré de poules, de moutons, de chevaux, avouez que c’est quand même plus agréable que de s’enfermer à Paris avec le bruit et les odeurs. du métro et de la circulation et en plus, de profiter du soleil entre deux prises !
C’est à l’image de la famille Cabrel. Ma région, je l’aime, j’aime son climat, sa chaleur, son odeur. J’aime y vivre.
Dernière chanson de l’album : « Je suis jalouse »… vrai ?
Ça concerne mon père et c’est vrai qu’enfant j’ai longtemps été jalouse, non pas de lui mais du public qui me l’enlevait et qui partageait cet amour avec moi !
Être l’enfant d’un personnage public, quel qu’il soit, n’est jamais facile. On a du mal à faire la part des choses. Quand je suis née, il était déjà ce qu’il est et je ne comprenais pas cet engouement dont il était l’objet. C’était pour moi incompréhensible et j’en ai souvent eu ras le bol ! Mais en grandissant, on comprend. Maintenant, je puis vous assurer que je ne suis plus jalouse du tout !
Avec « Guillemets », vous vous payez le luxe des cordes de l’orchestre symphonique de l’Opéra de Paris !
Et c’est un sacré luxe ! Là encore, ça n’était pas prévu du tout. Les cordes avaient été créées sur un logiciel par Diego. L’album était prêt, musicalement abouti et la seule chose qui ne sonnait pas bien, c’était ces cordes. Il a alors appelé Bertrand Lajudie qui a sélectionné quinze fabuleux musiciens.
Ça a été un grand moment dont je me souviendrai toute ma vie.
Au départ, vous aviez choisi le métier de manager de groupes musicaux. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’idée ?
Ca s’est fait tout simplement, tout naturellement. Vous savez, la vie est souvent plus simple qu’on ne croit. Ca a été une espèce de logique. Ado, comme nombre de gamines, j’écrivais des petits textes. Et puis, à Astaffort, j’ai fait des rencontres avec des musiciens qui ont commencé à mettre des notes sur mes mots. Je n’avais aucune idée de ce que j’allais en faire. J’en ai donné quelques-unes à des groupes. Puis j’en ai enregistré une, une autre, encore une autre. C’est ainsi que peu à peu l’idée est venue de faire un album… Voilà comment c’est arrivé. »

Et le hasard a bien fait les choses en faisant naître une jolie artiste qui est bien partie pour une belle carrière.

Propos recueillis par Jacques Brachet
Aurélie Cabrel sera :
Le 16 mars à L’Oméga live de Toulon
Le 17 mars Le Galet à St Martin de Crau (festival de femmes)
Le 18 mars à l’Espace Victor Hugo à Puget sur Argens
Le 19 mars au Palais de l’Europe à Menton