Notes de lectures

Claire DELANNOY : Wanted (Ed Albin Michel – 123 pages )
Ancienne éditrice, Claire Delannoy est auteure de plusieurs romans. Celui-ci porte sur le bandeau la mention « la cavale d’une icône du terrorisme ». Nous découvrons une femme âgée, qui vit seule dans une maison dans la forêt. Elle reçoit un homme plus jeune, Anton, qui vient régulièrement pour l’interroger sur son passé. Au fil des pages, Elsa raconte son passé, sa jeunesse alors qu’elle était étudiante en médecine, son engagement révolutionnaire, son arrestation puis sa longue cavale à travers le monde. Que cherche Anton ? Q u’a vraiment fait Elsa ? Nous ne le saurons qu’à la fin du roman après de multiples chapitres mettant en scène le face à face des deux protagonistes.
Jacqueline TAÏEB : Je chante si on me donne des chocolats (Auto édition – 146 pages)
Milieu des années 60… Une toute jeune fille au regard aussi noir que la frange qui les balaie, vient avec une énergie et un culot grimper dans les hit parades avec « 7 heures du matin » le premier rap qu’on n’appelait pas ainsi puisque c’était alors un OVNI. Sans compter que c’était une femme qui l’assenait !
De sa toute petite enfance elle a voulu chanter et sa guitare, un cadeau de son père, a tout déclenché.
Elle a 20 ans et le monde lui appartient. Mais, si elle est toujours restée dans le métier, elle n’a pas eu le succès que d’autres ont eu et qui n’étaient pas plus talentueuses qu’elle. Malgré ça, si elle a toujours travaillé entre ombre et lumière cette battante d’origine tunisienne n’a jamais baissé les bras, a toujours enregistré des disques, écrit, composé pour elle et pour d’autres comme Jeane Manson, Michel Fugain, Maurane qui s’appelait encore Claude Maurane, Yves Montand, ces trois derniers collaborant à une comédie musicale pour enfants « La petite fille Amour chez les cousins de miel ». C’est elle qui a écrit « Les Sud-Américaines » à Fugain. C’est elle qui découvre et produit Dana Dawson, hélas trop tôt disparue. Son seul et unique tube a fait le tour du monde, souvent employé dans des pubs ou dans des films. D’autres pubs aussi dont elle signe la musique (Lolita Lepimka, Axe, Les 3 Suisses…)
Contre vents et marées, trahison et ingratitude des gens du métier mais aussi de sa famille, elle a toujours débordé d’énergie. Elle s’est toujours relevée de tout et a continué en trouvant des chemins de traverse mais toujours dans la musique qui est et reste sa seule passion.
Elle écrit comme elle parle, sans tabou, sans langue de boit, appelant un chat un chat, un con un con, un salaud un salaud.
Remerciant ses père et mère elle n’oublie pas ses profs de math qui l’ont tellement gonflée qu’elle a pu écrire ses chansons pendant leur cours !
Ses amis, ses amours, ses emmerdes… elle déballe tout avec une sincérité et un humour confondants.
Quel plaisir de la retrouver !
Peter D. MASON : Destins mortels à Chamonix (Ed Paulsen – 173 pages)
Gabriel Santonini, 28 ans, vient de perdre son père, juge d’instruction. Il trouve un dossier non résolu par celui-ci, concernant un mafieux franco-serbe de la pègre de Chambéry. Il décide de se transformer en justicier et devient tueur à gages. Et voici le lecteur parti dans des aventures rocambolesques toutes aussi improbables que drôles.
Un roman policier très réussi. On attend avec hâte le suivant.

Zoé BRISBY : LES MAUVAISES ÉPOUSES (Ed Albin Michel – 335 pages)
Dans le désert du Nevada, pas très loin de Las Vegas vivent très confortablement des jeunes femmes dont les maris travaillent sur la base militaire qui étudie la bombe atomique. Cela se passe en 1952.
La jeune femme profitant du soleil dans une piscine sur la page de couverture du livre serait-elle une de ces mauvaises épouses que l’auteure veut nous faire rencontrer ? Ces mauvaises épouses vivent dans des maisons alignées toutes identiques, leur seule occupation étant le prochain cocktail ou barbecue qu’elles qualifient d’atomiques pour singer la profession de leur mari. Tout le monde connaît tout le monde et rien ne doit transpirer d’une maison à une autre sauf les cris étouffés qui parviennent de la maison de Charlie. Sa gentille voisine Summer, découvrira la sauvagerie de son mari et s’émancipera à son contact. Rien ne doit troubler les explosions qui malgré tout provoquent des saignements de nez et troubles divers, la vie est réglée pour que les femmes vivent en vase clos avec leur cachoteries, leurs manigances, leurs mesquineries, leurs transgressions, tout est fait pour la gloire de cette fameuse bombe qui éliminera ces affreux communistes.!
Un roman qui replace bien le mode de vie de ces jeunes femmes dans une base militaire. Ce n’est pas caricatural, heureusement ces temps ont changé pour les femmes. L’auteure a voulu pimenter  son histoire en y ajoutant des amours transgressives, ce n’est pas le plus intéressant.
Etienne de MONTETY : La douceur (Ed Stock – 267 pages)
Le narrateur se présente dès la première page comme un journaliste ayant travaillé vingt-cinq ans dans les services « Arts de vivre » de magazines hauts de gamme. Il part en Australie à Constantia pour la Convention Internationale de la Rose, toujours mieux qu’un salon de la voyance pense-t-il, mais ce sera l’occasion de rencontrer une pétillante consœur allemande, Barbara et surtout la merveilleuse May de Caux, présidente de cette vingt-troisième convention. Une femme élégante, racée, distinguée qui écoute, sourit délicieusement et ne répond qu’aux questions relatives aux roses. Il y a pourtant derrière cette façade une femme cachée et le journaliste fera tout pour découvrir ce qu’elle ne veut pas révéler. Il ne sera pas facile de briser le silence de cette aristocrate élevée dans un milieu privilégié.
La persévérance, la correction, la patience amèneront May de Caux à confier les notes secrètes  écrites au fil des ans depuis sa libération du camp de Ravensbrück. L’horreur des camps ne s’oubliera jamais, d’ailleurs May a besoin de retrouver ses amies de camp, celle par exemple qui lui a mis du rouge à lèvres, donné un semblant de bonne mine alors qu’elle avait le typhus. Au fil des ans, malgré les épines de la vie  c’est la douceur qui dominera sa vie, notamment avec les roses.
Ce livre est dédié à Lily de Gerlache, figure de la résistance en Belgique, qui s’est efforcée de faire reconnaitre la place des femmes dans la lutte de celles-ci contre le nazisme.
Le titre choisi par Etienne de Montety montre la dignité face à l’horreur de la guerre, un titre malheureusement toujours d’actualité.