Paul Barral (Clovis Cornillac) est à la fois menuisier et maire d’un petit village, Cordon, qui se déserte.
Afin de ne pas avoir à faire fermer l’école faute d’élèves, il cherche des solutions. Il construit donc des appartements afin de recevoir de nouveaux habitants. Mais le lieu étant éloigné de tout, il n’y arrive pas. L’un de ses adjoints a trouvé une entreprise qui voudrait installer un complexe avec piscine, mais la solution ne lui convient pas.
Arrive alors Joe Lynn « Eye Haïdara) une jeune femme, chanteuse épisodique avec deux enfants qui vivent en foyer mais que l’âge des enfants fait qu’elle doit le quitter. Si au départ, il n’est pas très chaud pour les recevoir, il finit par lui louer un appartement. Et elle arrive… avec une amie du foyer qui est enceinte !
A partir de là, le village sera en ébullition car il y a les pour, les contre dont un adjoint qui voit son projet menacé et va tout faire pour que repartent ses femmes seules avec leurs enfants.. Peu à peu, aidée par une de ses adjointes, l’idée de faire de ce pâté d’immeubles un centre pour ces personnes prend forme. D’autant que Joe s’adapte aux villageois, leur donne des cours de country et peu à peu le village reprend vie.
Est-ce que Monsieur le Maire arrivera à ses fins ?
Ce premier film de Karine Blanc et Michel Tavarès est un film à la fois drôle, émouvant, il s’y dégage une humanité, Clovis Cornillac, comme à son habitude, y est formidable en Maire un peu paumé et Eye Haïdara, en plus d’être belle et d’avoir une belle voix, y est lumineuse en mère tout aussi paumée qui se raccroche à l’espoir de trouver un vrai foyer pour ses enfants.
Le Six N’Etoiles a eu la chance d’avoir la visite de ce maire pas comme les autres et de ses réalisateurs. Ce sera en coup de vent, le temps de boire un coup avec quelques « vrais » élus, mais sans le « vrai » maire et quelques membres du Rotary. Chance d’autant plus grande que, passant du Pathé la Valette au Six N’Etoiles, il a pu rester un moment avec nous, avant de repartir pour Paris à 6 heures du matin le lendemain !
« Clovis on vous voit chaque fois en tournée avec chacun de vos films et à Six-Fours entre autres où une salle porte votre nom…
Oui car, que je sois réalisateur ou comédien, je ne vis que grâce au public et lorsque j’en ai le temps, je suis heureux de partager un moment avec lui et qu’il puisse découvrir un film sur un grand écran. Je trouve quelque chose de magique de me déplacer dans les villes, de le rencontrer et de passer un moment ensemble.
Karine, Michel, c’est votre premier film à tous les deux… Vos impressions ?
Karine : Un premier film c’est très émouvant à montrer, c’est à la fois du stress et du bonheur et je suis très heureuses de voir les premières réactions du public.
Michel, Je suis très impressionné de voir une salle pleine pour découvrir notre film. Déjà enfant, je rêvais de faire du cinéma, de pouvoir montrer mon travail et arriver avec un premier film c’est un grand bonheur, même s’il y a un peu d’appréhension sur le fait que le public va aimer ou non notre travail.
Quelle est la genèse de l’histoire ?
Karine : C’est parti d’une histoire réelle d’un petit village de montagne des Pyrénées. Nous avons, nous, tourné dans un petit village des Alpes où tous les habitants ont participé au film. Ça a été de véritables rencontres, ils étaient heureux de nous recevoir, tout autant que malheureux de nous voir repartir. Tout le monde était triste et, alors que nous avons eu un temps superbe, il pleuvait le jour où nous sommes partis.
Clovis, qu’est-ce qui vous a plu dans cette histoire ?
Lorsque j’ai lu le scénario, je l’ai trouvé plein d’humanité et il ressemblait à ses ambitions. L’histoire est belle car c’est une histoire vécue qui m’a beaucoup touché. Il y a des moments d’humour, des moments d’émotion, des moments d’humanité. C’est un vrai sujet et c’est un film tendre, bienveillant qui ressemble à ses réalisateurs. C’est un film populaire dans le bon sens du terme.
Michel, avez-vous tout de suite pensé à Clovis ?
Michel : Pas en l’écrivant car je ne crois pas que ce soit judicieux d’écrire pour un comédien sans savoir s’il aimera le scénario ou s’il sera libre. Après, le scénario bouclé, c’est vrai que nous avons pensé à Clovis et la chance et qu’il a aussitôt répondu positivement.
Avez-vous galéré car faire un premier film est toujours une aventure !
Karine : En fait, nous n’avons pas tellement galéré même si le chemin a quelquefois été un peu sinueux. Très vite UGC a été d’accord pour le financer. Il faut dire que le nom de Clovis a dû faire beaucoup. On a eu la chance d’avoir la bonne personne.
Clovis, quel effet ça fait d’être maire ?
(Il rit) C’est un rôle comme un autre mais surtout, j’ai découvert ce que c’était qu’être maire. C’est un sacerdoce car dans ces villages, un maire est très mal payé il bosse 70 heures par semaine et doit avoir un « vrai » travail à côté. De plus, il n’a pas de vacances, il reçoit des doléances de partout, pour tout et n’importe quoi. C’est en fait un boulot à plein temps, épuisant physiquement et moralement, surtout dans ces petites communes éloignées de tout et qu’on oublie souvent. J’ai vraiment su ce que c’était. J’admire ceux qui le font car c’est un métier assez noble et j’espère ne pas avoir trahi cette fonction. J’avais peur qu’ils disent : « Ce n’est tellement pas ça ! »
Vous n’avez pas eu de retour ?
Oui, nous avons été invités au Congrès des Maires Ruraux de France où nous avons présenté le film. C’était très délicat de les leur présenter mais ils ont tous été heureux qu’on parle d’eux. Durant deux jours, l’ambiance était fraternelle car ils vivent tous dans une telle solitude qu’ils sont heureux de se retrouver, de picoler ensemble. Je crois que ça leur a filé un coup de jus, un coup d’énergie.
Travailler avec des réalisateurs dont on ne peut pas s’appuyer sur un précédent travail, est-ce que ça vous pose problème ?
Non, dans la mesure où on nous présente un travail abouti, une histoire intéressante. J’ai tout de suite aimé mon rôle aussi car je pouvais jouer sur l’humour, la tendresse, l’émotion. Et j’ai tout de suite aimé Karine et Michel. J’ai senti qu’on ferait du bon travail. Après, c’est toujours le public qui décide.
Justement, Karine, Michel, si ça n’avait pas été Clovis ?
Michel : C’aurait été un autre comédien avec une autre façon de s’attribuer le rôle, avec une autre personnalité. On aurait peut-être dû adapter, changer certaines choses…
Clovis : C’est pour cela qu’il ne faut jamais écrire pour quelqu’un car l’interprétation est aussi vraiment une vision de l’interprète. Si le comédien pressenti dit non, ça peut totalement changer le film. Ça peut être très mauvais mais quelquefois ce peut être une bonne surprise. Ce peut aussi devenir un autre film. C’est une question de chance.
Michel : Nous avions besoin d’une intention, d’un regard, d’un visage qui parle et c’est ce que nous avons eu avec Clovis ».
Jacques Brachet