Elles sont toutes de Reims Elles ont toutes un point commun : le fait de s’être battues contre un cancer du sein.
Au départ elles ne se connaissaient pas mais leur oncologue commun leur conseille de s’unir dans un projet original : Monter sur un bateau, ramer pour gagner une course à bord d’un dragon-boat. Elles ont toutes des vies et des âges différents mais toutes la même envie : combattre le dragon qui est en elles en s’unissant dans une même énergie pour chasser cette peur de la récidive qui est en elles, se reconstruire et tourner cette dramatique page de leur vie.
Ce ne sera pas sans problèmes, sans difficultés mais cette rage qu’elles ont en elles, cette envie de vivre, elles vont l’exorciser en ramant toutes ensemble.
« Le souffle du dragon » est un superbe film signé Stéphanie Pilonc – Farlédoise de naissance et ayant travaillé dans la compagnie d’André Mairal à la Seyne – qui est venue le présenter grâce à la collaboration du Docteur Stéphanie Guillaume, adjointe à la santé de la ville de Six-Fours et de la directrice du Six N’Etoiles, Noémie Dumas, dans le cadre de cet « Octobre rose » annuel, qui a pour vocation de parler d’un fléau : le cancer et de rassembler malades (et non malades car ça peut arriver à tout le monde), chirurgiens, oncologues, association qui gravitent autour de ce mal qui, s’il ne répand pas la terreur est un mal grave mais qu’on peut aujourd’hui enrayer si on le prend à temps.
Stéphanie Pilonca a mis tous les atouts de son côté pour en parler et réunir une distribution de rêve : Julie de Bona, Julie Gayet, Lola Dewaere, Annie Grégorio, Firmine Richard, Bérangère Krief.
Les hommes n’en sont pas moins importants : Arié Elmaleh, Amaury de Crayencourt, François Berléand… Un film choral plein de tendresse, d’émotion, plein de rose et de rires aussi, une ode à la vie et la guérison.
« Comment vous est venue l’idée de ce film, Stéphanie ?
Parce que le cancer est un sujet qui concerne toutes les femmes et surtout parce que l’idée m’est venue de le traiter ainsi en découvrant que ce genre de course sur les bateaux-dragons existait au Canada depuis 1996, créé par le Dr McKenzy, cancérologue et à Reims en 2009 par le Dr Cutuli. Ces femmes qui s’unissent dans une sorte de sororité pour retrouver leur intimité, se rapproprier leur corps, revenir à la vie m’ont touchée.
Ce que je voulais aussi montrer aussi ce sont les dégâts collatéraux avec le compagnon, les enfants, la famille en général. Il faut savoir regarder de l’autre côté. Un cancer ce n’est pas anodin, ce n’est pas que la femme, c’est un ensemble de choses à gérer. Et il est important que l’entourage soit un allié.
Un tournage en bateau, comment ça se réalise ?
(Elle rit) Avec difficulté ! D’abord il faut dire que rester assise sur une planche durant des heures, ça n’est pas tellement confortable, il faisait chaud et il y avait les comédiennes mais aussi les figurantes et les bénévoles. Quelquefois ça râlait un peu. Quant à filmer de bateau de l’extérieur, je l’ai fait avec mon fils… sur une trottinette ! C’était vraiment artisanal. Mais j’avoue que les comédiennes ne se sont jamais plaintes et qu’il y avait une joyeuse ambiance.
Dans ce film, il est aussi question de mort…
Evidemment car la vie sans la mort, ça n’existe pas. Le scénario de Clément Koch est ainsi écrit. Moi, j’arrive à la fin d’une chaîne, je réalise une fiction. On ne peut pas parler de cancer sans parler de la mort même si ça devient plus rare. Ce qui nous fait dire qu’on est que de passage et qu’il faut profiter de la vie.
Lorsqu’elles rament, les femmes sont très maquillées…
Oui et c’est voulu. Aujourd’hui après leurs opérations, les femmes sont souvent prises en main pour se faire coiffer et maquiller, pour avoir une plus belle apparence. J’ai décidé qu’elles seraient Maquillées un peu plus que prévu. Et c’est une bénévole qui s’est écrié : « Allez, envoyez les paillettes ! »
Nos deux Stéphanie étaient entourées pour le débat des docteurs Saadouni, oncologue, Manique et Rousset-Rivière, chirurgiens-gynécologue Nathalie Sebban, patiente, référente CapSein, c
Ils ont tous bien réagi au film tant il est vrai que tout ce qui s’y dit est réel, et ils le vivent journellement. Il répètent qu’il ne faut pas attendre que ce soit trop tard, ne pas être dans le déni, d’autant qu’aujourd’hui s’il est pris à temps, nombre de cancers du sein se guérissent très bien.
Aujourd’hui, les chirurgiens, les oncologues, les médecins se préoccupent plus souvent de l’entourage de la malade, d’abord pour elle, car elle besoin d’un entourage qui la soutienne, la famille en priorité. Et il faut aussi prendre en compte la famille, qui, elle aussi, subit un choc. Il faut pouvoir la rassurer.
Aujourd’hui c’’est pour cela que nombre de bénévoles, d’associations viennent moralement en aide à ces femmes qui ont subi un traumatisme ; leur offrir des animations, les aider à faire du sport, à prendre soin d’elles.
Il faut dire qu’à Six-Fours, le Docteur Stéphanie Guillaume et Béatrice Métayer, chargée de mission politique de santé publique de la ville de six-Fours, organisent un mois on ne peut plus rose, aidées par nombre de bénévoles et d’association, que ce soit des soins esthétiques à des cours de divers sports, de sorties à pied ou en bateau et beaucoup d’autres manifestations, d’ateliers qui permettent à ses femmes de s’éloigner un moment de leurs problèmes et surtout de rencontrer, d’échanger, de se faire des amies, de ne pas sombrer dans la solitude.
Du coup, le Dr Guillaume a eu le mot de la fin : « Cette maladie est une traversée du désert, un changement de vie. On n’en sort pas indemne mais on en sort grandie ». Dans la foulée, de proposer de former un équipage de dragon-boat pour l’année prochaine.
Et Stéphanie Pilanca d’ajouter : « OK, je vous aide à voler un bateau ! »
Jacques Brachet