Propos d’artistes

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Karin Hann : Marcel Pagnol, un autre regard (Ed du Rocher)
Que n’a-t-on pas écrit sur Marcel Pagnol, qu’il n’ait écrit lui-même ?
On pensait tout savoir, tout connaître de cet illustre écrivain-réalisateur, l’un des premiers à utiliser le cinéma parlant. Ses oeuvres aujourd’hui, demeurent au Panthéon du cinéma et de la littérature.
Karin Hann, romancière, ayant un doctorat en lettres, passionnée par la vie et l’œuvre de cet artiste, se penche depuis des années sur lui.Depuis 1985, date à laquelle elle le choisit pour son sujet de maîtrise. Depuis, elle ne l’a plus lâché, lui donnant même ses lettres de noblesse dans une université où il était considéré comme un conteur provençal, un amuseur régionaliste.
Membre du jury Marcel Pagnol, elle nous offre un livre hors du commun, où elle dissèque l’œuvre de l’écrivain, qu’elle soit littéraire, théâtrale, cinématographique. Une vision qui reste dans la droite ligne de ce qu’il devait être mais qu’elle éclaire d’éléments qui nous font découvrir l’homme et l’artiste sous un nouveau jour, plus personnel, qui nous fait encore mieux comprendre ses écrits et nous prouve, si besoin était, que son oeuvre, tout en semblant simpliste, est beaucoup plus profonde, complexe, humaine que certains ne le pensent.
Loin de la galéjade provençale, Marcel Pagnol est l’un de nos plus grands écrivains et reste l’un des auteurs et réalisateurs, les plus populaires.
Karen Hann nous le présente à la loupe, décortiquant ses mots, ses phrases, ses objectifs et nous le fait doublement apprécier alors qu’en cette année, on célèbre les 120 ans de sa naissance.

Maurane : Trop forte (Ed Michel Lafon)
On connaît cette chanteuse venue de Belgique, à la voix d’or, au rire tonitruant, à la personnalité bien affirmée, à la rondeur si sympathique.
Et pourtant…
Pourtant, derrière cette belle personnalité que l’on croit dure comme roc, il y a Claudine Luyparts, une gosse mal dans sa peau parce que déjà, rondelette et moquée par les copains et sa grand mère, ce qui sera loin de la décomplexer. Il y a une adolescente blessée par la séparation de ses parents, qui n’a qu’une idée en tête : quitter la maison et voler de ses propres ailes.
Ce qu’elle fera très tôt d’ailleurs.
Mais tout cela est compensé par son amour de la musique, son envie, son besoin viscéral de chanter et de s’affirmer en tant qu’artiste.
Trop forte elle est, trop forte elle restera, dans tout le sens du terme, au propre comme au figuré, avec une force morale à toute épreuve et une envie de réussir qui lui fait sauter tous les obstacles.
Riant trop fort, pleurant trop fort, râlant trop fort, vivant et chantant… très fort, elle vit ses passions, ses émotions, ses amours, ses emmerdes, ses rencontres comme s’il en allait de sa vie à chaque fois.
Dans ce livre, elle se confie avec tendresse et pudeur, mais aussi beaucoup d’humour et de recul et l’on découvre derrière cette grande artiste, une femme douée pour donner de l’amour et avide d’en recevoir, qui a trouvé le bonheur dans son métier et voudrait le trouver dans sa vie de tous les jours.
La chanson l’a en quelque sorte sauvée, rassérénée et même s’il y a encore du chemin à faire pour atteindre la sérénité, elle reste déterminée à trouver ce bonheur et elle y arrivera car elle est… trop forte !

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Laurent Calut & Yann Morvan : Véronique Sanson, les années américaines (Ed Grasset)
Fans de la première heure, le duo Calut-Morvan accompagne Véronique Sanson depuis plus de trente ans.
Devenus amis de l’artiste, tous deux connaissent la vie et son œuvre  du bout des doigtes, du bout des oreilles, du bout du cœur.
Isl ont décidé de parler d’elle mais sous un angle encore jamais abordé, s’appesantissant sur ses fameuses années américaines, loin d’être les plus lumineuses mais peut-être les plus créatives et prolifiques.
D’un coup de tête elle quitte Michel Berger du jour au lendemain pour vivre une passion qui va changer sa vie, avec Stephen Still, ce qui nécessite de s’exiler aux Etats-Unis et de s’y marier.
Erreur qu’elle comprendra très vite, avant de sauter le pas du mariage car elle se retrouve dans un milieu qu’elle ne connaît pas, dans une langue qu’elle connaît peu, entourée de stars qui ne la calculent pas mais surtout avec un homme qu’elle ne connaissait pas et qui s’avère, buveur, drogué et violent. Tout lui est donc hostile mais elle ira jusqu’au bout, non pas de ses rêves, mais de son erreur car, malgré les exhortations de sa sœur, elle ne reviendra pas sur sa décision et vivra les plus dures années de sa vie « sexe, drogue et rock’n roll ». Elle y laissera sa santé, elle aurait pu y laisser sa vie sans la venue de son fils, Christopher et surtout, la musique l’empêchera de devenir folle. Cela donnera trois albums : « Le maudit », ‘Vancouver », « Hollywood » qui vont la porter au firmament de la chanson française où sa voix unique, ses mélodies magnifiques, sa façon de les interpréter, en feront la première vraie rockeuse française.
Malgré une grande détresse, l’Amérique lui a ouvert les portes de la gloire, du succès en France, faisant d’elle une artiste hors classe, qui traverse les décennies.
Aujourd’hui sa vie est plus calme, elle a trouvé un équilibre, elle s’est débarrassée de ses tendances alcooliques et continue une carrière formidable.
Véronique Sanson : une artiste, une femme exceptionnelle.

Françoise Hardy : Avis non autorisés (Ed des Equateurs)
Voici une chanteuse qui est l’ambiguïté personnifiée : Adolescente, elle veut devenir chanteuse. Elle le deviendra et, si sa voix n’est pas celle de la Callas, ses mots et ses mélodies accrochent tout de suite cette génération des sixties plus portée pourtant vers le rock qui ouvre ses ailes.
Mais voilà : la scène la panique. elle déteste les tournées, elle a peur du public, elle n’aime pas rencontrer la presse… Alors, tout comme Sheila, elle décide de se contenter d’enregistrer des disques. Disques qui marchent mais qu’elle défend le moins possible.
Eternelle insatisfaite, qu’elle écrive pour elle ou pour les autres, elle n’a souvent que des propos critiques et négatifs.
En amour, elle quitte un Jean-Marie Périer qui l’idolâtre pour un Dutronc qui la délaisse, qui continue sa vie de garçon, qui boit et qui la trompe. Mais, tout en se morfondant… elle reste !
La sérénité, elle ne connaît pas même si, Thomas arrivant, c’est peut-être son seul vrai bonheur mais… c’est devenu une peur, un soucis permanents.
Par contre, elle n’a jamais eu la langue dans sa poche, la diplomatie n’est pas sa vertu première et ce nouveau livre le prouve, qui est une sorte de critique de notre société. Elle égratigne tous les sujets : la politique, les idéologies, les religions, la médecine, le métier artistique dont elle fait partie mais dont elle reste éloignée, les médias bien sûr, l’environnement, l’écologie… Restent quand même ses passions : l’astrologie et la littérature.
Celle qui fut l’une des égéries des années 60 nous fait découvrir une écorchée vive dont le mal être est constant et qu’elle vit dans une semi solitude.
Ce livre est fait de vérités, certes, mais qu’elle assène d’une façon péremptoire, des critiques souvent acerbes et l’on se demande si l’on doit la plaindre de vivre dans ce monde, entrer dans son jeu ou en rire tant ses propos sont quelquefois surprenants.
Mais elle a une grande qualité : elle écrit admirablement bien.
Même si elle va quelquefois trop loin.

Jacques Brachet