EMMA GREEN : Ce qui nous rend vivants (Ed Addictives – 443 pages)
Le livre est écrit par un duo d’autrices françaises dans un style simple et attrayant.
Cleo Robbins commence son internat aux urgences de l’hôpital public de Chicago et y retrouve une vieille connaissance de la fac de médecine, Carter Cruz avec lequel la relation s’est mal terminée.
Les retrouvailles inattendues se présentent particulièrement difficiles car il est un sérieux rival professionnel et son plus grand regret.
L’univers des urgences et les relations internes entre patrons et internes sont décrites avec réalisme : atmosphère de stress, conditions d’exercice pénibles, gardes prolongées…
Dans ce climat médical épuisant au rythme effrené se nouent des relations entre patrons et internes quelquefois détonantes quelquefois respectueuses.
L’amitié, la solidarité et l’engagement professionnel sont très présents chez les internes.
Ce contexte médical est la partie importante du roman, l’histoire de Cleo et Carter est sous-jacente.
Cleo, peu proche de son père ne se remet pas du décès de sa mère, décès accidentel ou suicide ?
Carter vit d’autres problèmes familiaux avec sa mère et son frère.
Tous deux cherchent des réponses à leurs questions.
Ce roman est dans l’air du temps, il rappelle les séries médicales télévisées. Il réunit action, situation conflictuelle, enquête, détresse, amitié et amour.
Un livre de détente et d’actualité médicale.
Éric FOTTORINO : Mon enfant, ma sœur (Ed Gallimard – 275 pages)
Éric Fottorino révèle avec douceur et poésie l’existence d’une sœur dont il a appris l’existence tard dans sa vie. Sa mère « qui a passé sa vie à ne pas la vivre » a eu un enfant, une petite fille qui lui a été arrachée à la naissance par les religieuses chargées de cacher aux yeux de la société bourgeoise bordelaise, une grossesse hors mariage.
C’est en vers que l’auteur révèle la douleur d’une famille, une mère qui, même présente, semble si souvent absente car en communion secrète avec son enfant disparue, une sœur en apnée qui maintenant que la vérité a enfin jailli des lèvres de la mère doit revenir au sein de la cellule familiale malgré la difficulté et surtout la crainte de ne savoir remonter le fil du temps.
Et pourquoi cette sœur que l’auteur a prénommée Harissa, car pleine de piment, pourquoi en effet cette sœur ne se transformerait-elle pas en Elisabeth ? En un seul vers Éric Fottorino révèle sa souffrance « le secret est une infection de l’âme ». Dans ce roman, l’auteur poursuit « Dix-sept ans » paru en 2018 et témoigne de la blessure d’amour jamais refermée de sa mère. Magnifique hommage à cette petite sœur et à cette mère qui a su survivre aux lois implacables de la société bourgeoise.
Lionel HOËBEKE : La cité radieuse de Marseille (Ed Hervé Chopin – 142 pages)
Nous étions juste après la guerre. En 1947 exactement. Charles-Edouard Jeanneret-Gris, plus connu sous le nom de Le Corbusier, est peintre, architecte, sculpteur suisse. Il commence à être connu mais son nom restera dans les annales lorsque le Ministère de la reconstruction lui demande de créer à Marseille la Cité Radieuse. Exactement sis boulevard Michelet, dans le huitième arrondissement.
Créatif de génie, il va donc s’attaquer à ce qui est aujourd’hui considéré comme un chef d’œuvre architectural, tant cette cité est ingénieuse, conceptuelle, innovante, d’une incroyable modernité, même si au départ elle eut tout de suite ses admirateurs et ses détracteurs.
Les Marseillais la baptisèrent « La maison du fada » mais elle reste aujourd’hui, au même titre qu’un monument historique, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.
La cité radieuse est un village à elle seule puisqu’en dehors d’appartements incroyablement beaux et confortables, elle comprend des commerces, une école, des espaces collectifs. On peut y vivre sans en sortir !
Aujourd’hui c’est encore un lieu contesté de l’extérieur mais lorsqu’on y entre, c’est une découverte qui porte bien son nom car on s’y sent bien.
Lionel Hoëbeke est un fan de la première heure de cet architecte hors norme : A 16 an, il fait des économies pour acheter son premier livre sur lui. Et il ne cessera obstinément d’entrer dans son œuvre, jusqu’à écrire ce livre qui est à la fois un hommage admiratif et une bible car il a fait de nombreuses recherches, rencontré tous les gens qui vivent, fouillé les archives de fond en comble, jusqu’à y habiter !
Avec ce très bel album, très documenté et également très imagé, on apprend tout sur ce génie que fut le Corbusier, tout sur la Cité Radieuse que l’auteur a visité de fond en comble, en l’y incorporant dans l’histoire d’un homme, d’une ville, d’une œuvre unique.
Antoine SENANQUE : Croix de cendres (Ed.Grasset – 426 pages )
L’auteur, éminent médecin puis historien, nous emporte aux XIIIème et XIVème siècles dans la France profonde qui va balayer toute une sinistre période de guerres, de peste, de luttes intestines.
C’est à la fois un roman historique et un polar moyenâgeux où vont s’affronter clergé, armées, puissants et petites gens.
Tout part du prieur dominicain Guillaume, qui envoie deux novices, Antonin et Robert, chercher du vélin à Toulouse, la peau de veau étant chère et précieuse, car il a à raconter d’importantes choses qui intéressent l’Inquisition .
Le titre « Croix ce cendres » fait appel à la croix tracée sur le front des fidèles, qui représente les péchés. Ici ce sera l’évocation de Maitre Eckart, théologien allemand, dénoncé par les dominicains et les franciscains devant l’Inquisition pour hérésie.
Le roman en fait un super méchant qui va tramer une sombre histoire de lutte parmi la vie ecclésiastique et monastique du XIVème siècle. On y côtoie les béguines, les moniales, les conflits entre dominicains et franciscains, les épidémies de peste, la guerre de Crimée. Bref une longue et difficile période décrite avec forces détails et reconstitutions, un travail d’érudit certes qui fait revivre avec talent une grande épopée mais parfois un peu ardue à suivre.
Réservé à un certain public.
Irène FRAIN : Ecrire est un roman (Ed Seuil – 279 pages)
Irène Frain fait partie des écrivains reconnus et appréciés par de très nombreux lecteurs.
Vient de paraître « Écrire est un roman » où elle explique avec aisance, bonheur et vérité le pourquoi de l’écriture. Car oui, pour qui, pour quoi, comment écrit-on ? Elle se révèle dans sa recherche d’écriture, ses ateliers et ses lectures nombreuses et variées. Elle rappelle qu’Hérodote, le père de l’Histoire peut aussi être appelé le Père du Mensonge, au lecteur avisé de déterminer son jugement.
Agrémenté de très nombreuses citations, de reproductions d’éditions anciennes Irène Frain devient au fil de la lecture une relation puis une amie du lecteur car sa sincérité crée un lien très personnel.
Une lecture très agréable, ponctuée de très nombreuses références littéraires et historiques, ce dernier écrit d’Irène Frain est une réussite.
Alain ARNAUD : Le crime de l’Express Côtier (Ed. exæquo -184 pages)
Comme à chaque rentrée littéraire Alain Arnaud nous entraine dans une nouvelle destination, parcourue pendant la belle saison estivale.
Ici le grand Nord, à bord de l’Express Côtier qui rentre des fjords de Norvège pendant laquelle se sont retrouvés de nombreux passagers dont un petit groupe de Parisiens réunis pour des vacances amicales dans ces lieux enchanteurs. Mais à l’arrivée au port un évènement inattendu vient semer le trouble : Un passager est retrouvé assassiné dans sa cabine.
C’est autour de Daphné, jeune invitée et pivot du groupe, que va se dérouler le schéma du séjour et se dénouer le mystère. Les personnages sont décortiqués par ses soins dans un décor de rêve et de réalité, dans lesquels les éléments s’emboitent. L’occasion pour l’auteur de cerner les personnages, d’évoquer en touches poétiques les lieux parcourus et de nous maintenir dans un suspense qui nous conduira à la résolution du mystère.
Belle écriture, beaux paysages aux personnages intéressants. On est pris par le suspense qui émane de cet imbroglio