Maxime (Maxime Gasteuil) fils d’un couple qui tient une modeste droguerie (Michel Boujenah et Chantal Lauby), a des ambitions telles qu’il est prêt à tout pour arriver, pour satisfaire son patron (David Salle), dont la fille, Nadège (Anne Serra) est sa fiancée. Il cache ses parents dont il a honte et fait tout et n’importe quoi, jusqu’à en arriver au burn out. Son futur beau-frère Romain (Romain Lancy), lui propose alors de faire un stage de bien être animé par deux animateurs dits « claivoyants » quelque peu déjantés (Zabou Breitman et Lionel Abelansky). Mais ils n’ont pas l’air d’être les seuls dans ce superbe château, les « malades » étant plutôt dans un équilibre instable. Ainsi va-t-il se retrouver dans ce qu’il croit être une maison de cinglés… Et pourtant…. Ce sont peut-être ces cinglés qui vont lui faire retrouver sa « zenitude » perdue.
« 14 jours pour aller mieux » est un film choral signé Edouard Pluvieux et Maxime Gasteuil, d’une grande drôlerie, avec quelques jolis moments d’émotion, des scènes iconoclastes, et dont le scénario a été vécu par Maxime, Benjamin Demay, leur producteur et Edouard lui-même.
Les dialogues sont percutants, les gags se succèdent à vitesse grand V et Maxime, dont c’est le premier film (Et pour un coup d’essai…), percute l’écran. Cet humoriste s’essaie donc pour la première fois au cinéma avec Edouard, plus que son complice mais plutôt son frère, tant ils ont déjà de vécu ensemble, au théâtre, à la télé et aujourd’hui au cinéma.
Et tous les deux nous font la joie de nous rencontrer au Six N’Etoiles entre deux rires et dix fraises Haribo !
Il sont presque chez eux puisqu’ils nous avouent passer tous leurs étés au Brusc !
« Max, comment est né ce film ?
Il est né d’un stage que j’ai fait avec Benjamin, le producteur de mes spectacles. C’était un moment de ma vie où j’avais des doutes, où je faisais des choses sans jamais savoir si ça allait plaire au public. Ne connaissant jamais notre avenir dans ce métier, il arrive qu’on doute beaucoup. A tel point que je me demandais si je ne devais pas changer de boulot et trouver un boulot « normal ».
Benjamin, qui connaissait un couple d’amis très calés dans le bien être, m’a proposé d’organiser un stage, une sorte de retraite. Moi qui suis grande gueule, plein de préjugés, qui déteste ce genre de truc, je finis par lui dire OK.
Je viens d’une famille assez ancrée, épicurienne, pragmatique et là, je me retrouve avec des illuminés. Il me semble être dans un sketch. On se retrouve confronté à des gens qui ont des plaies ouvertes et on se rend compte qu’après avoir vu des médecins, des psys, pris des médocs, ces stages sont leur dernière chance. Je dis alors à Ben qu’il faut en faire un film.
Edouard : Mais l’idée est de faire un film sincère, sans tomber dans la caricature. Ces gens semblent être « normaux », avec des métiers classiques mais ils sont en souffrance et on veut faire un film sans faire de mal à personne.
Max : On s’est rendu compte qu’au fil des jours ils allaient mieux, d’où le titre du film. Moi, je n’allais pas si mal en entrant et à la sortie je ne me suis pas senti mieux ! Mais cette expérience m’a fait grandir et j’ai rencontré des gens superbes.
Edouard : Après ça, moi j’y suis allé en observateur en jouant franc jeu et leur disant pourquoi j’étais là. J’ai énormément ri avec eux car ils ont beaucoup d’autodérision. Le maître-mot était la réalisation de ce projet mais c’était vraiment de ne pas faire une parodie mais une comédie où on allait rire ensemble.
Je crois qu’il y a longtemps que vous travaillez ensemble, justement…
Max : Dans ce métier, je suis pourri-gâté car Ben et Edouard sont vraiment des frères. Nous sommes trois mousquetaires et les deux s’évertuent depuis des années à me mettre en valeur. Nous n’avons qu’une envie : continuer à travailler ensemble, on a des idées plein les valises !
Edouard : Nous adorons notre métier et nous ne le faisons pas pour les paillettes mais pour rendre les gens heureux, et continuer à vivre des choses ensemble. Et dans cette tournée d’avant-premières, voir les gens rires, Aimer le film est un grand bonheur de les rencontrer. Ça nous rend fiers et heureux.
Jusque dans les petits rôles, vous avez des pointures !
Edouard : Lorsque j’ai montré le film au festival d’Alpe d’Huez, à Max, Ben et Zabou et que Zabou m’est tombée dans les bras j’étais le plus heureux. C’est ça mon salaire. Zabou est une immense actrice, Je l’avais vue au théâtre deux ans avant dans « Comment vous raconter la partie » de Yasmina Reza, j’avais pris une claque. Deux ans après, je la mets en scène… Normal, non ???
Et puis Michel, Chantal… C’est une chance hallucinante ! On peut se dire qu’on n’a pas fait ce film pour rien.
Justement, avoir Chantal Loby et Michel Boujenah pour trois scènes… Comment fait-on ?
Max : Michel m’a vu un jour sur scène et de ce jour il a été derrière moi. Nous avons développé une relation père-fils, il m’a invité à Ramatuelle.
Je connaissais la fille de Chantal Loby, Jennifer Ayache, chanteuse du groupe Superbus. Elle est venue avec sa mère voir le spectacle. A quelque temps de là, je reçois un message de Chantal, je n’en croyais pas mes yeux ! Elle avait envie de jouer avec moi ! En réunissant un jour Michel et Chantel, je leur ai dit : « Un jour vous serez mes parents dans un film ». Ils m’ont répondu qu’ils étaient prêts à faire n’importe quoi. Et ils ont tenu leur promesse !
Edouard : C’est vrai qu’ils n’ont que trois scènes mais leur personnage est important. Ils sont de modestes artisans qui aiment leur métier et Leur fils, mais lui a de grandes ambitions, il se détourne un temps car il a honte d’eux alors qu’en fait, son bonheur est là, sous ses yeux.
Le reste de la distribution est magnifique …
Edouard : Ma responsabilité et mon plaisir aussi étaient de me mettre à la hauteur de ces grands comédiens. Tous ont été bienveillants et ils nous ont tous portés.
Max, comment passe-t-on d’humoriste à comédien de cinéma ?
J’ai toujours voulu faire du cinéma mais passer de l’un à l’autre risquait d’être casse-gueule. Est-ce que les gens qui me suivent vont me suivre au cinéma car ils s’attendent peut-être à se taper sur les cuisses durant une heure et demie. Mais nous n’avons pas fait « Les Charlots », on a vraiment fait du cinéma et on embarque les gens quelque part.
Et comment passe-t-on d’un BTS commerce à humoriste ?
J’ai un père qui le plus marrant de la planète. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un d’aussi instinctif, avec autant d’esprit et moi petit, je prends ça comme une éponge. Mes dons, mon aisance, viennent de là. Du coup il est fier et il fait une projection sur moi car ma mère m’a dit qu’il aurait voulu faire ce que je fais. J’avais donc le choix de devenir, comme mon père et mon grand-père, compagnon du devoir… ou comédien ! J’ai hésité de 16 à 19 ans puis je suis parti à Paris. Grâce à mon père qui m’a aidé dans mes galères et à tout fait pour que je réalise mon rêve. Pour moi et pour eux, je n’avais pas le droit de me rater.
Edouard : Lorsque j’ai vu Max pour la première fois sur scène, j’ai tout de suite vu un comédien. Je me suis dit qu’il irait tout droit au cinéma, avec son air à la Belmondo ! Et Dany Boon qui l’a fait jouer a dit qu’il lui faisait penser à Philippe Noiret jeune… Nous avons vu la même chose. C’est un grand acteur en devenir. Ma seule peur était de ne pas rater « son » premier film.
Et toi Edouard, comment es-tu arrivé au cinéma ?
A 8 ans, je savais que je voulais écrire et réaliser des films… Mon premier film, je l’ai réalisé à 36 ans ! J’ai toujours écrit, j’ai été journaliste, j’ai été rédacteur en chef et j’ai commencé à écrire des conneries pour la radio, pour les Guignols. Puis j’ai rencontré Kev Adams et depuis on a écrit ensemble tous ses spectacles. J’ai fait mon premier film grâce à lui.
En fait, vous avec tous les deux Kev Adams en commun !
Max : Il faisait un spectacle avec Gad Elmaleh et, me voyant sur scène, il m’a proposé de faire leur première partie. Le public m’a vraiment porté et du coup j’ai décidé de me projeter seul en scène. Et en plus, c’est grâce à lui que j’ai rencontré Edouard. Dix ans plus tard… Nous voilà !
Aujourd’hui, toujours des projets tous les trois ensemble ?
Max : Oui, je termine ma tournée avec mon spectacle « Retour aux sources » et on a des projets.
Edouard : Nous sommes en train de finaliser le prochain tournage qui devrait se tourner en Juin-Juillet. C’est pour ça que Benjamin va arriver en retard pour nous rejoindre car il a des rendez-vous.
On peut en parler ?
Edouard : Oui… et non. Tout ce qu’on peut en dire c’est que ce ne sera pas un film choral, qu’on retrouvera quelques comédiens avec qui on a formé une famille et que ce sera une sorte de… « Maman, j’ai raté l’avion » !
Max : Et puis, on a l’idée d’une pièce de théâtre. Notre rêve ce serait de faire « Un singe en hiver » avec Jean Dujardin. Mais c’est encore un peu loin ! »
Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon