Christine MANGANARO, femme de musique et de passion

Cela fait 30 ans que nous nous connaissons.
Nous avons été voisins, nous promenions notre chien ensemble (Ça crée des liens !) puis en tant que journaliste j’ai suivi ses pérégrination musicales, un coup chanteuse, un coup responsable communication.
Elle a une pêche, une énergie folles, elle est belle et elle a une voix exceptionnelle, qu’elle chante Croisille ou Sanson, Scorpions ou Percy Sledge, France Gall ou Aretha Franklin, Amy Winehouse ou Santa… Et j’en passe.
Elle a une tessiture et une puissance incroyables dans la voix.
Elle était ces jours-ci en concert à la crêperie le Saint-Malo à Six-Fours où elle a fait le plein.
Une occasion de se retrouver et faire un portrait de cette femme qui aurait pu faire une belle carrière mais que ça n’intéressait pas particulièrement car sa vie c’est chanter donner et se donner du plaisir.

« La chanson… Comment ça a commencé ?
Très tôt. En fait, ça a commencé par la musique grâce à un papa mélomane qui touchait à n’importe quel instrument, petite j’ai bien sûr hérité de ça, dans la famille on adore chanter, danser… J’ai baigné dans cet esprit festif et musical et puis un jour, j’ai vu quelqu’un jouer de l’orgue Hammond comme Rhoda Scott, j’ai eu envie de jouer de cet instrument et ça m’a beaucoup plu. J’ai appris à en jouer sans faire de solfège, tout d’oreille et j’ai commencé à composer des chansons et à chanter mes textes. J’avais 12/13 ans et dans les fêtes de famille il fallait que je chante !
Mais bon, ça n’allait pas encore très loin ?
Un ami de la famille, qui était chanteur professionnel m’a écouté et m’a conseillé d’aller plus loin. Il m’a prise avec lui dans des spectacle et c’est comme ça que j’ai démarré « officiellement ».
Vers 16 ans je devais payer mes études, j’ai cherché un job au pub Saint-Michel à Paris, à côté de Notre-Dame. C’était un café-concert  à l’époque – on était en 85 – et les musiciens alors tournaient de cafés concert en cafés concert jouaient dix morceaux et changeaient de lieu, se faisaient rémunérer au chapeau.
Et toi dans ces lieux ?
Dans l’un deux j’étais serveuse, il y avait un pianiste et une chanteuse que j’admirais, je suis allée les voir, leur ai demandé si je pouvais chanter quelque chose. J’ai chanté du Véronique Sanson et j’ai commencé comme ça.  Les patrons qui m’ont entendue, m’ont proposé de chanter un quart d’heure chaque soir. A l’étage il y avait une brasserie et les gens descendaient pensant que c’était Véronique Sanson !

Et alors ?
Ça m’a donné de l’assurance, j’ai commencé à faire la tournée des piano bars, j’animais des karaokés et je prenais un plaisir énorme à chanter, à partager. J’ai toujours chanté pour le public, jamais en me regardant le nombril ou à me prendre pour une diva ! Je donne autant que je reçois, je reçois autant que je donne. C’est pour ça que je chante, c’est la communion du cœur.
Tu étais donc parisienne… Ça te gène, ça te gène ??
(Elle rit) Non mais je n’aimais pas la vie parisienne. J’étais mariée à un policier qui s’est fait muter dans le Sud à ma demande car j’en avais marre de Paris. J’étais alors journaliste à Paris pour le Parisien mais lorsque j’ai eu ma fille j’ai eu envie de quitter la capitale
Et te voilà à Six-Fours ! 
Oui. J’étais OK pour arrêter un temps le journalisme… mais pas la chanson.
J’ai écumé les petites annonces pour trouver un groupe et je suis tombée sur l’orchestre Eclipse, j’ai découvert ce qu’était le baloche et j’ai adoré. Nous étions une douzaine sur scène. Puis je suis passée chez Albert Jean où, avec l’autre chanteuse, on se changeait 17 fois dans la soirée ! Ça a été une très bonne école. J’ai rencontré le chanteur américain à la voix d’or, Rudy Wilburn, avec qui j’ai travaillé 5/6 ans avec lui et c’est ce qui m’a fait me lancer dans le r’n’b, la soul et ça, c’était ma tasse de thé.
Avec tout ça, n’as-tu jamais voulu te lancer dans une carrière de chanteuse ?
Non, parce que j’avais trouvé un métier de journaliste car entretemps j’étais entrée à RTL, j’ai travaillé pour France 3 et ce métier me passionnait. Je n’avais pas envie de le sacrifier pour une aléatoire carrière de chanteuse. Je ne voulais pas que ça devienne mon gagne-pain mais que ça reste une passion. Je n’avais pas envie d’avoir ce rapport à la musique, à l’argent. Ceci dit, aujourd’hui je viens d’avoir un bousculement dans ma vie et je me demande si je ne vais pas devenir intermittente. C’est peut-être fou mais je crois que c’est ce que je vais faire… Et je ne sais pas si je ne vais pas tenter le concours de « The Voice » !!! Je n’ai pas encore lancé ma carrière de chanteuse !

Tu composes et écrit des chansons ?
Oui, tu parles d’une autre vie. J’étais adolescente et je chantais « Je t’aime, je t’aimerai toute ma vie »… Tu vois, ça n’allait pas loin. Autant je suis une musicienne vocale, j’ai une très bonne oreille mais je ne suis pas une technicienne, je ne joue pas d’instrument de musique.
Mais aujourd’hui je suis en espèce d’état d’urgence et je veux prendre tout ce qui passe.
Tu as aussi été attachée de presse…
Oui, c’est un peu la logique de mon métier de journaliste. Lorsque j’étais à France 3, j’avais été repérée par le Président Bessudo de la Chambre de Commerce qui voyait que j’étais une journaliste qui posait des questions un peu sensées (même si ça peut paraître prétentieux !) J’étais alors la plus jeune journaliste titularisée à 19 ans lorsque j’ai démarré. J’ai appris mon métier avec de vrais grands journalistes. J’ai gardé un amour pour ce métier.
C’est donc le président Bessudo qui m’a proposé d’être attachée de presse. Étant des deux bords, je connais les attentes des journalistes et ça m’a beaucoup servi.
Aujourd’hui le métier de la presse a beaucoup changé hélas.
Tu as travaillé sur le festival de jazz à Toulon et aujourd’hui te voilà à celui de la Londe…
Pour la Londe, l’organisateur Christophe Dal Sasso avait entendu parler de moi par un ami commun avec qui j’avais collaboré chez Tandem. Le festival a 15 ans, il fait des choses étonnantes avec beaucoup de bénévoles, de petits moyens avec de grandes ambitions. Le festival est aujourd’hui à la fois professionnel et ambitieux. Ça a été ma première et une belle aventure humaine où tout le monde s’investit à fond et j’espère que ça va continuer ».

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon