A la mort de son père, Alice (Julia Piaton) a pris sa suite en tant que maire de Kerguen, un petit village breton qui se meurt lentement. Elle y est également institutrice.
Elle se démène tant qu’elle peut pour sauver son village lorsque survient Émile (Michel Blanc) homme acariâtre et illettré qui squatte sa classe en vue d’apprendre à lire, son frère, qui s’occupait de lui, étant décédé et lui illettré, devant se débrouiller seul.
Le départ est difficile entre elle, lui, son école, sans compter tous les problèmes qui lui tombent sur la tête, dont la fermeture probable de cette école, faute d’élèves.
La réalisatrice Mélanie Auffret traite d’un sujet brûlant, la désertification des villages mais elle le traite avec tendresse, avec humour et fait d’Alice une héroïne qui va se battre pour que la vie reste dans le village.
Julia Piaton est solaire et émouvante, Michel Blanc est superbe dans de rôle de mec irascible au grand cœur et ils sont entourés par des personnages drôles, savoureux comme Lionel Abelanski, Marie Bunel, Marie-Pierre Casey (la dame qui glisse sur la table dans une pub célèbre) Grégory Bonnet (Scènes de ménages).
C’est presque un film choral qui fait la vie de ce petit village perdu où tous les personnages sont attachants, entourant Alice et Émile. Particulièrement les enfants qui sont superbes.
Une jolie comédie qui se termine par « La tendresse » chantée par Bourvil, chanson bien choisie pour un film qui sort des sentiers battus et des sempiternels polars et films mortifères que l’on voit en ce moment.
Mélanie Auffret et Lionel Abelanski étaient les invités du Six N’Etoiles. Julia Piaton qui devait être de la fête, a dû annuler sa venue pour cause de grossesse.
« Mélanie, dans « Roxane », il était question de sauver une ferme. Là il s’agit d’une école et d’un village…
Je m’intéresse avant tout à l’humain et à la communauté de tous ces villages qui ont des difficultés partout en France malgré tout ce que les maires peuvent faire pour les tenir ou les ramener à la vie.
Avant le tournage, je suis allé à la rencontre d’une vingtaine de maires de ces petites communes et je me suis rendu compte de la tâche ingrate qu’ils ont car leurs administrés viennent frapper à sa porte à n’importe quel moment et pour n’importe quoi : une fuite d’eau, un trou dans la chaussée, un mal de ventre. Et ce que je raconte dans le film est bien en-dessous de ce qu’ils doivent gérer. Entre autre un maire qui, pour garder son école de cinq élèves, y a ajouté… cinq moutons ! C’est véridique.
Il y a aussi une belle histoire qui se noue entre Emile et Alice..
Tous deux ont un point commun : ils ont perdu un être cher et vivent avec leurs fantômes. Pour Alice c’est son père qui fut maire avant elle et qui voudrait être à sa hauteur. Pour Emile c’est la dépendance à son frère qui s’occupait de tout, entre autres du courrier, des factures, ce qu’il ne peut faire étant illettré. Cela les rapproche. Ils sont tous les deux abandonnés et ça va créer des liens sociaux. Ce qui m’a toujours intéressé c’est ce lien entre les êtres qui les rapproche, surtout dans des lieux où tout le monde se connaît.
Lionel, vous voici encore dans le second film de Mélanie…
Et je suis très heureux qu’elle ait encore fait appel à moi. Si elle m’appelle pour le troisième j’accours ! J’aime ce qu’elle raconte, la vraie vie de ces gens, sans caricature, sans pathos. Elle est très proche de la réalité et elle la raconte avec simplicité, avec beaucoup d’empathie et de tendresse.
De plus, elle a tourné dans sa région où tout le monde la connaît et l’apprécie. L’ambiance était très familiale et amicale. Chacun était prêt à l’aider. Et elle parle vraiment de ce qu’elle connaît.
Mélanie, avez-vous pris des gens de votre village ?
Oui, il y en a plein que j’ai « embauchés » !
Il y a entre autre Odette, qui est une comédienne bretonne de 95 ans, qui joue encore et qui était ravie d’être de l’aventure !
Et les enfants ?
Nous avons fait un casting sauvage de 600 enfants mais je n’en ai rencontré que 200, ce qui n’est déjà pas si mal, pour n’en retenir qu’une vingtaine. Mais avant le tournage, j’ai travaillé en amont avec eux, on a créé une sorte de colonie de vacances. C’étaient d’ailleurs des vacances pour eux ! Ils ont tous joué le jeu sans problème. Par contre je n’ai jamais voulu que les parents assistent à ces rencontres et n’ai voulu aucun d’eux sur le tournage. Ils étaient par contre super-encadrés et le tournage a été très joyeux.
Vous avez une belle brochette de seconds rôles.
Oui, et ils ont tous été heureux de ce tournage
Lionel : J’ai eu la joie de retrouver Grégoire Bonnet car nous nous sommes connus jeunes à l’école de commerce. Moi je jouais dans une troupe amateur et lui n’avait qu’une envie, c’était de devenir comédien.
Et vous aussi ?
Moi, c’était le théâtre qui m’attirait. J’ai d’ailleurs fait le cours Florent. Nous avions monté un spectacle avec quelques élèves et Coline Serreau m’a remarqué et m’a engagé pour son film « Romuald et Juliette ». Et c’est parti comme ça.
Et passer à la réalisation ?
Ça ne m’emballe pas plus que ça. Peut-être un jour, pour essayer. Par contre, être metteur en scène serait plus dans mes cordes.
Mélanie, vous êtes partie sur une tournée énorme !
Oui, nous en sommes à 80 projections et j’ai mis un point d’honneur à aller dans de petites communes qui n’ont jamais vu venir des artistes dans leurs cinémas. Je pense que c’est en adéquation avec je sujet du film. Il ne faut pas abandonner ces gens dans ces petits villages où pas grand-chose ne se passe. Nous avons sillonné la France.
Maintenant, nous commençons à faire de plus grandes villes.
Lionel, vous êtes ici un peu chez vous…
Oui, depuis quelques temps. Il y a 35 ans j’avais accompagné une amie à la Verne. De ce jour, j’ai toujours gardé un souvenir magnifique de la région et depuis quelques années nous avons acquis une maison à Fabrégas où nous venons souvent avec ma femme. Et je connais le Six N’Etoiles ! Propos recueillis par Jacques Brachet
Sortie sur les écrans le 1er mars