ZIZE-GIGI… Rencontre avé l’assent !

Deux pseudos très courts : Zize et Gigi.
Zize, c’est Thierry Wilson, garçon discret s’il en est qui, sous sa perruque à la Marilyn Monroe, possède la gouaille et l’accent qui viennent du quartier du Panier à Marseille.
Gigi, c’est Ghislaine Lesept, Toulonnaise bon teint qui appelle un chat un chat, qui a fière allure et mène son théâtre de la Porte d’Italie avec sa force tranquille.
Toutes deux, malgré leur accent à couper au couteau, ont créé un personnage haut en couleur dans des « seule en scène » plein de drôlerie, d’humour, d’énergie et chacune est devenue comédienne dans des pièces qui ont fait rire des salles pleines à craquer.
Les voilà réunie, Gigi recevant Zize pour son nouveau spectacle,  dans son théâtre toulonnais.
Entre les deux c’est une belle complicité. Zize, en dehors de Marseille, a démarré à Toulon, invitée par Gigi et une amitié est née. Et même, alors qu’elle remplit de grandes salles, elle revient toujours à la Porte d’Italie. La voici donc pour tester son nouveau spectacle de la rentrée, qui sera le quatrième et qui s’intitule « Irrézizetible » !
Et ce nom est on ne peut plus judicieux tant Zize y est à la fois drôle, acerbe, coléreuse, d’autant qu’elle a le mimosa qui s’est déclenche (comprendre : la ménopause !), que son mari, qui a découvert le viagra, la perturbe en pleine nuit, après avoir recommencé à se laver,  qu’ayant un oignon au pied elle va voir un médecin qui va s’occuper d’un autre oignon. Normal, elle tombe sur le beau docteur Simon Labitte, qui habite rue Escartefigues et qui est… gynécologue ! Elle va sur un ehpad, au lieu d’un IPad, pour se chercher un mec, voudrait passer à la chirurgie esthétique mais après avoir vu quelques stars défigurées, elle change d’avis.
Mais le comble c’est lorsque son fils lui annonce qu’elle va devenir mémé !
Bref, tout le spectacle est de cette veine et l’on sort de là avec les zygomatiques en compote !
Après avoir reçu tous ses fans, qui sont de plus en plus nombreux, nous nous retrouvons dans l’intimité de la loge avec mes deux complices amies (ou amis !) pour une conversation croisée.

« C’est la première fois que je vous rencontre toutes les deux et ça fait pourtant des années que vous vous connaissez !
Zize : Oui, je jouais à Marseille sur le vieux port, c’étaient mes tous débuts, je n’avais jamais joué ailleurs. Gisèle est venue voir mon spectacle et m’a proposé de venir jouer à la Porte d’Italie. C’était pour le réveillon de la Saint-Sylvestre.
Gigi : Et elle a joué quatre fois à guichets fermés !
Et aujourd’hui tu joues dans de plus grandes salles !
Tu sais, j’ai commencé dans des cabarets, dans des salles minuscules et je n’ai aucun problème avec ça. Il y a trois mois, j’ai joué au Dôme de Marseille devant 4.000 spectateurs, c’était magique, le lendemain je jouais à côté de Lille devant une salle de 90 personnes.
Vous avez plein de points communs. Vous êtes méridionales, vous avez gardé l’accent…
Zize : Oui, et ce n’était pas gagné au départ…
Gigi : C’est vrai car avec nos accents, sortir de la région ce n’est pas si facile que ça.
C’est encore un problème aujourd’hui ?
Zize : Oui mais je pense que le rejet ne vient pas du public. Il vient des programmateurs, des organisateurs et surtout ceux de la télé qui pensent toujours que ce n’est pas vendeur, pas commercial. Un exemple : de  tous les comédiens de la série « Plus belle la vie », il n’y en a pas un qui ait l’accent… Et ça se passe à Marseille ! D’ailleurs, la production m’a contacté et veut que je gomme mon accent ! C’est hors de question et dans ce cas je ne le ferai jamais. On me prend comme je suis ou on me laisse !
Et toi, Gigi, tu as eu le même problème ?
Eh bé, mon plus gros carton, je l’ai fait à Lille !!! Le public était mort de rire et j’ai été surprise. Ce qui veut dire que le public accepte – mieux – aime les accents car tout le monde a un accent. Et puis, il fait partie du spectacle, que ce soit un one woman show ou une pièce de théâtre.
Zize : Gigi a raison. L’un des premiers spectacles que j’ai fait c’est la fête du poisson à Boulogne sur mer !  Et ils ont adoré mon accent. Mais partout où on va, on aime notre accent. En plus, ça fait partie de notre personnalité, du personnage qu’on a créé. D’ailleurs, quelquefois, après le spectacle, les gens sont surpris que mon accent ne soit pas le même mais alors je lui parle normalement avec ma voix et mon accent !
Autre point commun…
Zize : La fidélité !
Ça c’est sûr, mais du « Seule en scène », vous êtes passée au théâtre.
Gigi : C’est très différent, c’est beaucoup plus stressant lorsqu’on est seule sur scène et c’est peut-être plus gratifiant. Mais au théâtre, j’ai la chance d’avoir de bons partenaires, c’est une équipe, une famille qui se forme. Et puis moi, j’ai toujours alterné les genres.
Zize : Jouer avec quelqu’un, c’est magique lorsqu’on s’entend formidablement bien. Avec Didier Constant on s’amusait beaucoup, ça a été une très belle expérience mais pourtant, je ne sais pas si je le referais…

Pourquoi ?
Parce que je suis très bien seul sur scène, je m’amuse beaucoup, je suis libre de faire ce que je veux, il n’y a pas d’obligations comme la mise en scène, les déplacements, les entrées et les sorties… Le théâtre, c’est la course, sans compter qu’il avait le décor, un escalier, quatre changements de costume, c’était énorme, il y avait deux personnes en coulisses pour nous aider. Et on était suivi par un camion avec le décor à monter. Alors que là, on arrive avec le régisseur et un décor tout simple. Ça coûtait beaucoup d’argent même si tous les soirs c’était magique. On a fait plus de trente représentations à guichets fermés
Et toi Gigi ?
Moi ça me plait bien d’alterner les deux. Le problème, comme le dit Zize, c’est qu’au théâtre, le décor, les comédiens, ça coûte de l’argent et comme je ne veux pas payer les artistes au rabais, automatiquement ça revient très cher par rapport au one woman show. De plus, j’aime écrire des pièces. Mais c’est  financièrement c’est différent !
Zize : Il faut dire que les producteurs cherchent la rentabilité. Soit ils prennent un grand nom comme Josiane Balasko ou un chanteur connu, mais lorsqu’on prend un de ces artistes, on éponge tout le budget et il ne reste plus grand-chose pour les autres.
Du coup, le retour sur scène pour les deux, c’est solo !
Zize : Oui, je me sens bien seul. Peut-être qu’un jour je repiquerai au jeu. D’autant qu’on me propose beaucoup de choses. Entre autres on m’a proposé de mettre en scène une pièce avec Chantal Ladesou, et bien sûr, ce projet me plaît mais pour l’instant je préfère me concentrer sur ce quatrième volet des aventures de Zize.

Et toi Gigi ?
Je suis en train d’écrire et au départ, je ne savais pas si j’allais écrire une pièce ou un seule en scène car il y a plusieurs personnages qui interviennent. Mais peu à peu, ça s’est imposé à moi, d’abord parce qu’avec tous ces personnages, ce n’était pas viable financièrement. Alors j’ai décidé d’interpréter tous  les personnages, ce qui n’est pas si facile car à chaque fois, il faut changer de voix, de ton, afin que le public comprenne quel est le personnage que j’interprète.
Donc Zize, toi, tu continues tes aventures…
Déjà dans « La famille Mamma mia, Zize en avait un peu marre de son mari et avait tendance à un peu s’oublier. Là, elle n’a plus confiance en elle, elle a vieilli, elle a ce problème de mimosa, la ménopause étant une remise en question pour une femme et le coup de grâce, c’est qu’elle va être « mémé »…
Gigi : En fait, toi comme moi, nous parlons de choses qui concernent tout le monde !
Zize : Oui, hier soir une spectatrice m’a avoué : « Ce que vous dites à votre fils, j’ai eu envie de le dire à mes enfants »
Et toi, Gigi, ton spectacle ?
Il s’intitule « Il n’y a pas quele sapin qui a les boules » ! Je suis la secrétaire du docteur Barbaque qui doit faire patienter les gens car il est parti sur une urgence. Le lendemain il y a un repas de famille à qui je vais raconter l’histoire à ma sœur qui est c.. comme un balais, mon frère qui a l’énergie d’une limace en fin de vie, sa femme qui est une bimbo, qui a un fils gay dont je suis la marraine, la grand-mère avec un accent pied noir, dont le mari qui vient d’avoir un AVC… Bref, une famille Mamma mia à ma façon ! »
Voilà. Les deux amis-amies se sont retrouvé(e)s et je suis heureux, alors que je les ai souvent rencontrées seules, d’avoir les deux complices face à moi. Ça a été un vrai grand plaisir. Et on les retrouvera à la rentrée dans leur nouveau spectacle… On s’en délecte d’avance ! Jacques Brachet
Photos Alain Lafon