Un homme, une femme- Episode 1
Luc PATENTREGER & Aliénor de CELLES

Lui, c’est le président du festival « Femmes ! » qui s’est déroulé sur plusieurs villes varoises.
Elle est l’auteur de cette originale affiche qui a accompagné le festival.
Pour clore en beauté cette magnifique manifestation, nous avons réuni nos deux amis dans l’atelier magique d’Eliénor de la Seyne « Simona de Simoni », bien caché dans une ruelle synoise, 16, rue Evenos, l’une pour parler d’elle, lui pour parler… de lui et faire un point sur ce festival  pour lequel j’ai eu l’honneur d’être juré.Luc Patentreger : « Je suis un universaliste »
« Luc, 23ème édition de ce festival que tu présides et qui fut cette année un grand succès !
Oui, le film a duré presque un mois, nous avons fait 5.200 entrées, c’est la meilleure édition et au niveau  des diffusions de films, des spectacles et des animations off, nous avons fait très très fort, nous avons des retours très intéressants, que ce soit du public, des institutionnels, des artistes invités. Ça a été une très belle édition.


Tu n’as pas choisi la facilité : Un mois, de multiples lieux…  Comment arrive-t-on à tout concilier ?
La première étape est de trouver le thème de l’année. Cette année ça a été les femmes artistes. La seconde fut de trouver l’artiste qui allait illustrer l’affiche,  ce qui était une innovation puisque depuis le début nous avions le même graphisme. C’est Aliénor qui fut l’artiste élue, ce qui a très bien été perçu puisque les gens ont adoré. La troisième étape – et non la moindre ! – fut bien sûr de trouver les films. Au sein de l’association, nous avons un comité de sélection. Nous avions les films fin juin, un panel de 50 films choisis parmi les 200/250 films vus. Et c’est toute l’équipe qui choisit les films à présenter au festival.
Comment cela fonctionne-t-il pour arriver à ce choix ?
Nous sommes beaucoup aidés par Noémie Dumas, directrice du Six N’Etoiles de Six-Fours qui est au courant de tout ce qui se tourne et pour le choix des avant-premières présentées. Cette année nous en avions sept.
Autre innovation : un jury !
Oui, nous avons pensé qu’il serait bien de créer, en parallèle avec le prix du public, un prix d’un jury de professionnels en incorporant les sept avant-premières.
Ca a très bien fonctionné et nous avons eu l’idée d’y ajouter l’an prochain un prix pour une comédienne.*
Et après ?
Après… Juillet/août, c’est là où je m’enferme dans ma tanière où je prends seul les décisions, aidé de quelques personnes, dont mon épouse, Martine et c’est peut-être aussi le moment le plus important : trouver les bons films dans les bonnes salles et aux bons horaires. Nous avons quatre villes différentes, six ou Sept salles différentes, et des publics complètement différents. Chaque salle a son public. Il faut des films qui s’adaptent au public, à la salle et aux événements que nous mettrons autour des films. L’idée également, c’est d’imaginer le mélange, la mixité de la population.
C’est un défi.

Donc, l’été, pas de vacances, pas de bronzage, pas de mer !
Si… Je cogite en marchant beaucoup car je suis avant tout un marcheur, plus qu’un nageur !
Comment toi et ton équipe visionnent autant de films ?
Déjà, il y a le thème. Nous avons, le comité de sélection et des bénévoles qui font des propositions de films. Je ne fais pas partie du comité de sélection pour découvrir les films comme le public. Le problème est que je ne vois pas certains films, s’ils sont sélectionnés, je ne peux pas en parler. Il faudra donc que je les vois où que je trouve quelqu’un pour les présenter.
Mais encore ?
Il y a les plateformes,  mais aussi dans les festivasl car certains, comme Mireille Vercellino, vont à de nombreux festivals, il y a bien sûr le Festival de Cannes et aussi Noémie Dumas qui nous fait des propositions.
C’est cette alchimie de bénévolat qui fait qu’un choix se dessine.
Et les films sélectionnés ne sont pas faits que par des réalisatrices ?
C’est un choix parce que je pense que les hommes ont aussi des choses à dire pour les droits des femmes. C’est donc une vision mixte. Déjà en tant que président et homme donc, je pense que ce combat du droit des femmes doit être porté ensemble. Je suis un universaliste, je suis Charlie et c’est ensemble que nous devons combattre.
Les thèmes choisis sont aujourd’hui moins militants, plus ouverts qu’avant. L’amour, la résilience, les femmes artistes, les droits des femmes passent aussi par tous ces éléments.
Le thème de l’an prochain ?
Je ne peux pas encore le dire !

Comment se fait-il que ce soit un homme président d’un festival féminin ?
Il y a 23 ans, c’est moi qui ai créé ce festival. En tant que médecin et psychanalyste, je me suis toujours posé beaucoup de questions sur les problèmes des femmes. De plus, j’ai vécu dans un univers de femmes et j’ai pu voir leurs problèmes. Durant mes études j’ai découvert toutes les problématiques de mes copines souvent agressées par des mecs, je trouvais ça insupportable. Je suis aussi un enfant de Mai 68, donc écolo-féministe, le planning familial. Devenu médecin, j’ai écouté beaucoup de femmes. Et puis il y a eu la fermeture des chantiers navals et là j’ai encore découvert des femmes dont les maris avaient perdu leur boulot, qui étaient alcoolisés, brutaux, dépressifs, qui les frappaient, avec les enfants au milieu de tout ça. J’ai vu la misère de la condition des femmes.
Avec mon côté militant, devenu adjoint à la Culture, (dix mois, car le maire m’a viré !) l’idée m’est venue de faire un festival dédié aux femmes.
Lorsque, en 2001, j’ai rencontré Loucha Dassa qui avait créé les rencontres « Cinéma et femmes » nous avons décidé de créer ce festival.
En 2020, le covid approchant, il était impensable de réaliser le festival. Elle a décidé d’arrêter le festival. Et je l’ai donc repris avec toute l’équipe ». Et l’on voit ce que ça a donné… Succès amplement mérité avec cette équipe magnifique qui l’entoure et qui nous promet encore des moments intenses de cinéma autour d’une cause on ne peut plus défendable : la femme.

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon
* Prix du jury : « Mon gâteau préféré » de Maryam Moghadam et Behtash Sanahaeeha
Prix du public : « Prodigieuses » de Frédéric et Valentin Potier