Nicolas Desole est un grand gaillard de 22 ans au regard à la fois timide et pétillant lorsqu’il parle cinéma.
Mais ne vous y fiez pas car s’il est un cinéphile averti, ses goûts peuvent être surprenants, vu son âge : il a une vénération pour Pasolini, admire le Marquis de Sade, adore les films de série B, les films d’horreur, les films de genre et il est une véritable encyclopédie sur ces sujets.
Ce six-fournais a été et est encore le plus jeune adhérent de l’association « Lumières du Sud », créée par notre ami Hanri Lajous qui vient de nous quitter. Il y est entré il y a 7 ans !
Sa présidente Pascale Parodi, a donc invité Nicolas qui, entre autres activités, en a démarré une autre : celle de conférencier. C’était sa troisième conférence lundi au théâtre Daudet e il m’avouait juste avant, être à la fois excité mais aussi très stressé, d’autant que famille et amis étaient dans la salle.
C’est ainsi qu’il nous a présenté son idole, Pasolini, nous parlant de son œuvre cinématographique, aussi bien de ses films de fiction comme « Théorème », « Salo », « Œdipe roi », « Mama Rome », « Médée »… Mais aussi de documentaires car le cinéaste en a tourné beaucoup et Nicola nous a montré un reportage tourné en Inde, peu ou pas connu, nous proposant « L’importance du corps dans son cinéma » et « Un voyage initiatique au cœur de l’acteur »
Une conférence dont on voyait qu’il connaissait le sujet par cœur, même si par moments, le trac le faisait perdre un peu le fil de sa conférence.
Mais c’était à la fois fort intéressant, malgré le stress, et touchant de voir un si jeune garçon tellement passionné.
Le rencontrant, je m’étonne de ses goûts cinématographiques, entre autre d’être aussi féru d’un réalisateur d’une autre époque que la sienne, aussi sulfureux, scandaleux, subversif et controversé.
« Ce qui m’a accroché chez lui, c’est d’abord qu’il est italien, comme mon grand-père qui a fui son pays parce qu’il était anti fasciste, comme Pasolini. C’est d’abord cette histoire qui m’a relié à lui et puis j’ai été attiré par l’anthropologue et l’ethnologue qu’il était. Je l’ai découvert au lycée et j’ai été attiré par la puissance de son cinéma ainsi que dans son découpage. De plus, en dehors de ses films de fiction, il a beaucoup voyagé pour tourner des documentaires en noir est blanc, qui font partie intégrante de son œuvre. Des documents également très forts, qu’on connait peu ou pas et que j’aimerais pouvoir faire découvrir aux gens.
Le cinéma a toujours été ta passion ?
Oui et j’ai surtout été intéressé par les courts métrages, les formats courts. Je suis entré à l’école de cinéma de Montpellier. Mais je me suis surtout intéressé à la distribution. J’ai travaillé bénévolement sur plusieurs festivals où je m’occupais de la sélection des films. J’ai travaillé un an avec Christian Philibert sur son film « Germain Nouveau, le poète illuminé ». Je me suis occupé de la distribution du film car la distribution est le secteur qui m’intéresse. Je travaille ainsi avec tous les ciné-clubs et sur certains festivals. Je fais de la programmation depuis cinq ans. Surtout de courts métrages.
Aujourd’hui tu deviens aussi conférencier alors que tu es assez timide !
Oui et ce soir j’ai le stress mais aussi l’envie de partager mes passions avec le public, leur faire découvrir des choses comme ce film de Pasolini tourné en Inde. Je manque encore un peu d’assurance mais je suis très heureux de pouvoir parler de ce que j’aime. Je vais présenter cette conférence à Clermont-Ferrand, à Marseille, Toulouse, Lyon…
Toujours sur Pasolini ?
Oui, je n’ai fait qu’une conférence sur le Marquis de Sade et j’y reviendrai. Pour le moment c’est Pasolini sur lequel je suis d’ailleurs en train d’écrire un livre. Je cherche un éditeur ou un financement. J’ai d’ailleurs lancé une cagnotte participative, pas seulement pour éditer mon livre mais surtout faire connaître mon projet* ».
Nicolas est désarmant de gentillesse mais surtout de passion, cette passion qu’il a toujours eue en lui de cinéma et d’aller vers les autres pour la faire partager.
Jacques Brachet
nicolas0707200@gmail.com
Photos : Avec Pascale Parodi et André Grochowski