16ème festival de la Rochelle
Romans SUAREZ-PAZOS… Sa vie est un… roman !

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Facile de faire ce jeu de mot avec le prénom de ce jeune comédien et pourtant il va bien au personnage dont la vie n’est pas banale, ajouté à la seconde partie de son nom qui veut dire en grec : « passion ».
Donc, il était prédestiné à se diriger vers les métiers artistiques et il ne s’en est pas privé car il est un vrai touche à tout, curieux d’aller voir partout où se cache l’art.
Au départ, c’est une affaire familiale : enfant d’une fratrie composée de dix frères et sœurs, heureusement qu’il n’est pas superstitieux car ils furent longtemps treize à table !
Il est un peu le clown de la famille, il s’amuse à jouer avec son frère Bertrand. Très vite ils vont monter des spectacles, engageant toute la famille à jouer. Ils montent même en trois jours « Le Misanthrope » de Molière.
Malgré cette passion, il se dirige vers Sciences Eco, passe une maîtrise d’Espagnol (il est d’origine espagnole), il fera les arts du Cirque et du masque jusqu’au jour où, toujours avec son frère, il décide d’entrer à l’ENSATT (Ecole Nationale Supérieure d’Arts et Techniques du Théâtre) à Lyon. Il y restera de 1998 à 2001.

« C’est là que je suis entré dans le vif du sujet – me dit-il en riant – mais au départ je pense que ça va arriver tout seul. Je me rends vite compte qu’il me faut un agent et je vais jouer dans des télé-films comme « Engrenages », Un flic », « Dans la cour des grands »… Je tournerai aussi des courts-métrages mais je m’intéresse aussi à l’écriture, à la réalisation, au montage, à la production et même à la peinture. Bref… je m’éparpille !

N’y a-t-il pas une discipline qui t’attire plus que les autres ?
Oui, jouer certainement mais je crois qu’alors je n’ose pas me lancer. J’ai aussi l’exemple de mon père qui est artiste peintre et fait des chefs d’œuvre. Je me dis que, quoi que je fasse je serai incapable d’être un grand artiste, dans quelque discipline que ce soit. Et je pense que ça m’a freiné. Et puis, j’ai horreur d’aller dans des soirées alors que lorsqu’on est jeune comédien inconnu, il faut se faire voir pour qu’on pense à toi.

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Alors ?
Alors… heureusement que mon frère m’a poussé, d’abord en me faisant entrer dans cette école avec lui. De plus, nous étions complémentaires : il aimait écrire, j’aimais jouer. Nous avons donc monté la Cie Mobile et il a écrit une pièce pour nous, avec aussi deux autres de nos frères et un de nos beaux-frères qui jouait du piano. Ca s’appelait « Derrière les murs », une sorte d’OVNI avec du texte, des images de synthèse, de la musique, des effets spéciaux…. Nous l’avons joué au Centre dramatique de Poitou-Charente à Poitiers en 2010. nous sommes d’ailleurs restés dans ce centre durant sept ans.

Et… Alors ?
Alors ?… Zorro est arrivé !
De par mes racines et ma culture, je parle couramment espagnol et j’ai fait pas mal de castings avec l’accent. Ca m’a donné l’idée d’écrire une web-série en solo en imaginant des aventures décalées autour de Zorro. J’ai même acheté le costume de Zorro. La mode étant aux super-héros, j’ai créé un anti-héros à mi-chemin entre Zorro et Don quichotte, très décalé. Je l’ai fait pour moi et… ça m’a fait rire ! A tel point que je l’ai montré aux copains qui ont aussi beaucoup ri. Alors, toujours avec Bertrand, nous avons commencé à créer des histoires, un graphiste nous a inventé des décors à la Sergio Leone, une maquilleuse nos a fait des maquillages dingues et on a tourné en noir et blanc.

Pourquoi en noir est blanc ?
Avec mes parents j’avais eu des bases artistiques très classiques : musique classique, films muets et en noir et blanc, comédies musicales américaines… Baigné par ça, chassez le naturel… De plus, Zorro était en noir et blanc.
Du coup, un univers autour du personnage a commencé à naître et aujourd’hui, tout commence à se décanter et… je me suis mis à sortir pour rencontrer des professionnels qui pourraient s’intéresser à notre projet. D’où ma venue aussi à la Rochelle où l’on peut côtoyer tous les corps de ce métier.

En attendant que ce projet se réalise, comment vis-tu ?
Toujours du théâtre. je crée à la rentrée le personnage d’Orgon, l’un des rôles principaux de  « Tartuffe » de Molière… Retour aux sources ! Je vais le jouer à Poitiers.
Mais aujourd’hui, je me sens solide, j’ai envie que ce projet aboutisse… et j’enfonce les cloisons pour y arriver !

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Christian Servandier