La Londe-Samedi 20 décembre 2014 à 21h – Théâtre des Bormettes
Un concert à ne pas rater: Olivier Bogé est de passage à La Londe avec son fameux quartet : Olivier Bogé (s, p), Tony Paeleman (p), Nicolas Moreau (b), Karl Jannuska (dm), invité par « La Londe Jazz Club ».
Voici ce que j’en disais dans le revue » Jazz Hot » ((jazzhot.net) après son passage à « Jazz à Toulon » le 8 août dernier :
Sur la haute place Besagne quatre garçons entrent en scène, minces, élégants, discrets, rappelant un peu Les Beatles à leurs débuts. D’emblée le courant passe avec le public, un silence total se fait. C’est Olivier Bogé Quartet avec Tony Paeleman, qui a fait partie de l’ONJ, pianiste lumineux, sensuel, à l’aise dans le majeur-mineur, qui donne un prenant relief à ses impros mélodiques, il assez dans la mouvance Brad Mehldau, avec une curiosité musicale tous azimuts. Nicolas Moreau (b) joue dans la cour de Charlie Haden, expression minimaliste, son chantant, créant de merveilleux contrechants ou des répons au pianiste ; il se fond dans le jeu du saxophone, et à la batterie le sublime canadien, Karl Jannuska, un drumming foisonnant, extrêmement mobile, mélangeant les figures, jouant des dynamiques et des contrastes, capable de swinguer le martèlement rock, boostant le groupe sans cesse ; pas un seul solo, voilà qui est bien ; sa prestation est tellement riche que ce serait superfétatoire. Il est dans le prolongement de Brian Blade, la même richesse dans la litote. J’ose dire qu’il est le meilleur batteur que j’ai entendu depuis longtemps. Ajoutons qu’il joue avec le gotha du jazz, qu’il apparaît dans une septantaine de disques dont quatre comme leader. Olivier Bogé revenait chez lui à Toulon. Je l’ai connu tout gamin. Il a fait ses dents aux « Après concerts de Jazz à Toulon », aussi bien au piano qu’au saxophone.
Garçon assez timide il avait le culot de venir aux concerts avec son sax alto, et au rappel il demandait au leader s’il pouvait jouer avec le groupe. Je me souviens qu’à La Cadière d’Azur Bob Garcia l’avait laissé monter sur scène pour un morceau et lui avait dit de rester, tant il avait été impressionné. Depuis il a travaillé dur, il a affronté Paris, puis il est même allé faire un disque sous son nom à New-York « The World Begins Today (Naïve 2013) avec Tigran Hasmayan (p), Sam Minaie (b) et Jeff Ballard (dm), c’est dire s’il sait choisir ses batteurs ! Il est également un compositeur remarquable. Tous les morceaux du concert sont de lui. Une écriture basée d’abord sur la mélodie, le chant intérieur, avec un lyrisme ouvert à la façon des mélodies celtiques. Il a atteint sa maturité musicale dans un jeu d’alto avec un fonctionnement shorterien, un esprit coltranien, et quelque chose de la fragilité forte, de la décontraction, de Paul Desmond. Pas d’esbroufe, toujours dans le vif du sujet, à fond dans sa musique, partant dans de longues phrases extatiques. C’est dire que le concert ne pouvait être que de grand cru. C’est une musique de groupe, écrite, d’une mise en place irréprochable, avec le sens des nuances, des crescendos-decrescendos, et surtout du beau. Ces quatre garçons se connaissent, sont amis, jouent ensemble depuis quelques années, tout cela passe dans la musique. Olivier Bogé créa un grand moment d’émotion en se mettant au piano, car il est aussi un excellent pianiste, pour jouer un thème en l’honneur de sa fille : long chant jarrettien qui toucha la foule au cœur. On entendit beaucoup de morceaux inédits et remarquables, qui seront sur le prochain disque.
Formidable pour clore un festival, car ce fut un grand concert, le plus intense du festival ; rien que de la musique, de la grande, du vrai jazz d’aujourd’hui qui reste dans la lignée des origines, le batteur a des petits roulement new-orleans aux petits oignons, et ce genre d’événement, créé par des jeunes gens vous met le baume au cœur : on se dit que peut-être rien n’est perdu, quant à l’avenir.
Serge Baudot
Renseignements : news@lalondejazzfestival.com
Théâtre des Bormettes : Place François Belot, 83250 La Londe – tel : 04 94 01 53 10