C’est un film pour France 3 signé Coline Serreau en tant que réalisatrice et scénariste mais Samuel Tasinage y a collaboré en tant que compositeur et a participé également au scénario.
Coline Serreau, c’et toujours synonyme de qualité, d’originalité, de sujets forts, quelquefois dramatiques mais toujours vus à travers le prisme de l’humour, ce qui, souvent, est plus efficace qu’un mélodrame.
Et voilà que nos deux compère font encore mouche avec cette fiction tournée pour France 3 avec Isabelle Nanty, le jeune Valentin Bellegarde-Chappe dans les principaux rôles et une participation émouvante de Sarah Biasini qui interprète la fille de Marianne (Isabelle Nanty) atteinte d’une leucémie, entrant en clinique et envoyant son fils Nicolas (Valentin) chez sa grand-mère.
Ce pourrait être une histoire banale mais il se trouve qu’à la mort de son père la fille a fui la maison, s’est enfoncée dans la drogue, n’a plus donné signe de vie et remonte à la surface avec un fils métissé.
Grogne de Marianne, femme bougonne et énergique, qui mène son entreprise de construction toute seule, qui est conseillère municipale, en colère contre sa fille et encombrée d’un petit-fils qui plus est, est métis alors qu’elle est un tantinet raciste, loin de l’idée de partage et de fraternité, de l’idée d’être grand’mère. De plus, l’ado de 14 ans est écolo et ne mange que bio !
C’est un drame très vite tourné vers la comédie avec une Isabelle Nanty époustouflante, qui cache beaucoup de tendresse derrière ce caractère acariâtre. Evidemment, elle va apprendre à ouvrir son cœur, d’abord vers ce petit-fils tombé du ciel, puis aussi vers les autres, ce qui va faire de cette femme blessée et aigrie, une héroïne bien sympathique.
Avec son grand regard bleu, sa mine boudeuse et sa pétulance, Isabelle est formidable et Valentin magnifique.
Une belle histoire.
Monique Scaletta
Isabelle NANTY ou la passion de jouer
« Isabelle, Marianne est une femme qui pourrait être haïssable de prime abord mais on n’est jamais tout blanc ou tout noir…
Vous avez trouvé le mot juste puisque c’est grâce à ce petit-fils noir qu’elle va s’humaniser. Car c’est une femme qui noie sa douleur dans le travail, qui s’est totalement renfermée dans sa vie et dans ses rapports avec les autres. Elle a ce trop plein d’énergie qui est un peu sa soupape de sécurité pour continuer à vivre, seule. C’est pour cela que je ne la voulais pas totalement méchante car c’est une femme blessée qui a connu des drames, qui ne s’en n’est pas remise. à qui il fallait un élément déclencheur pour qu’elle se ré-humanise. Et c’est ce petit-fils qui va l’être.
Ce pourrait être un sombre mélo, ce qui n’est pas le cas !
Oui et ça, c’est toute l’intelligence de Coline Serreau qui sait traiter des drames de la vie de tous les jours avec cet humour qui déconnecte à chaque fois qu’une situation devient dramatique. De plus, elle sait offrir aux comédiennes de beaux rôles de femmes que pourtant, on peut rencontrer tous les jours; nous avons tous une connaissance qui a un jour connu ces drames, ces situations et son truc est de décaler tout ça, de désamorcer en y ajoutant ce petit supplément d’âme.
Le film est très speed !
A qui le dites-vous ! Ca aussi c’est une belle trouvaille de Coline que d’en avoir fait une femme qui vit vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans l’urgence, dans la tension, dans le stress, dans les rapports conflictuels. Pendant ce temps, ça lui évite de penser. Elle déborde d’énergie pour occulter ce qu’elle a vécu et qui est omniprésent. Jusqu’à ce que ce gamin peu à peu lui ouvre les yeux avec candeur, avec gentillesse, avec patience.
Moi, à la place de ce gamin, je me serais barrée en vitesse !
Vous êtes aussi, on le sait, metteur en scène. Arrivez-vous à l’oublier lorsque vous n’êtes « que » comédienne ?
Totalement ! Et je vous dirai mieux… ça me repose !
Je me laisse guider, bichonner, je ne me mêle de rien, je me laisse porter par le réalisateur, en l’occurrence Coline, qui est à la fois bienveillante car étant actrice elle-même, elle aime les acteurs, est attentive à leur bien-être. J’aime lorsqu’un réalisateur joue avec moi, se joue de moi.
Dans quel rôle vous sentez-vous le plus à l’aise ?
Celui de comédienne car ce que j’aime par-dessus tout, c’et jouer. Alors je me laisse porter avec bonheur, je mets mon instrument au service de l’histoire et de celui qui la tourne.
C’est vachement reposant de ne pas être le chef d’orchestre et d’en suivre un ! Je ne veux même pas connaître les problèmes de tournage, sauf s’ils me concernent.
Je joue, tout simplement… Et j’aime ça ! »
Propos recueillis par Jacques Brachet