Delphine COUTANT : 2 systêmes solaires ( LC6 – L’autre Distribution -11 titres)
Delphine Coutant, chanteuse, compositrice, musicienne, se définit comme une Trobairitz (femme troubadour) du XXI°. Que voilà un joli titre ! La voici pour son sixième album, parée des oripeaux de la fonction qu’elle s’octroie. Une voix qui rappelle un peu celle d’Anne Sylvestre, c’est dire un charme certain, avec une diction parfaite.
Elle se promène, relax, entourée de 8 musiciens et chœurs sur des arrangements fleuris qui entourent bien la chanson.
Delphine Coutant s’exprime dans un univers très particulier, et rare dans la chanson. On est dans le minéral, le végétal, l’hiver, la glace, la sculpture, la mythologie (Méduse, Pégase), les plantes rares. Elle sait bousculer la langue et les images assez surréalistes, exemple « …voir la montagne bouger/sur une plage bretonne/l’Himalaya sous les pieds/dans un salon de glace… »
A écouter pour sortir des petites histoires quotidiennes et faire un doux voyage incongru
LOCO CELLO : Tangorom
(Well Done Simone ! Record – Abbaye de Noirlac WDS003 – 11 titres)
Le « Violoncelle en folie » c’est un trio avec François Salque au violoncelle, Samuel Strouk à la guitare et Jérémie Arranger à la contrebasse, auxquels, pour ce disque s’adjoignent des invités de marque : Biréli Lagrène et Adrien Moignard à la guitare. A la tête de plus de 40 disques et de multiples récompenses le trio Tangorom s’empare du tango avec plusieurs titres d’Astor Piazzolla, du jazz avec des morceaux de Django Reinhardt, et même le classique avec Robert Schumann.
Le disque s’ouvre avec « Oblivion », le tango de Piazzolla le plus sensuel, joué bien dans la tradition mais avec un son nouveau. Une « Csardas » (en deux parties) avec la guitare dans le rôle du cymbalum et le violoncelle dans un lyrisme à fond tzigane. Une réussite avec toutes les couleurs du genre. « Tears » de Django et Grappelli, et « Clair de Lune » de Django avec Biréli Lagrène et la contrebasse, du grand art. Le Schumann « Auf einer Burg », ou encore « La Prière » d’Ernest Boch, joués façon tango, permettent à François Salque d’extraire toute la force d’âme que peut exprimer le violoncelle dans toutes ses nuances.
Ce violoncelle n’est pas fou, ou alors fou de musique, pour notre plus grand plaisir.
Élodie RAMA : Constellations ( Label 10h10 – 11 titres)
Fille d’Hilaire Rama célèbre bassiste et chanteur de blues et de musique bretonne, voilà qui lui a permis de s’ancrer dans la musique sans frontières. Elle se réclame de la créolisation conceptualisée par Patrick Chamoiseau dont le poème « Frères migrants » est dit par une voix d’homme sur une rythmique, texte qu’on peut résumer par l’un des vers « Le combat de l’un est le combat de tous ». Ce qui fait d’elle une chanteuse engagée. Vivant à Marseille elle se frotte au Hip Hop et fait sa place dans ce riche milieu multi culturel. Akhenaton vient en duo avec elle sur « Indigo ».
Un voix nasale acidulée, très particulière et assez étrange. Elle chante avec une décontraction à la Lana Del Rey, mais sans la sensualité ni la diction. Son chant repose sur de belles rythmiques parfois très riches. « Ko » est assez emblématique de son style. Elle se montre plus rock lent dans « Home », une autre facette de son style. Elodie Rama a déjà trouvé sa « façon » et a toute sa place dans la chanson d’aujourd’hui.
Serge Baudot