Dans le cadre du festival « Femmes ! », Emmanuelle Béart et Anastasia Mikova, brisent le silence : l’inceste, avec ce film bouleversant « Un silence bruyant ».
Toutes les deux ont décidé de faire parler des victimes sur ce sujet qui reste encore hélas, tabou sinon nié mais qu’elles ont décidé de révéler au grand jour en rencontrant des victimes – hommes et femmes – pour parler des effets destructeurs qui ont bousillé leurs vies, en particulier Emmanuelle Béart qui en a été victime.
Ces personnes marquées à vie avouent avoir eu peur d’en parler, pire d’en parler sans que leurs propres familles les croient ou préfèrent rester ans le déni, pour sauver les apparences.
Témoignages poignants de ces victimes qui vivent toujours dans la peur ou la honte, qui ne se remettent jamais de ce crime, souvent accompagné de viol, qui les laissent anesthésiés et qui auront toute leur vie à vivre « avec ».
Ces deux artistes, l’une réalisatrice, l’autre comédienne, nous offrent de remarquables témoignages de ceux qui « osent » en parler, car ça leur est à la fois très difficile de revenir sur ces actes qui les ont démolis à jamais mais c’est aussi un courage et une force, de pouvoir être enfin écoutés sans paraître les coupables. Et peut-être aussi délivrés… Encore que…
Ces actes sont révoltants mais la justice aussi peut être révoltante lorsqu’on voit souvent le peu de cas qu’elle fait de ces déclarations, aussi bien d’enfants que d’adultes qui ont un mal fou à se faire entendre, prenant souvent ces aveux comme des affabulations ou prétextes à se faire remarquer.
Ces deux magnifiques artistes ont osé briser les tabous en faisant ce film qui nous émeut, qui nous révolte, qui nous glace.
Et que le festival « Femmes ! » nous a présenté au Six-N ’Etoiles en la présence d’Emmanuelle Béart
En attendant Emmanuelle…
Nous devions nous rencontrer à 19h30. Mais à 20h, les discours de Luc Patentreger, président du festival, de Jean-Sébastien Vialatte, maire de Six-Fours et de Noémie Dumas, directrice du Six N’Etoiles se sont faits sans elle, avant qu’elle n’arrive, le regard bleu Méditerranée, sinon triste, du moins absent, sans un mot pour personne. A-t-elle souri ? On ne le sait, la moitié de son visage étant recouvert d’une écharpe qu’elle n’aura enlevé que pour aller vapoter sur la terrasse avec une amie et grignoter quelques petites choses qui étaient proposées aux invités. Pas un mot pour personne.
Donc… pas d’interview, qu’elle a d’ailleurs refusée en précisant qu’il y aurait un débat après la projection du film.
Mais le film, nous l’avions vu la veille afin d’en parler avec elle. Le public aura eu plus de chance que nous ! Dommage.
Jacques Brachet
Photos Alain Lafon