Et un César pour Karim Leklou !

Un regard d’un bleu infini, qui ne lâche pas le vôtre, qu’on ne peut pas lâcher non plus tellement il est intense.
Il nous séduit par sa gentillesse, sa simplicité et sa façon lucide de voir le cinéma.
C’est Karim Leklou, qui vient d’obtenir le César du meilleur comédien pour le film d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu pour « Le roman de jim », César enfin mérité après le César du meilleur espoir et celui du meilleur second rôle !
Un rôle dans lequel il est magnifique d’émotion, qui se retrouve spolié d’un enfant qu’il a élevé auprès de sa mère, abandonnée par le père biologique et qui revient, une décennie plus tard, le reprendre avec la femme à laquelle il s’est aussi attaché. C’est un film poignant, jamais larmoyant, dans lequel il garde une sagesse, une humilité, une résignation envers ses êtres qu’il aime et qu’on vient lui arracher.
Karim était venu nous présenter le film au Six N’Etoiles et il nous avait à la fois tellement charmé et ému qu’on avait envie de devenir son ami.

« Karim, votre personnage est un vrai gentil… Trop gentil ?
Je dirai que c’est quelqu’un de résilient. C’est vrai que c’est un homme gentil mais qui ne s’apitoie pas sur lui-même, quelqu’un qui fait face. Il n’a pas une forme de passivité mais il fait comme il peut, comme d’ailleurs tous les personnages du film. Ce sont des gens qui ne sont pas plus intelligents que l’histoire qu’ils vivent. C’est ce qui m’a touché dans le scénario car il y a une qualité assez rare : c’est un personnage qui n’a pas forcément un changement d’étape psychologique très important mais qui, par sa gentillesse, risque de perdre une part de sa vie. A mon avis c’est très fort. Ce qui m’a plu également c’est qu’à un moment tout peut dérailler.
Le personnage accepte quand même beaucoup de choses sans broncher !
Au départ il tombe amoureux et du coup il reçoit cet enfant qui n’est pas de lui. Ce n’est pas le plus beau jour de sa vie mais il accepte d’en être le père. Il y a plein d’étapes qui font qu’il va aimer ce gosse qui n’est pas au départ programmé dans sa vie. Il fait avec la réalité du moment. Il vivra sept années idylliques dans ce cadre magnifique du Jura.
Comment définiriez-vous le film ?
C’est un film social, c’est un grand mélo, c’est un film romanesque, c’est un film d’amour, c’est aussi peut-être un film politique car ça parle de ces liens qui se tissent sans qu’au départ ce soient des liens familiaux. C’est un film de la France d’aujourd’hui que je suis très heureux de défendre car je crois que je n’avais jamais défendu cette notion de gentillesse et de douceur dans un film qu’au départ je ne me sentais pas légitime d’être.
Je dois vous avouer que, même dans d’autres films, j’ai toujours été subjugué par votre regard dans lequel, sans rien dire, vous faites passer tellement de choses !
Merci maman ! Merci à vous aussi car ce que vous dites me touche. Mais je crois que c’est aussi un travail de tout le monde.
Vous parlez toujours des autres, pas de vous !
Oui mais le regard ça dépend aussi du chef opérateur, de la façon qu’il a lui-même de vous regarder. Comment il vous filme et ce qu’il perçoit de vous. Il y a aussi l’importance des silences, des regards. Personne n’a rien inventé depuis Chaplin ! Il y avait toute l’universalité que je retrouve dans ce film. C’est un film qui ne va pas dans l’artifice. Propos recueillis par Jacques Brachet
Photo Alain Lafon