Toulon – Théâtre Liberté…
En hommage à Serge Gainsbourg

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Jane Birkin-Serge Gainsbourg.
C’est une grande histoire d’amour, un couple aujourd’hui entré dans la légende comme Johnny et Sylvie et ce sont aussi nos années 60, même si Gainsbourg a démarré sa carrière avant ces années devenues mythiques.
Le jour où il est tombé amoureux de Jane, il en a fait aussi sa muse. Elle était très belle, il se trouvait laid mais à côté du physique, il y avait un génie des mots et de la mélodie même si, là encore, il aimait à dire que la chanson était un art mineur.
Les succès alors, se sont succédés à la vitesse grand V.
Et si Gréco ou encore Michèle Arnaud l’ont chanté  avant les « Yéyés », la déferlante n’était pas loin : Françoise Hardy, Dalida, Michèle Torr, France Gall, Pétula Clark, Isabelle Adjani, Catherine Deneuve, Anna Karina, Vanessa Paradis, Brigitte Bardot, Régine…. il les a toutes faites chanter.
Les « tubes » se sont enchaînés même si, éternel frustré, le succès pour le chanteur qu’il se disait être est, lui, venu très tard.
Il avait mis Jane sur un piédestal, elle l’aimait mais deux artistes aussi complexes ont fait qu’un jour ils se sont séparés. Ils sont restés très proches, Jane a continué à le chanter et la reprise de tous ses succès chantés de façon orientale, ont donné un spectacle qui a fait le tour du monde, preuve qu’il était de toutes les époques et que son « art mineur » est devenu un art majeur.
Et voilà que Jane repique au jeu de façon encore originale puisque elle lui dédie un spectacle à trois voix, avec l’aide de Michel Piccoli et d’Hervé Pierre, sociétaire de la Comédie Française, intitulé « Gainsbourg, poète majeur »

« C’est au départ – me confie Jane – une conversation avec Michel Piccoli qui, s’il ne chante pas, aime évidemment dire des textes. Petit à petit l’idée est venue de ce spectacle à trois pour prouver que l’œuvre de Serge n’était pas que des chansonnettes comme il aimait à dire mais qu’on pouvait dire ses textes comme des poésies.
Comment s’est fait le choix des chansons ?
Je pensais que ce serait difficile pour nous, alors; Philippe Lerichomme, qui est mon directeur artistique, a fait le choix pour nous. Il a « dispatché » ! Bien entendu, il y a des chansons d’homme, des chansons de femme et chacun a eu sa part. Moi je ne voulais pas seulement chanter les chansons qu’il m’avait écrites, ç’aurait été moins amusant; J’ai eu envie de reprendre des chansons écrites pour France Gall comme « Les sucettes » , « Poupée de cire, poupée de son », « N’écoute pas les idoles »…. ou encore « Sous le soleil » qu’a chanté Anna Karina. Philippe a trouvé les chansons qui s’adaptent à la voix et la personnalité de chacun comme « Comment te dire adieu » écrite pour Françoise Hardy et que dit Hervé Pierre par exemple.
Nous avons également un pianiste qui accompagne ces textes : Fred Maggi.
Est-ce que vous n’avez pris que des chansons connues ?
Il y a bien sûr les incontournables comme « Les dessous chics », « Comic Strip », « Les petits papiers », mais aussi « L’amour et le jeu », « L’amour sans amour », « Mambo miam miam ». En tout… comme par hasard… 69 chansons !
Nous disons donc chacun nos textes en solo mais aussi en duo, en trio, le tout orchestré de bout en bout par Philippe. C’est à la fois très classieux, très élégant, très spirituel. Ca ressemble à Serge.
C’est un spectacle qui va tourner ? Qui fera l’objet d’un CD ou d’un DVD ?
Rien de tout cela.
Au départ, nous devions juste faire ce spectacle au Théâtre Liberté de Toulon à l’occasion de la Fête du Livre. Les événements ont fait que je n’ai pas pu venir mais Michel Piccoli voulait vraiment qu’on le fasse. Alors nous l’avons repris en pensant le jouer seulement à Toulon mais une dizaine de date s’est greffée jusqu’aux alentours de Noël. C’est un spectacle éphémère et il n’y aura ni CD ni DVD. »

Alors un conseil : courez le voir au théâtre Liberté ce dimanche 16 novembre à 17 heures.
Gainsbourg dit par trois voix, c’est d’abord une grande première puisque, en pleine répétition lorsque j’ai eu Jane au téléphone, ils vont débarquer dimanche à Toulon. Et tous les ingrédients sont unis pour faire de ce spectacle un moment de poésie unique.
« Je suis heureuse – me dit encore Jane – de revenir à Toulon où j’ai beaucoup d’attaches et de souvenirs »
Nous aussi, Jane, nous sommes heureux de te revoir.

Jacques Brachet