Jacques (Bernard Campan) est un garçon divorcé, espèce d’ours solitaire qui tient une cave à vin un peu branlante et qui ne voit personne à part un ami..
Hortense (Isabelle Carré) et une femme encore jeune, pleine d’entrain, très catho, chantant à l’église dans une chorale et s’occupant de sans-abris. Elle se sent vieillir, sage-femme elle voit tous les jours naître des bébés, alors que son seul désir est d’en avoir un.
La rencontre autour du vin entre cet ours et cette poupée va changer leur vie. Mais avant, il faudra que chacun se lâche, raconte sa vie, ses déceptions, ses peines, ses fêlures, s’ouvre à l’autre et ce ne sera pas des plus faciles.
Ivan Calbérac nous offre, une fois de plus, une comédie romantique pleine de douceur, de délicatesse, nos deux personnages sont attachants, lui qui cache un énorme besoin de tendresse après une vie faite de drames, elles qui se sent vieillir seule et surtout sans espoir d’avoir un enfant.
C’est l’histoire de deux solitudes qui vont s’ouvrir par l’intermédiaire du vin, un sujet original qui fut d’abord une pièce de théâtre à succès mais l’ami Ivan a cette habitude de transformer un livre, une pièce de théâtre écrits par lui en film, comme il l’a fait avec « Venise n’est pas en Italie » étant à la fois romancier, scénariste, metteur en scène et réalisateur.
C’est dans le domaine du château de la Castille qu’on retrouve Isabelle et Ivan, à la fraîcheur de la cave aux senteurs enivrantes. Joyeuse retrouvailles car nous nous connaissons de longue date et c’est toujours un vrai plaisir que de retrouver ces deux adorables personnes… autour d’une dégustation !
On sent entre eux une véritable complicité qui date depuis 2019, date de la pièce qui a débuté dans la joie mais qui, Covid oblige, a viré à la frustration :
« Nous avons créé la pièce – nous explique Ivan – alors que le Covid commençait à entrer partout. Nous avons quand même joué en nous demandant quand tout allait s’arrêter. Et c’est la pièce qui s’est arrêtée.
– Ce qui est fou – ajoute Isabelle – c’est que c’était un succès, que le public venait tous les soirs remplir la salle, avec les masques et qu’on espérait encore faire la tournée. Mais par deux fois elle a été annulée et ça a été un énorme chagrin.
Du coup, Bernard et moi avons supplié Ivan d’en faire un film !
– Difficile de dire non à Isabelle ! Ca a été, c’est vrai, une grande consolation, une belle façon de rebondir, d’autant qu’on a pu garder la presque totalité des comédiens et que ça a été un grand bonheur que de tous nou retrouver. Ça a été la cerise sur le gâteau !
Ivan, il a quand même fallu transformer un texte de pièce en un scénario de film… Ce qui n’est pas la première fois que tu fais ça !
Oui, c’est vrai mais si l’on a gardé beaucoup de choses de l’histoire, j’ai pu ajouter beaucoup de scènes qu’on ne pouvait faire au théâtre, des scènes plus intériorisées comme des scènes faites dans d’autres décors, pour sortir du huis clos de la cave. Si la pièce était peut-être plus centrée sur Jacques, j’ai voulu suivre plus la vie d’Hortense qui fait beaucoup de choses, qui va vers les autres tout en finissant par s’oublier elle-même.
Pourquoi avoir choisi le vin ?
D’abord parce qu’il y a eu peu de films tournant autour de ce sujet et je trouvais que ce métier est tout aussi complexe que les personnages. Le vin s’oublie un temps dans une cave, les personnages oublient de vivre des choses, puis un jour, tout s’ouvre, un découvre un millésime comme on découvre des choses de sa vie. Tout cela est à la fois symbolique et sensuel.
– Le vin – reprend Isabelle – est aussi l’éloge de la convivialité, du partage et ça m’a permis de développer des sentiments que je n’avais pas pu développer au théâtre.. Cette convivialité qu’on avait aussi tous les soirs avec le public, qui nous a tant manquée et qu’on retrouve avec joie en présentant ce film dans toute la France. On y retrouve cette joie partagée et cette approche du public qui nous manquait tant.
– Isabelle : Ces personnages sont ancrés dans la réalité et chacun peut s’y retrouver, s’identifier, on passe du rire aux larmes, de la drôlerie à l’émotion et je crois que c’est ce qui touche le cœur du public.
– Ivan : C’est un film qui se fonde sur l’identification car si ce n’est pas particulièrement nous, ce peut être des proches, des gens qu’on connaît. C’est aussi un film qui parle de thèmes d’aujourd’hui.
Le petit Steve (Mounir Amamra) est incroyable dans ce rôle de gamin paumé qu’on oblige à faire un stage dans cette cave. Comment l’as-tu trouvé ?
Par casting tout simplement. Ça a été pour moi une révélation. C’est son premier rôle au théâtre comme au cinéma. Il a été le premier surpris que je le choisisse et au départ il n’avait pas compris qu’il fallait être là tous les soirs et à l’heure pour jouer ! Il arrivait d’ailleurs chaque soir à cinq, dix minutes du début, très décontracté et il est d’un naturel incroyable.
Où a été tourné le film ?
En Bourgogne, en Champagne, à Troyes…
Nous avons découvert des paysages magnifiques et surtout des gens merveilleux, simples, humbles, accueillants. Ils se relevaient du gel puis il y a eu la grêle. On ne se rend pas compte à quel point ce métier est difficile, aléatoire. C’est vraiment un métier de passion. Nous avons également découvert des vins incroyables.
Justement, où vont vos préférences ?
– Ivan : Déjà, le Château Obrion, que j’ai découvert. D’ailleurs j’ai découvert beaucoup de choses sur le vin car je dois avouer que je n’y connaissais pas grand-chose !
– Isabelle : Moi j’adore les vins du Minervois des frères Larrieux
Ca a dû être un joyeux tournage avec tout ce vin autour !
Ne crois pas ça –dit Ivan en riant – car, c’est vrai, ça été un joyeux tournage mais pas à cause du vin, toutes les scènes où les comédiens boivent, ce n’est pas du vrai vin ! Sauf le Château Obrion qu’on a dû ouvrir et, une fois ouvert… On l’a bu !
– Le tournage (précise Isabelle) a été surtout joyeux parce qu’on se retrouvait tous et que ça nous manquait vraiment. On avait été très triste d’annuler les tourner et tous se retrouver a été un bonheur… sans alcool car pour moi, il me suffit de deux verres !
Chacun de vous a une sacrée actualité. Vous Isabelle, c’est tout azimut : livre, théâtre, cinéma, télé…
Oui, mais aujourd’hui, après plus de trente ans de carrière, je choisis mes projets et quelquefois tout s’enchaîne. Je viens donc de publier mon troisième livre « Le jeu des i » et c’est un grand bonheur d’écrire.
Côté théâtre j’ai joué « Biographie : un jeu » de Max Frisch et « Les amants de la commune » de Laurent Seksik
Pour la télé, j’ai tourné « L’enfant de personne » d’Akim Isker.
Enfin au cinéma, j’ai tournée « La dérive des continents » de Lionel Baier et « La dégustation » bien sûr !
Et toi Ivan ?
Je viens de monter à Avignon une pièce que j’ai écrite « Glenn naissance d’un prodige » avec Josiane Stoleru et Bernard Malaka, c’est un hommage à Glenn Miller qui et a eu un destin incroyable, à qui je voulais rendre hommage. Je l’ai présenté au théâtre des Béliers où, en 2016, j’avais présenté « Venise n’est pas en Italie ». Je le reprends de septembre à Noël… et plus si affinités, au Petit Montparnasse.
Et puis il y aura « Les humains » avec Bernard Campan et Isabelle Gélinas au théâtre de la Renaissance du 23 septembre au 15 janvier.
Pas de livre ?
J’ai signé pour un prochain livre mais je n’en ai pas écrit un seul mot ! »
Avec Eric Favier grâce à qui tous ces artistes viennent au Pathé
Après cette belle rencontre, c’est tous ensemble qu’à la fraîcheur de la cave, nous avons trinqué au succès du film qui sortira le 31 août et… que nous avons retrouvé la canicule pour faire quelques photos dans les vignes. Avant de présenter le film au Pathé la Valette puis au Six N’Etoiles de Six-Fours.
Mais ce fut un beau moment de retrouvailles et un joli moment de cinéma, qu’il ne faut pas manquer… dans la fraîcheur d’une salle !
Jacques Brachet