18h. Le soleil plombe encore comme en plein midi.
Heureusement, une tente est prévue pour protéger les artistes qui vont venir répéter, Alain Chamfort et son pianiste Vincent Vidal.
Ce soir nous aurons droit à un récital pianos-voix sous les étoiles.
Alain arrive, toujours discret, nonchalant, d’une démarche et d’une élégance de dandy anglais.
On se reconnait encore et toujours… 50 ans après !
Durant près d’une heure et demie, il va consciencieusement répéter, reprenant une phrase musicale, un tempo, en toute sérénité. Un récital avant le récital.
Plaisir de se retrouver quelques souvenirs de ces années 70… La nostalgie est bien ce qu’elle est !
En 50 ans bien des choses ont changé dans le royaume du show biz. Mais il y a quelques résistants dont il fait partie.
L’interview étant déjà faite (voir rubriques portraits/musique) il accepte une petite séance photo avant un frugal repas et part se préparer.
Déjà la foule s’impatiente. Beaucoup de femmes de tout âge qui l’interpellent dès son entrée en scène. Tout de suite, il entame une conversation avec elles : « N’ayez pas peur de m’appeler, si ça vous plait criez et applaudissez. Si ça ne vous plaît pas… je pars ! » L’atmosphère est bon enfant et faisant face à Vincent Vidal, il entame son tour de chant tout en nous expliquant la genèse de ses chansons, mêlant anciens succès et nouvelles chansons tirées de son dernier album « Le désordre des choses ». Il attaque d’ailleurs avec « Exister » de cet album. A chaque chanson une anecdote, souvent le public rit et lui répond, d’autres viennent lui demander une chanson et il s’exécute même si, non prévues, il oublie quelques paroles. Ainsi il nous parle de ses années Claude François qui lui a mis le pied à l’étrier.
« Au départ, je ne pensais pas chanter mais écrire des chansons pour les autres. C’est Claude qui, m’entendant chanter, m’a conseillé de chanter moi-même mes chansons ».
Bien lui en a pris puisque de là, sont nées « L’amour en France », « Je pense à elle, elle pense à moi », « Madona », « Bébé Chanteur » « Le temps qui court ». ET la très belle carrière qui en a découlé.
Puis, si avec Claude ça s’est mal terminé car il était jaloux de son succès (Et ça, je l’ai vécu), ça n’a pas été mieux avec Gainsbourg, même si, de leur collaboration, sont nées « Chasseur d’ivoire », « Bambou »…
Quelques autres succès comme « Traces de toi », « La fièvre dans le sang », l’incontournable « Manureva », son plus gros succès. Et en prime « Signe de vie, signe d’amour » que vient lui demander une spectatrice ! Encore les années CloClo.
Un petit moment d’émotion pour évoquer son amie Dani qui vient de disparaître, connue durant les années Dutronc duquel il était musicien, puis les années Flèche et à qui il dédie une de ses nouvelles chansons « Un regard vers la mer ». Moment d’humour aussi avec « Sinatra », l’histoire d’une séparation où il intime à son ex de pouvoir tout emporter… sauf les disques de Sinatra !
Bref, un concert intimiste où la voix de velours de l’artiste fait son petit effet sur ces dames mais où surtout, on apprécie de superbes mélodies qui ont jalonné sa carrière et où on entend de la belle poésie, qu’elle soit écrite par Gainsbourg, Jean-Michel Rivat et surtout Jacques Duval avec qui il fait un long chemin.
Belle complicité avec le public qui entonne avec lui « Comme un géant »
Belle complicité aussi avec Vincent Vidal, un orfèvre en la matière pianistique, tous deux se répondant avec un sourire de connivence.
Que vous dire sinon qu’on a passé une soirée de charme, avec, comme il le dit en riant, juste deux pianistes, des chansons, sans effets de décors, de musiciens ou de danseurs qui se contorsionnent.
Lorsque le chanteur a du talent, que les mélodies sont à la fois simples et belles, que demander de plus ? Sinon que ces chansons se perpétuent dans le temps, qu’on ne les oublie pas. Ce qu’il espère en nous chantant « Les microsillon ».
Il se lève en fin de concert et électrise la foule avec « Tout est pop » où il se dechaîne, il salue une dernière fois et… Tout se termine.
On aurait encore bien entendu d’autres chansons mais tout a une fin et on se retrouve autour de lui dans les coulisses, heureux qu’il nous ait fait passer une si belle soirée.
Jacques Brachet