Ce fut une avant-première de justesse à la Rochelle puisque le film est passé sur France 3 durant le festival.
Signé Thierry Binisti pour la réalisation, il réunit un couple de beaux comédiens : Claire Borotra et Vincent Perez ainsi qu’une petite rescapée de la série « R.I.S », la très belle Barbara Cabrita.
C’est un thriller qui se passe en Corse : Un soir, Claire (Claire Borotra), maman de Théo entre à la maison et trouve la maison vide. Il a disparu avec la baby sitter. L’a-t-elle enlevé ou ont-ils été enlevés tous les deux ? Le père duquel Claire est séparée (Cyril Lecomte) est-il l’instigateur de cet acte ? La course commence dans les paysages somptueux de la Corse, vedette intégrale du film, avec le lieutenant Marchelier (Vincent Perez) qui mène l’enquête.
Et dans cette histoire vont se mêler un drame familial : les parents qui se disputent un enfant mais aussi peut-être, ce conflit latent et éternel entre Corses, continentaux avec la mafia en fond.
Claire Borotra y est lumineuse et émouvante à souhait mais l’histoire est quelque peu alambiquée et les personnages qui veulent prendre l’accent du pays sont quelquefois difficiles à entendre.
Mais je n’en dirai pas plus puisque vous l’avez déjà vu !
Monique Scaletta
Claire BOROTRA : « Tourner est ma plus grande soupape »
C’est une comédienne aussi belle dans la vie qu’à l’écran. Peut-être encore plus belle « en vrai » et tellement simple, enjouée, rieuse, qu’on aimerait s’en faire une amie.
Le soleil tapait fort à la Rochelle et son regard lui faisait presque de l’ombre !
« Vous jouez là un sombre drame, Claire !
Oui, c’est à la fois un drame et un polar… disons un polar dramatique ! Un suspense autour d’une disparition où tout à coup, tout va ressortir dans une famille : la rancœur, les non-dits, les secrets, les vérités… Tout resurgit autour de cette disparition.
Qu’est-ce qui vous a plu : l’histoire ? le rôle ?
Je dirais… les deux ! D’abord, je lis l’histoire sans me préoccuper du rôle que l’on me propose et si elle me plait, je fais alors une seconde lecture pour voir ce que j’y ai à faire et peu m’importe si c’est le premier ou le second rôle.
Là, j’ai aimé l’histoire qui est très forte et quant au rôle, je l’ai aimé car il joue à la fois sur la force et la fragilité du personnage. Je trouve que c’est une héroïne Racinienne !
Il y a une grande tension et une tension justifiée, une grande violence aussi mais je crois qu’on ne protège que dans la violence.
La complexité du discours m’a beaucoup plue. Donc les deux étaient très liés.
C’est un drôle de regard qui est porté sur la Corse…
C’est tout à fait vrai, je l’ai ressenti comme ça. Mais ça n’est pas manichéen et c’est un regard peu souvent vu au cinéma ou à la télévision. Il y a plein de choses latentes. De plus, nous avons tourné entre février et mars, il y faisait très froid, il y a eu des inondations. Ce n’était pas le paysage idyllique que l’on connaît, que l’on montre. Et tout cela renforçait l’atmosphère un peu glauque du film.
Cette année, Claire, vous êtes sur tous les fronts : pas moins de quatre téléfilms, une pièce de théâtre…
Il se trouve que tout est arrivé en même temps mais les tournages se sont étalés sur un an et demi et entre temps, il y a eu la pièce de théâtre. Mais vous savez, dans ce métier on ne choisit pas, on vit au jour le jour, en fonction de l’offre et de la demande. On peut rester des mois sans projets puis plusieurs se présentent en même temps et j’avoue que depuis deux ans, j’ai eu de la chance, tout s’est enchaîné.
Mais lorsqu’on tourne, c’est au maximum un mois, cinq semaines. J’ai donc le temps de souffler, de profiter de la vie et de vivre ma vraie vie !
C’est quand même une vie très mouvementée !
Peut-être mais ça me régénère. Tourner, c’est ma plus grande soupape car je peux exprimer des émotions diverses… dont je ne sais pas qu’en faire le reste du temps ! C’est un véritable plaisir et plus l’exercice est difficile, plus cela me plaît. J’aime l’idée de devoir surmonter des problèmes, un peu comme un sportif qui réussit un exploit ou un sculpteur qui réussit son oeuvre.
Vous êtes aussi devenue productrice. Qu’est-ce qui vous y a poussée ?
L’envie de faire ce qu’on ne me propose pas, d’utiliser des capacités que j’ai en moi et qui ne sont pas employées. J’aime être maîtresse de mon destin et le seul moyen que j’ai trouvé c’est de produire les choses que j’ai envie de faire. C’est aussi un moyen de travailler avec des gens dont j’apprécie les qualités, le travail, qu’ils soient techniciens, auteurs ou comédiens.
Pour les comédiens, je choisis ceux que j’aime et surtout ceux qui ne sont pas casse-pieds ou centrés sur leur ego. Et ce n’est pas à vous que je l’apprendrai : ça existe !
Parlons de cette pièce de théâtre que vous avez écrite, produite et jouée : « Marilyn intime »
J’ai toujours eu une grande admiration pour Marilyn Monroe qui, outre qu’elle était très belle et qu’elle était une grande actrice, a eu une vie très compliquée, je dirai même, dramatique. Abandonnée par sa mère elle l’a toute sa vie recherchée dans le regard des autres. Elle a toute sa vie été en quête d’amour, de légitimité, a toujours cherché à être aimée, admirée pour vivre, ce qui faisait d’elle une écorchée vive qui n’a jamais été sûre d’elle, de son talent.
Tout cela m’a beaucoup émue et j’ai commencé à écrire une correspondance fictive qu’elle aurait pu avoir avec cette mère si absente et si omniprésente dans sa vie. J’ai lu quelques lettres au festival de Grignan et je me suis dit qu’il fallait que j’en fasse quelque chose.
C’était un projet un peu casse-gueule !
Comme vous dites ! (rires). C’est d’ailleurs pour cela que je l’ai produit car c’était un projet très personnel. Mais c’est devenu très vite pour moi une nécessité que de traverser ainsi sa vie, son enfance, sa solitude, cette incessante recherche, cette absence, cet abandon… tout ce qui l’a marquée, qui lui a manqué et qui, malgré le succès universel fait d’elle une comédienne à nulle autre pareille car elle a nourri ses rôles de tout cela, et une femme si fragile qu’elle en est morte. Mais je pourrais en parler des heures !
Revenons donc à ces trois autres films…
Tous des coups de cœur ! Car je ne fonctionne que comme ça : dès que le cœur bat plus vite à la lecture d’un scénario, je ressens le besoin d’aller plus loin et d’accepter.
« Meutres au Pays Basque », je l’ai choisi d’abord parce qu’il se passe justement dans cette région à laquelle je suis très attachée. Et c’était un polar intéressant à tourner. Dans « Un enfant en danger », je n’ai pas le premier rôle mais je ne pouvais pas refuser tant il était passionnant. J’ai même refusé d’autres propositions pour le faire. Dans « Caïn », je joue une mère abbesse perverse, cruelle et ça, c’est jubilatoire à jouer !
Par contre, on vous voit peu au cinéma !
J’en ai fait au début de ma carrière puis la télé est arrivée et peut-être suis-je trop marquée « télé ». Je ne désespère pas que ça change un jour et je dis cela sans amertume. L’amertume, ça n’est pas mon créneau et avec toutes les belles choses que je joue à la télévision, je ne vais pas me plaindre. Le principal est de trouver de beaux rôles, que ce soit au cinéma, à la télé ou au théâtre.
Et puis, la vie est encore longue et je suis ouverte à tout.
Des projets ?
Oui, je suis ravie qu’après le succès que nous avons eu avec Antoine Dulery pour « Meurtes au Pays Basque », nous repiquions au jeu. Ce sera donc un second épisode pour ce couple d’enquêteurs sur lequel nous avons été très complices. Nous avions vraiment envie de retourner ensemble.
Voilà qui va se faire. Nous tournerons à Guirande.
Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Christian Servandier