
Un monde de folie à la Batterie du Cap Nègre de Six-Fours, en ce 25 février.
Un peintre célèbre ? Que nenni, un comédien célèbre !
Mais qu’est-ce qu’un comédien fait-il là ? Tout simplement parce qu’il est aussi photographe… Et quel photographe, puisqu’il a choisi de photographier… Des coquillages !
Ce photographe se nomme Pascal Légitimus, Inconnu bien connu et surtout populaire. La preuve : le monde qui se bouscule à l’exposition, ce qu’on voit rarement… Mais c’est la rançon de la gloire !
On découvre alors un photographe de talent, amoureux des coquillages depuis des années, que cet homme des îles photographie avec amour.
Et l’on découvre de superbes animaux qu’il photographie, non seulement avec talent mais avec l’œil du metteur en scène qu’il est aussi.
Ainsi trouve-t-on un coquillage sur une tige de rose, un autre posé sur un rond blanc façon omelette et bien d’autres photos singulières, originales, poétiques, inattendues, insolites, pleines de lumière, mais aussi d’humour.
Le rencontrer a été le parcours du combattant, tant il a, dès son arrivée, été happé par le public qui voulait un selfié ou un autographe… Et même pendant notre rencontre, des gens impolis viennent nous interrompre pour juste lui dire qu’ils le connaissaient depuis des années !
Mais bon, on est arrivé à s’isoler (un bien grand mot !) pour discuter avec lui.
« Je suis, non pas surpris, de voir tout ce monde mais je sais que c’est avant tout pour me voir « en vrai », plutôt que de découvrir mes tableaux ! »
Durant le discours d’ouverture, il souhaite le bonjour au public dans toutes les langues, même en chinois, « qui est aujourd’hui la langue qu’il faut parler… Plus que l’arabe, qui vous mène tout droit en prison !!! ».
Six-Fours est seulement sa quatrième exposition et elle restera aux cimaises du Cap Nègre jusqu’au 9 mars.« Comment est venue cette façon de vous exprimer, Pascal ?
Depuis toujours, je collectionne les coquillages. J’en possède quelque 250. Je trouvais ça tellement joli que j’ai eu envie de les prendre en photos. Mais pour moi car au départ c’est un projet personnel,
C’est une manière de m’exprimer parce que j’ai des choses à dire autrement que dans une pièce de théâtre. Du coup mes amis ont découvert ces tableaux. Ils pensaient alors qu’ils venaient d’Ikéa ou de Maison du Monde car ils n’étaient alors pas signés. Quand ils ont su que c’était moi, ils ont voulu m’en acheter un. Ce que j’ai refusé. Ils m’ont alors demandé de leur en donner un. Ce que j’ai aussi refusé. Alors ils m’ont dit d’en faire une exposition. Du coup j’ai trouvé l’idée sympathique, je me suis dit que j’allais continuer sur la lancée, j’en ai choisi 150, les plus structurellement et architecturalement, les plus agréables à regarder. Ça a commencé comme ça.
Et les expos sont arrivées ?
J’en ai fait une à Marseille, une à la Rochelle. Ici, il y a une trentaine de photos mais il y en a 150 sur mon site artimusphotogragraphy.com, que l’on peut acheter. Toutes les toiles sont numérotées.
Vous continuez à collectionner ?
Bien sûr. Je le fais toujours. En fonction de mes voyages dans le monde entier, je vais sur les plages les ramasser, les pêcher, soit je deale avec des locaux et je les prends en photo en direct. Après je me suis dit que j’allais faire un projet sur les quatre saisons. J’ai ainsi pris, par exemple, des coquillages en pleine neige et ça donnait des choses vraiment particulières, surtout qu’après renseignements je n’ai pas trouvé un photographe qui mettait en scène des coquillages. C’est vraiment un projet particulier et personnel et puis, je trouve ça joli parce que, avec les temps qui courent, vu que cette société devient anxiogène, je trouve intéressant d’avoir des images chez soi qui sont positives et qui nous emmènent ailleurs.
Et pour les gens qui n’ont pas d’argent pour voyager, c’est une fenêtre !
Et vous les signez !
Oui. Alors, détail très important, les photos ont été exposées à Drouot, elles ont une côte et les personnes qui les achètent, c’est comme un héritage parce que ça a de la valeur. Donc, quand je serai mort – pas tout de suite ! – vous aurez quelque chose qui prendra de la valeur !
Et pourquoi signer Légitimus Pascal ?
Parce que je m’appelle comme ça !
Oui, mais en principe un met le prénom avant le nom !
Parce que mon nom est plus connu que le prénom.
Ces photos, où ont-elles été faites ?
Tahiti, Nouméa, les Seychelles, les Antilles, partout dans le monde entier parce que ça fait cinquante ans que je voyage.
L’idée de les mettre en scène, ça vous vient du théâtre ?
Pas spécialement mais trouve banal de les photographier tout bêtement. Créer visuellement quelque chose d’assez remarquable, dans le sens propre du terme, je trouve ça intéressant. Par exemple, sur une photo, il y a une vraie fraise et un coquillage qui ressemble à une fraise. Et je trouve intéressant de les photographier ensemble. Il y en a une autre que j’ai photographié dans une poubelle, en plein hiver, avec une épaisseur d’un centimètre de glace sur laquelle j’ai posé le coquillage dessus, ce qui donnait un joli reflet.
J’ai beaucoup d’imagination et ça sert mes photos

Alors, aujourd’hui vous commencez à faire pas mal d’expos. Est-ce à dire que vous éloignez un peu du théâtre ?
Non, je vais faire ces expos dans les villes côtières car ça me semble avoir plus de sens que de les faire dans l’Aubrac…
… Et pourquoi pas ?
Oui, en fait, peut-être même que ce serait beaucoup mieux mais je vais là où l’on me fait des demandes pour le moment.
C’est donc le succès !
Eh bien, le fait de m’avoir avec l’expo, même si je ne suis pas un coquillage, je suis quand même une curiosité et je pense que tout ça est de l’affection. Avec les Inconnus, on a fait du bien aux gens, et même individuellement et aujourd’hui ils nous le rendent et en fait, ça permet aux gens d’avoir un peu de moi chez eux !
Donc vous ne quittez pas le métier d’acteur ?
Non. Je viens de jouer un an sur scène à Paris « Le Duplex », avec Francis Perrin, Anny Duperey et Corinne Touzet. Il va y avoir une tournée dans toute la France de mi-septembre à mi-décembre 2025. Et puis j’ai un projet dont je ne peux parler ».
On est obligé d’écourter la rencontre, le public étant impatient, et s’immiscer dans l’interview ne les gênant pas !
Reste à découvrir cete très belle expo qui dure jusqu’au 9 mars à la Batterie du Cap Nègre.
Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Monique Scaletta