Tony CARREIRA, entre France et Portugal

Il est millionnaire en vente de disques. 18 albums, 48 disques de platine. Au Portugal il remplit des stades à l’instar de Johnny Hallyday en France. Il est connu dans le monde entier et c’est peut-être en France qu’il est le moins connu… Enfin, qu’il était, car avec son premier disque en français, sorti en 2014, « Nos fiançailles », où il nous offre des duos avec la fine fleur de la chanson française (Sardou, Niclo, Ségara, St Pier, Lenorman, Lama, Anggun, Barbelivien…) il a fait un carton.
Du coup, le gouvernement lui a remis, par l’entremise de Michel Drucker, la médaille de Chevalier de l’ordre des Arts et Lettres.
Et voici qu’avec son second disque « Mon fado », album on ne peut plus franco-portugais, il récidive avec des chansons composées par, entre autre par Serge Lama, Jacques Veneruso, David Gategno dont on ne compte plus les tubes pour les chanteurs français.. Et ça cartonne encore.

Rencontre avec une star toute simple
C’est un garçon on ne peut plus simple et charmant, qui parle un Français impeccabl, qu’il a eu le temps d’apprendre puisque de ses 6 ans à ses 25 ans, il a vécu en France. Et il a toujours plaisir à y revenir.

A

Comment se fait-il que vous ayez attendu de retourner au Portugal pour chanter ?
En France, j’avais monté un orchestre mais nous chantions beaucoup dans les communautés portugaises. Et puis, j’ai eu envie de retourner vers mon soleil, vers mes racines, vers ma langue natale. J’ai fait quatre disques qui n’ont pas marché. Au cinquième ça a démarré et le succès est venu très vite. J’ai voyagé dans une dizaine de pays et depuis, ça n’a pas arrêté.
Et vous avez attendu 2014 pour revenir en France !
C’est vrai mais vous savez, le temps est passé très vite et j’avais toujours envie d’y revenir car j’y ai tous mes souvenirs de jeunesse. Mais je ne voulais pas y revenir avec un disque en Portugais, il fallait que ce soit un disque différent. J’ai été bercé par la chanson française des années 80, j’ai toujours aimé les chanteurs français et j’ai pensé qu’avec ces duos c’était une belle possibilité de faire un disque en France. Je l’ai fait avec plaisir, sans objectif précis… et le disque a été certifié platine !
Aujourd’hui, vous nous offrez « Mon fado »
Oui mais sans que ce soit du fado pur car je suis d’abord un chanteur de variétés. J’ai donc demandé à la même équipe que pour « Nos fiançailles », avec qui je m’étais merveilleusement entendu humainement et musicalement, des chansons inédites. Car en France j’ai une identité différente.
  Çaa quand même un son particulier !
Oui car les orchestrations sont différentes de ce que je fais au Portugal. Je voulais que ce soit très acoustique, que ça ait une couleur spéciale et j’y ai introduit les guitares fado qui ont un son spécifique un peu triste. Mais ça reste de la variété.
On y trouve un hommage à Amalia Rodriguez.
Oui, j’ai repris une de ses chansons « Cançào do mar », qui a quelque 50 ans et qu’Hélène Ségara avait reprise sous le titre « Elle, tu l’aimes »
L’avez-vous rencontrée avant qu’elle ne disparaisse ?
Hélas non, j’étais très pris par mon métier, je n’ai pas fait l’effort d’aller vers elle et c’est un de mes grands regrets.
Est-ce que ces deux disques sont sortis ou sortiront au Portugal ?
Non, car je les ai pensés pour la France et entre les deux j’ai sorti un album au Portugal. Je ne sais d’ailleurs pas si ça aurait de l’impact là-bas car ce n’est pas ce que le public attend. Peut-être vais-je récupérer quelques chansons que je pourrais sortir au Portugal.
Dans « Mon fado », on retrouve un duo avec Adamo… Etait-ce un oublié du premier disque ?
C’est une drôle et jolie histoire : alors que je faisais la promo de « Nos fiançailles », beaucoup de monde me parlait de Salvatore Adamo en me demandant pourquoi il n’y était pas. J’ai voulu le connaître, je l’ai appelé et nous avons décidé d’enregistrer sa chanson « C’est ma vie » qui est de lui ma chanson préférée Mais moi j’ai enregistré ma partie à Lisbonne, lui en Belgique.

B

Vous ne vous êtes pas rencontrés ?
Oui… sur le plateau de Michel Drucker qui était surpris qu’on se rencontre pour la première fois ! Depuis, nous sommes devenus copains et nous nous appelons de temps en temps.
Vous avez trois enfants, tous sont dans la musique. Les y avez-vous poussés ?
Oh non, et je dirais même que j’aurais préféré qu’ils fassent autre chose tant ce métier est difficile, aléatoire. J’avais peur qu’ils en souffrent, qu’ils aient l’ombre de leur père mais je ne les ai pas empêchés, je les ai laissés libres de choisir. Aujourd’hui, ça marche pour eux et j’en suis heureux.
Vous verra-t-on un jour tous sur scène comme la famille Chédid ?
Je ne crois pas, car aussi bien eux que moi, nous ne le voulons pas. Nos musiques sont trop différentes. Nous nous retrouvons quelquefois ensemble sur une scène ou sur un plateau mais ça s’arrête là.
Alors, après ces deux disques en France, va-t-il y avoir une tournée française ?
Oui, elle démarre le 1er mars à Toulouse. Il y aura entre autres trois jours au Casino de Paris, les 11, 12, 13 mars et dans votre région, le 25 mars au Nikaïa au Cannet

Nul doute que le public aura du plaisir à rencontrer, à découvrir peut-être le plus français des chanteurs portugais pour sceller ces fiançailles avec un bel artiste nommé Tony Carreira.

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos : Yves Bottalico