Frédérick d’ONAGLIA : Les amants du mistral (Ed Presses de la Cité – 363 pages)
Intrigues, secrets, coups de théâtre, mensonges, meurtres, chantage, passion…
C’est Dallas en Provence !
Voilà que Frédérick d’Onaglia récidive avec cette saga sous le soleil de Fontvieille, dont il nous offre un nouveau volet avec « Les amants du mistral ».
On y retrouve la redoutable marquise de Montauban, prête à toutes les violences, les compromis, les manigances pour garder son domaine viticole qu’elle dirige d’une main de fer.
On y retrouve aussi la famille Bastide, menée par Claire, qui rivalise de coups foireux contre la marquise.
Et voici que débarque la jeune Lou. Qui est-elle ? Que vient-elle faire dans cette galère ?
Encore plus machiavélique que les autres, elle va tout bouleverser dans cette guerre des clans, digne des grands drames grecs. Et nous ne sommes pas au bout de nos surprises en découvrant d’autres secrets, d’autres machinations.
Frédérick d’Onaglia sait nous tenir en haleine jusqu’à la fin du récit.
Y aura-t-il une suite ? Nous l’espérons, tant au fil des années (Son premier tome « Le secret des cépages » date de 2005 !) il a su nous attacher à ses personnages, même s’ils sont cruels, amoraux, pervers, pour certains, mais tant leur histoire est passionnante.
A quand la suite, Frédérick ?
Salman RUSHDIE : Le couteau (Ed Gallimard -271 pages) traduit de l’anglais par Gérard Meudal
Le couteau, un mot d’une violence extrême qui coupe le souffle et qui a failli tuer Salman Rushdie en 2022. Après la fatwa qui a condamné l’auteur à une vie cachée en Grande Bretagne pendant dix ans, suivi d’un nouveau départ aux Etats-Unis à New York avec un nouvel espoir de vie normale, Salman Rushdie était heureux sentimentalement et professionnellement, ses relations avec le milieu littéraire lui apportait de nombreuses satisfactions jusqu’à ce fatidique 12 août 2022 où un couteau a précisément détruit ce bel équilibre lors d’une conférence dans l’amphithéâtre de Chatauqua dans l’état de New York. Une agression qui aura duré vingt-huit trop longues secondes, et un couteau qui aura frappé mais n’aura pas réussi à tuer Salman Rushdie. Un miracle, même si l’auteur ne croit pas aux miracles et pourtant avec humour il reconnait le miracle de l’amour de sa femme Eliza une poétesse afro-américaine reconnue dans son domaine.
Salman Rushdie a eu le courage et l’audace de décrire avec précision tous les détails de son agression, de la prise en charge en hélicoptère puis à l’hôpital, ses opérations et sa réparation lente et douloureuse. Rien ne sera épargné au lecteur, l’auteur se met à nu, se livre entièrement et sans pudeur. Puis l’intellectuel qu’est Salman Rushdie réagit car il lui faut bien comprendre et accepter ce que lui a fait subir A, jamais nommé autrement que par cette initiale.
Et un long et passionnant dialogue intérieur nous est soumis, oui ou non voudra-t-il voir A, le questionner, le comprendre ? La grande intelligence de l’auteur lui fera prendre une direction très réfléchie, non, pas de vengeance, oui, un effacement total de ce A, reprendre au plus vite le cours de sa vie, auprès de sa femme, ses écritures, son roman à paraitre. Un livre merveilleux qui rappelle « Le lambeau » de Philippe Collin écrit après les attentats de Charlie Hebdo, un livre sur la vie et la force de la littérature.
Maud ANKAOUA : Kilomètre zéro (Ed Eyrolles – 352 pages)
Ce livre est un peu la vie de l’auteur Maud Ankaoua.
Tout comme Maëlle l’héroïne du roman, Maud Ankaoua a fait de brillantes études, dirigé une agence de publicité, créé une start up revendue à Dassault Systems, enfin tout semblait aller fort bien si ce n’est que l’overdose de travail arrive à faire oublier l’essentiel c’est-à-dire vivre.
Ce sera le même profil de vie pour Maëlle que sa meilleure amie va envoyer chercher un remède miracle au Népal, une méthode qui lui permettra de guérir d’un cancer déjà bien avancé. Et la voilà partie avec une équipe de sherpas bien sympathiques et en effet dès le kilomètre zéro elle pratique grâce à Shanti une méthode psychologique et mentale pour se débarrasser de tous ses soucis et désormais n’envisager que le positif.
Ce livre est en fait une méthode de travail sur soi agrémentée d’une petite histoire d’amour. Je demande à voir l’état réel des jambes de Maëlle non préparée à de telles distances dans des températures vraiment glaciales !
Reste une belle description du Népal, de sa population, de ses mœurs, du bouddhisme.
Ce livre n’est qu’une méthode de réflexion sur nos modes de vie et de pensée, libre au lecteur d’y adhérer ou pas.
David FOENKINOS : La vie heureuse (Ed. Gallimard – 204 pages)
L’histoire est celle d’ Eric et Amélie, deux anciens camarades de lycée qui se retrouvent adultes pour travailler ensemble dans une affaire d’Export-Import.
Eric c’est « MonsieurTout le monde » : un mariage raté, un fils qu’il voit peu, une mère qui le prend pour un petit garçon et qui se cantonne à la routine « métro-boulot-dodo ». Amélie c’est la super woman, carriériste, ambitieuse, qui fonce bille en tête.
L’action ce seront des retrouvailles et un job en commun qui vont les amener en Corée du Sud pour une affaire qu’elle mène de main de maitre et qui va créer une situation explosive.
En fait, alors qu’ils sont au cœur de l’entretien d’affaire, Eric va se trouver face à une prise de conscience étrange après avoir pris connaissance d’une pratique coréenne qui consiste à s’allonger dans un cercueil pendant quelques minutes afin de côtoyer sa propre mort. C’est le deal pour permettre de vivre une vie heureuse. Ce qu’il va faire .
Sans en dire plus « Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une »
Roman vivant, plein de situations enlevées où l’auteur maniant humour noir et situations ubuesques nous projette vers nos propres interrogations sur le sens de la vie et la recherche du bonheur.
Alexandre DUYCK : Avec toi je ne crains rien (Ed Actes sud -195 pages)
L’histoire est inspirée d’un fait divers réel : la disparition d’un couple le 15 août 1942 dans les Alpes dont on retrouve les corps le 13 juillet 2017 sous l’effet du réchauffement climatique.
Joseph et Louise habitent dans un village dans la vallée en Suisse. Lui est cordonnier et élève quelques bêtes ; elle est institutrice, originaire d’une autre vallée (mariage inhabituel à l’époque). C’est un couple qui baigne dans le bonheur avec leurs quatre enfants. Pour leurs treize ans de mariage, Louise ne veut rien d’autre qu’accompagner son mari en Alpages à 3000 m d’altitude. Joseph monte chaque année, toujours seul. Elle insiste, Joseph est réticent car l’expédition difficile comporte douze heures de marche et la traversée d’un glacier, or Louise est inexpérimentée. Il cède pourtant. Ce 15 août 1942 Louise ralentit la marche d’autant qu’un orage brutal et puissant, en ce mois d’été, rend le parcours plus hasardeux. Louise et Joseph ne rejoignent pas leur maison le lendemain comme prévu. Les quatre enfants âgés de 4 à 12 ans ne comprennent pas cette disparition car on ne retrouve pas le couple malgré les recherches.
se remémore ses souvenirs auprès d’un journaliste français.
Roman poignant qui dévoile bien l’atmosphère des vallées à l’époque, qui décrit avec pudeur, sensibilité et délicatesse les personnalités et particulièrement celle de joseph homme timide, solitaire, travailleur, « On ne dit pas je t’aime on le montre ». Elle, consciencieuse, favorisant le devenir de ses enfants et de ses élèves. Elle espère les avoir marqués à vie au fer rouge, signe de son désir de transmission.
Nous percevons, dans ce livre bien écrit, la puissance de la montagne, l’importance de l’amour et de la famille.
Julien SANDREL : Beaucoup d’amour et quelques cendres (Ed Calmann Lévy – 339 pages)
Trois personnes et un couple qui n’ont aucun lien apparent ont reçu une lettre dans une enveloppe rouge provenant de l’office de tourisme de San Francisco. Il s’agit de participer à une course au trésor dite « A la recherche de l’aigle d’or » pour promouvoir de façon originale les destinations touristiques de cet état américain et ce tous frais payés. La lettre signée d’un dénommé Jim Smith indique que cela commence dans dix jours. Chacune de ces cinq personnes a une bonne raison d’accepter cette étonnante proposition. Lucia, étudiante espagnole, enceinte de quatre mois vient de se faire expulser de sa colocation. Hortense veut échapper à un maître chanteur. Max qui vient de perdre sa femme est dépressif et se serait suicidé si cette invitation ne lui avait pas donné une idée. Joséphine et Arsène aiment les voyages. Mais peu après avoir commencé leur périple en compagnie de Jim, ils commencent à douter de la vérité de cette proposition et l’expérience devient troublante. Le trésor recherché ne sera pas celui envisagé et il faudra assumer son passé et tomber les masques.
L’auteur a l’art du suspense et du rebondissement. Il sait aussi mêler l’humour et l’émotion.
Un livre original