
Nous sommes en 1793 alors que Toulon se livre à la flotte anglaise, prenant ainsi le nom infamant de Port la Montagne.
Les villes du Midi s’insurgent contre le pouvoir de Robespierre. Toulon en fait partie.
Paul Barras, alors député de la Convention, fait arrêter tous ceux qui sont hostiles à la République.
Parmi les suspects, il va rencontrer un notaire provençal avec qui il va dialoguer avant que celui-ci, s’il est coupable, ne soit envoyé à Paris afin d’être jugé, condamné et guillotiné.
C’est la nouvelle pièce d’André Neyton, comédien, metteur en scène, écrivain, directeur de l’Espace Comédia de Toulon, que l’on découvrira à partir du 28 février en son théâtre*.
Cette pièce s’intitule « Les trompe-la-mort de l’an II » qu’il a écrite et mise en scène avec deux de ses comédiens complices : Jacques Maury (le notaire) et Xavier-Andrien Laurent (Barras). A noter, dans la famille Neyton, Michel, le fils, à la création lumière et images, Isabelle Denis qui signe les costumes.
Nous voilà à l’Espace Comédia pour les dernières répétitions en costumes.
« André, voici vingt ans tu t’étais intéressé à Barras (Barras, le vicomte à l’ail). Qu’st-ce qui te fait y revenir ?
C’est le livre de François Trucy (qui fut maire de Toulon et écrivain ndlr) « Pièges » qui raconte une histoire de famille, de Victor Trucy un de ses ancêtres, notaire à cette période de la Révolution.
Si j’ai repris l’histoire, j’ai inventé les dialogues entre Barras et ce notaire à qui je n’ai pas donné de nom, qui s’est fait arrêter et, s’il est coupable, sera jugé à Paris. Il faut savoir qu’à cette époque, le voyage en charrette durait 39 jours pour, en finale, être guillotiné.
Qu’est-ce qui t’a intéressé dans ce dialogue que tu as inventé ?
C’est un dialogue entre deux provençaux, qui plus est deux varois, Barras étant de Fox-Amphoux, le notaire de Barjols. Le suspect est un notaire girondin alors que Barras est un jacobin rigoureux.
– Ce sont – ajoute XaL – deux concepts de la République, deux visions de la société de l‘époque qui s’affrontent même si le notaire ne se gêne pas pour dire ses vérités à Barras
– Barras, qui, lui, est d’un cynisme assumé. Ce n’est pas pour rien qu’il est appelé « le pourri » !
– C’est un débat de passion – précise Jacques Maury – et un débat que l’on peut encore trouver de nos jours, resté très actuel même si les noms de girondin et de jacobin ne sont plus utilisés.
– Aujourd’hui – reprend André – les mots sont plus subtils mais c’est toujours du copié-collé et les idées sont très actuelles. De plus, c’est un dialogue entre deux provençaux, qui parlent un français mâtiné de leur langue maternelle. Même si, à l’époque, les notaires écrivaient leurs actes en français, qu’il fallait souvent traduire en provençal.
André, n’as-tu pas eu envie de prendre le rôle de Barras ?
(Il rit). Non et pour plusieurs raisons : d’abord je n’ai plus la quarantaine, comme l’avait alors Barras et puis, après « L’affaire Dominici », j’ai décidé d’arrêter de jouer. Je n’arrête ni l’écriture, ni la mise en scène mais pour moi, fini la comédie ! »
Nous ne reverrons donc plus André Neyton sur scène, sauf pour mettre en scène… et pour faire quelques photos souvenirs, en attendant de retrouver sa dernière création.
A noter que la musique est signée d’un autre complice de « la bande à Neyton » : Miqueu Montanaro.
Jacques Brachet
* « Le trompe-la-mort de l’an II », mardi 28 février, jeudi 2 mars, vendredi 3 mars 20h45,
dimanche 5 mars à 16h (04 94 36 19 16)
