Pathé la Valette : Alexis MICHALIK
« Au théâtre on dit, au cinéma on montre »

Katia (Juliette Delacroix) est homosexuelle. Justine (Marica Soyer) se dit hétérosexuelle.
Mais elles tombent amoureuses. A tel point qu’elles décident d’avoir un enfant. Qui le portera ? L’une ou l’autre selon les hasards de s’insémination. C’est Juliette qui tombe enceinte… Et Justine qui va soudainement la quitter.
On retrouve Katia douze ans après avec sa magnifique fille (Marion Maindivide). Mais elle apprend qu’elle a un cancer en phase terminale. Elle décide de confier sa fille à William, son frère, célèbre romancier en perte d’inspiration, devenu alcoolique et désabusé.
Comme toujours, Alexis Michalik signe là une histoire forte et bouleversante tirée de sa propre pièce de théâtre.
Alexis Michalik est auteur, acteur, metteur en scène, scénariste, réalisateur, écrivain… Et il réussit tout ! En plus de son immense talent, l’homme aux 5 Molière pour « « Edmond », il est beau et d’une rare simplicité… Trop pour un seul homme !!!
C’est donc avec plaisir qu’on le retrouve au Pathé de la Valette, accompagné de Juliette Delacroix, heureux et quelque peu stressé car c’est la première avant-première de ce film.
Nous sommes ses premiers journalistes !

« Comment vous est venue cette histoire, Alexis ?
J’avais une chanson dans la tête et l’idée m’est venue peu à peu en me disant que j’écrirais un jour une pièce. Et puis, comme chacun de nous, j’ai eu une rupture, un décès  et j’ai commencé à écrire le texte que j’ai fait lire à Juliette… Et en le lisant, on pleurait ! On a pu jouer la pièce en 2020, interrompue par le covid mais qui a bien marché et là encore, je me suis dit que, lorsque j’aurais le temps, j’en ferais un film. Ce que j’ai fait.
Le choix des trois comédiennes, comment s’est-il fait ?
Je tenais absolument à ce que les mêmes artistes jouent dans le film car notre vie et notre histoire sont très liées, nous avions vécu une belle aventure et il fallait qu’elle continue.
Juliette, avez-vous hésité ?
Il était très compliqué de refuser une telle continuité. Mais comme Alexis est un filou, et comme nous savions qu’au cinéma les producteurs veulent des têtes d’affiche, il nous a fait croire jusqu’au dernier moment qu’il avait choisi d’autres comédiennes. Ce que nous avons trouvé normal, C’est lors d’un goûter de Noël qu’il nous a dit que ce serait nous !
Alexis : J’attendais d’être sûr d’avoir France 2 en production pour pouvoir le leur dire. Je le leur ai d’ailleurs dit le lendemain de la signature. J’étais comblé. La boucle était bouclée.
Je voulais que le public ressente l’émotion que nous avions eue au théâtre et vu ce que nous y avions vécu, il fallait qu’on retrouve cet état de grâce. Je savais qu’avec elles on retrouverait ça.
Juliette : C’est vrai qu’au théâtre nous avons beaucoup pleuré car Alexis sait trouver ce qui peut toucher le public mais aussi les comédiens car ce qu’il raconte, même si ça ne nous est pas arrivé, c’est arrivé à des proches. Il y a toujours une part d’intime dans ces situations.
Alexis : Je cherche toujours la connexion avec les comédiens. Je voulais retrouver cette connexion  que nous avions eue ensemble mais aussi avec le public. On a tellement joué de fois ensemble qu’on est totalement dans le vrai.
La pièce a été créée en Espagne et j’ai recherché des comédiens qui pouvaient avoir cette même connexion.
Alexis entre la pièce et le film, il y a toujours des différences. Quelles sont-elles ?
D’abord je ne voulais pas que ce soit du théâtre filmé mais une vraie adaptation cinématographique. Il y a 136 décors par rapport à la pièce qui n’en a qu’un. Et puis, comme 15 ans sont passés entre le début et la fin, il fallait qu’on le ressente. Il fallait aussi plus d’action et donc, moins de textes. Au théâtre on dit, au cinéma, on montre. Il y a aussi la possibilité d’aller chercher plus loin l’intimité, avec des gros plans par exemple ou des têtes à têtes.

Et vous Juliette, les scènes d’amour y sont ajoutées. Difficile à tourner ?
(Elle rit) Ça n’était pas simple car je suis hétérosexuelle et je ne savais pas comment me comporter dans un lit avec une femme. J’ai une amie qui l’est et qui m’a donné des leçons et finalement, ça n’est pas si différent qu’avec un homme… sauf qu’il y a quelque chose en moins !!!
Alexis, il y aussi la scène de ce faux mariage avec tous les copains, ce qu’il n’y a pas dans la pièce !
C’est vrai car nous ne sommes que cinq en scène, mais en fond de scène, il y avait un film où l’on voyait du monde.
La scène du film, nous l’avons tournée en Corse en une journée et nous l’avons tournée dans l’ordre : le discours de William, la fête, le buffet, l’orchestre où tout le monde danse et chacun est dans son coin. Nous l’avons tourné comme un vrai mariage avec des moments volés où les gens dansaient, buvaient, parlaient entre eux. Nous étions vraiment en famille. Nous avons eu la chance d’avoir un temps superbe et de pouvoir tourner du matin à la nuit.
Sans compter que tout le monde a été efficace, tout s’est tourné sans problème, sans perdre de temps.
Vous avez intitulé le film « Une histoire d’amour ». En fait il y en a plusieurs !
C’est vrai, il y a les deux filles, puis la mère et la fille, puis  le frère et la sœur, puis l’oncle et la nièce… Tout ça s’entremêle, on apprend à connaître chaque personnage tout au long du film.
Etre détenteur de cinq Molière, est-ce que ça vous a stressé pour la suite ?
Vous savez, recevoir un Molière c’est agréable, ça montre l’intérêt de la profession mais, paradoxalement, vite remis, vite oublié. On ne fait pas ce métier pour ça. C’est une confirmation que l’on ne s’est pas trompé de voie dans notre choix.
Après, on part sur un autre projet en essayant de le faire aussi bien.

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Monique Scaletta