Gilles DREU… Une alouette s’est envolée

Tournée Âge Tendre

C’est en 68 que Gilles Dreu explose avec « Alouette, alouette ».
Et c’est cette année-là que je fais sa connaissance lors d’une tournée que je suivais avec Sylvie Vartan en 68.
Le garçon était d’une grande gentillesse, très discret et surtout très heureux de son succès.

Tournée 68

La même année il se retrouvait à l’Olympia, dans le spectacle d’Yvan Rebroff, cet immense chanteur russe à la voix de stentor.
De là, durant un temps, il accumula les succès comme « Descendez l’escalier », « Pourquoi Bon Dieu ? », « Ma mère me disait » que Dalida lui emprunta.
C’est grâce au producteur Norbert Saad, qui produisait Hugues Aufray, que tout a commencé et Jean-Paul Chapuisat devint alors Gilles Dreu du nom de la ville où il est né : Dreux, le x en moins. C’est François Deguelt qui fut son parrain de chanson, parrain qu’il retrouva sur les fameuses tournées « Âge Tendre », où je le retrouvai avec plaisir tant il avait gardé sa gentillesse et cette voix si particulière.
Durant ces dix années de tournées, nous nous retrouvions avec un autre chanteur : Alain Turban  qui devint un ami et dont l’Ardèche devint notre lieu de résidence.
En effet, Ardéchois « Cœur fidèle », j’y ai ma maison de famille,  Alain me dit qu’il vivait entre Montmartre et cette région qui est la mienne et qui est devenue la sienne. Ce qui fit qu’on s’y retrouvait, n’étant pas loin l’un de l’autre.
Un jour, invité comme journaliste pour le spectacle « Super mamies » qui se déroulait à Vals-les-Bains, j’y retrouvais dans le jury des amis comme Fabienne Thibeault, Thierry Wilson, alias Zize du panier, Alain Turban et… Gilles Dreu qui était devenu un habitant de cette ville thermale.
Nous étions donc en bonne compagnie.

Super Mamie avec Thierry-Zize et Sophie Darel
Avec les super mamies, Zize et Christian Montagnac (Cie Créole)

L’été dernier nous devions tous les trois nous retrouver à la ferme de Marc Moutet qui a créé une scène où passent de nombreux artistes dont me deux acolytes.
Hélas, la femme d’Alain était malade et Gilles était déjà affaibli par le cancer.
Rendez-vous en partie raté puisque nous nous sommes retrouvés seuls avec Marc.
Gilles et Alain étaient devenus très amis et ont très souvent partagé la scène. Ils ont même enregistré  un CD avec des chansons, qu’ils ont écrites : « Saint-Pierre-du-Chemin », « Des plumes et ma guitare avec » et cette superbe chanson du québécois Raymond Levesque « Quand les hommes vivront d’amour »

A l’Olympia avec…
… Alain Turban

Gilles avait donc 90 ans et avait fêté ses 80 ans en nous offrant une compilation de ses succès dont, pour la circonstance une chanson de circonstance que lui avait offert Didier barbelivien « 4 fois vingt ans ». On y retrouvait de beaux noms d’auteurs-compositeurs comme Pierre Delanoé, François de Roubaix, Yves Desca, Jean-Pierre Bourtayre, Jacques Datin, Alice Dona, Vline Buggy, Boris Bergman, Jean-Michel Rivat, Franck Tomas… Bref, le nec plus ultra de la chanson française, avec ce très beau duo qu’il partageait avec notre amie Nicole Croisille : « Moïse ».
Les années Âge Tendre s’amenuisent de plus en plus… Ah, nostalgie, quand tu nous tiens !
Je garderai le souvenir d’un homme simple, discret, peut-être trop mais tellement gentil.
Je suis heureux de l’avoir connu mais peut-être pas assez pour en devenir un ami.
Et je le regrette.

Jacques Brachet