PARIS COMBO – QUESACO ? – Six Degrees Records (SD 6570361319) – 11 titres
Paris Combo est un groupe fondé en 1995, mené par la chanteuse Belle du Berry. Quesaco ? est le dernier disque (et le huitième) enregistré par la chanteuse avant sa mort en 2020. C’est dire toute l’importance de ce CD pour les amateurs du groupe. Groupe composé de Belle du Berry (composition, textes, chant), David Lewis (piano, trompette), Potzi (guitare), François Jeannin (batterie, Voix), Benoît Dunoyer De Segonzac (contrebasse), Rémy Kaprielan (percussions, voix) et qui a déjà 27 ans d’existence avec un magnifique un magnifique bilan de performances et de réalisations à travers le monde. Il est difficile de définir le groupe sur le plan musical tant il y a d’influences diverses : jazz, latino, manouche, etc. C’est un groupe très soudé avec d’excellents musiciens qui se posent sur des arrangements simples, efficaces, au service de la chanson. Un écrin dans le lequel se coule la chanteuse.
Celle-ci chante simplement, sans effets, avec à la fois douceur et chaleur sur une tessiture médium. Elle mène le groupe avec sûreté. Tout cela est parfaitement huilé et ça tourne avec un plaisir évidant.
Les paroles, œuvres de Belle du Berry, abordent pas mal de thèmes contemporains, sans donner de leçons, avec de fortes images et un certain optimisme : « On a la vie / On a le temps / On appuie sur la barre espace. » Quesaco ? Les souvenirs d’une belle aventure…
Le livret très chic donne toutes les paroles. Le disque sort aussi en vinyle.
TILMANN – CHRYSALYS – (T01/1 – Inouïe Distribution) – 6 titres
Tilmann Volz, dit Tilmann, est un musicien Breton, chanteur, guitariste, compositeur, qui, après un parcours solo, sort son premier CD en compagnie de Pierre Le Normand (batterie), Rémi Allain (basse et contrebasse), Pierre Thary (violoncelle), ainsi que Ellen Pelé (parfaitement dans la tradition sur « Driving Talls » et Stéphane Colin (backing vocals).
On est dans l’atmosphère des ballades folk de la grande époque, c’est à dire les années 60/70, mais avec une touche personnelle, bien d’aujourd’hui. Une voix grave, bien timbrée, un véritable accent anglais, de la puissance, de la décontraction, et du charme, soutenus par un jeu de guitare limpide, voilà quelques unes de ses qualités. Les musiques sont du leader et les paroles sont le fruit de plusieurs auteurs.
Les accords à l’archet du violoncelle sont un petit bijou, par exemple sur « Fall » ou « The Sea II », ainsi que ses contrepoints au chant. L’accompagnement des trois musiciens, et ce n’est pas seulement un accompagnement, sont admirables de justesse et d’à propos. Tout en subtilité et élégance.
Un sacré bon début. A suivre.
CÉLESTIN – DEUXIÈME ACTE – Believe / Inouïe (SB003) –13 titres
Sébastien Rambaud, chanteur, multi-instrumentiste essentiellement batteur, se partage entre deux groupes : Le duo Fills Monkey, et Célestin qui sort son second album intitulé « Deuxième Acte ».
Le chanteur possède une voix au charme viril très agréable et une diction parfaite, restant dans une faible tessiture médium qui crée une sorte d’envoûtement. Un grand sens du rythme bien calé sur le temps, parfois assez disco. Il s’est entouré de quelques invités qui apportent leur palette ouvrant ainsi l’horizon musical. Il est l’auteur de la musique et des paroles. A noter la qualité des arrangements et de l’enregistrement.
Les thèmes abordés sont ceux de l’époque avec assez de grâce et d’ironie. L’écologie : « S’unir et tout faire, pour tirer d’enfer / Notre mère, la terre » ; la métaphysique : L’homme… « crée le dieux mais il oublie qui a créé qui. » ; la tendresse : « Tu peux faire tomber les murs avec une caresse, / Tu peux changer le monde avec un sourire » ; et bien d’autres rhèmes dont le féminisme avec « Clitoris ». On termine avec un petit bijou d’invention « M’aimes-tu ? » basé sur une descente chromatique à la Schubert et une scansion à la Henry Purcell.
Le livret donne les paroles et tous les renseignements utiles.
Célestin fait évoluer la chanson française vers des lendemains qui chantent.
RADIO KAIZMAN – BLACK PARTY – (RK BP – Inouïe Distribution) – 6 titres
Avec cette Block Party en route pour les délires d’une fanfare, comme celles de la Nouvelle Orléans, avec une différence, l’adjonction des voix, façon rap, hip hop, bien dans les pratiques d’aujourd’hui. Et ceci en français ; d’ailleurs le livret nous offre les paroles. Plaisir supplémentaire de pouvoir ainsi mieux les comprendre, d’autant qu’elles sont très militantes. Exemple : « Fallait parfois crier au secours à l’aide / Fallait tomber sur ceux qui tendent la main / Pas ceux qui gardent le bras tendu en l’air… »
Enfin du rap joyeux avec de la vraie musique, c’est à dire jouée par des instrumentistes : trompette, trombone, tuba, batterie-percussion, qui assurent la base, plus une chanteuse flûtiste et un rappeur brillant.
Y’a d’la joie, de la pensée, de la musique. Radio Kaizman renouvelle le rap en plongeant dans la revigorante gaité New-Orleans. Regarder aussi leurs clips, ça vaut tous les fortifiants.
LAURA ANGLADE & SAM KIRMAYEUR – VENEZ DONC CHEZ MOI – Justin Time Records
(JUST 265-2)- 11 titres.
La grande chanson française est une source intarissable de standards de jazz ; qu’on se souvienne des « Feuilles mortes » devenues « Autumn Leaves » probablement le standard de jazz le plus joué au monde. Laura Anglade s’y colle avec 11 chansons des plus célèbres, et des meilleures : Trénet, Aznavour, Michel Legrand, Misraki, Rezvani, Michel Delpech…
Laura Anglade, chanteuse et guitariste a vécu entre la France (où elle est née), le Connecticut et le Québec. Elle est entrée en jazz et en chanson à l’écoute des grandes divas du jazz. Sam Kirmayeur est un guitariste canadien déjà bien implanté sur la scène canadienne, et auteur de plusieurs CD. Il possède un jeu clair, minimaliste, dans la tradition de Wes Montgomery, très à l’écoute de la chanteuse et des mélodies.
Laura Anglade est une bonne chanteuse de jazz avec une voix au charme acidulé. Elle a de la puissance et tient la note; elle a du swing, sait scatter, et surtout elle «vit » les mélodies de l’intérieur, improvisant très peu.
« La chanson de Maxence », qui est un petit chef d’œuvre, ciselé avec émotion par Laura Anglade, révèle toutes les qualités du duo.
« Venez chez elle » vous y serez bien, et nen voudrez plus partir.
Serge Baudot