Quand on assiste à la représentation d’un opéra on ne sait pas, ou bien même onn’imagine pas tout ce qui se passe en amont; quels sont les moyens humains et matériels nécessaires pour en arriver au spectacle présenté.
C’est pour obtenir des réponses à ces questions que Monsieur Christian Prospérini président de l’AMOPA (Association des Membres de l’Ordre des Palmes Académiques), section du Var, avait convié des membres d’associations diverses pour une présentation de « La vie, le fonctionnement, la gestion, les spectacles et la programmation de l’Opéra de Toulon par son Directeur artistique, M. Claude-Henri Bonnet, et la musicologue de l’Opéra Mme Monique Dautemer.
Rappelons que l’Opéra de Toulon a déjà fêté ses 150 ans (inauguré en 1862), et qu’il compte parmi les plus beaux de France, qu’il a aussi été l’un des premiers à se servir du rouge et des ors pour son décor.
Dans la première partie Claude-Henri Bonnet explicita dans le détail toute la hiérarchie administrative de l’Opéra, puis le travail des différents corps de Métier.
Le Directeur artistique est celui qui gère, prévoit le programme, choisit les œuvres, les artistes, etc…
A la direction de l’opéra on trouve un Président, un directeur artistique et général, un directeur adjoint, un directeur musical qui est en même temps le chef d’orchestre, une directrice administrative et financière. Il y a entre 100 et 200 emplois à temps plein.
Pour les moyens artistiques : un orchestre de 32 musiciens qui peut être augmenté selon le besoin des œuvres, un chef de chœur et ses 27 chanteurs, un chef de ballet et ses 10 danseurs.
Pour les moyens techniques : un atelier de costumes/habillement, deux costumières, un chef perruquier, une chef maquilleuse.
Un atelier décor avec un chef décorateur, deux peintres décorateurs, et les ouvriers nécessaires.
Il faut ajouter le personnel de production, la régie, la sécurité, l’accueil, et la communication.
L’opéra de Toulon participe à de nombreuses coproductions avec le réseau lyrique français et européen.
Après avoir présenté son parcours personnel passant par la biologie, la marine nationale, les Opéras de Lyon, puis de Paris, c’est à dire 36 ans consacrés à l’Art Lyrique, Claude-Henri Bonnet, avec sa grande et vaste culture, qu’il émaille d’anecdotes plaisantes épicées à son humour, nous fit vivre toutes les étapes depuis le choix d’une œuvre jusqu’à sa présentation au Public. Le choix se fait parfois deux ans à l’avance.
Toulon, Marseille et Nice ont une réputation à part quant au public aficionado d’Opéra, qui fait que les programmateurs doivent en tenir compte. Il y a des œuvres qu’on ne peut pas présenter dans ces villes, sous peine de révolution ! Chaque année on nous propose sept opéras dont deux qui n’ont jamais été joué à Toulon.
Le choix de l’œuvre fait, il faut réunir les chanteurs, le metteur en scène, les décors et les lumières, le chef d’orchestre, résoudre 1000 problèmes. Cela fait, le Directeur fait passer une audition aux chanteurs, afin de vérifier s’ils ont bien la voix du rôle. Quant tout est réuni on passe aux répétitions : d‘abord au piano dans le Foyer Campra ; puis sur scène avec le metteur en scène et l’orchestre, pour aboutir à l’Italienne : répétition seulement musicale ; les Scènes et Orchestres : on répète le spectacle scène par scène ; la Pré-Générale : spectacle joué en entier, sans spectateurs ; la Générale : l’ultime répétition, spectacle joué sans interruption, devant le personnel, les familles et quelques invités ; et finalement la Première : Là, c’est parti, succès ou échec, c’est la première représentation publique.
Après la Dernière, on stocke les décors, les costumes, les enregistrements, les dossiers, en vue d’une possible réutilisation.
En deuxième partie, à laide de vidéos de Jean Paul Vasseur , vidéaste de l’opéra, Monique Dautemer nous fit assister à la réalisation du décor, des costumes, des coiffures de la « Cenerentola » de Rossini, avec force explications qui nous firent prendre conscience de l’énorme travail en amont. Puis à l’aide d’un second DVD on put voir des détails des 16 tableaux du Foyer Campra, commandés en 1922 à 16 peintres différents, qui représentent entre autres moult personnages du Toulon du XIX° et du début du XX° siècle, dont Henri Pastoureau, maire de 1897 à 1900, sur un commentaire pointu de Monique Dautemer, nous rendant proches et presque contemporains ces personnages. On admira les détails des becs à gaz d’époque, toujours accrochés aux murs. Et puis les détails du magnifique plafond (sans avoir à se casser le cou) de 15 mètres de diamètre peint par Louis Duveau (1818-1867) et qui représente 123 personnages issus du théâtre et de la mythologie.
Il ne restait plus qu’à aller voir in situ. Ainsi nous ne verrons plus l’Opéra avec le même œil, et surtout nous aurons en mémoire tout le travail produit pour notre distraction d’un soir.
Serge Baudot