En vérité, je vous le dis : La Collégiale de Six-Fours était un lieu magique pour cette œuvre de Joseph Haydn que nous proposait ce quatuor Matheus mené par Jean-Christophe Spinosi. Quant à la récitante, la belle et blonde Brigitte Fossey était la récitante idéale pour donner la charge à la fois spirituelle et émotionnelle de ces sept dernières paroles du Christ en croix.
Créée en 1787 à Cadix par Joseph Haydn, cette œuvre n’a depuis cessé de tracer la route de tous les croyants mais aussi de tous les amateurs de musique, tant celle-ci est profonde et les paroles bouleversantes.
Rarement, dans cette collégiale, le silence du public, la concentration des artistes ne furent plus palpables.
Magnifique quatuor mené par un Jean-Christophe Spinosi attentif au maximum.
Quant à Brigitte Fossey, que dire sinon qu’elle était totalement habitée par ce texte, telle une madone, déchirante lorsque le Christ crie « Père, pourquoi m’as-tu abandonné », émouvante lorsque quelqu’un dans la foule dit à sa mère « Femme, voici ton fils », presque apaisée lorsque le Christ lance: « Père, pardonne-leur ».
Brigitte Fossey y met une tension, une charge émotionnelle magnifiques, à vous donner la chair de poule. Sa voix, reconnaissable entre toutes, module les instants changeants du Christ qui passe par toute une palette de sentiments que cette merveilleuse comédienne a su traduire.
Inutile de dire qu’après un long moment de silence… religieux, le public s’est levé comme un seul homme pour applaudir les artistes émus et heureux de cette magistrale interprétation qu’ils nous ont offerte.
Stéphanie Guillaume, adjointe à la santé, Jean-Sébastien Vialatte, maire de Six-Fours, Brigitte Fossey, Gérald Lerda, directeur du cabinet du maire, Fabiola Casagrande, adjointe à la Culture
Avant le concert, Brigitte a visité le lieu avec intérêt et admiration. Elle a lu tous ce qui y était affiché et m’a avoué : « J’ai connu nombre de lieux où j’ai donné des récital mais rares sont ceux qui, comme celui-ci, sont porteurs d’émotion, où l’on se sent apaisé et où l’on joue dans une immense sérénité. Six-Fours possède l’un des plus beaux lieux de France où on aime jouer mais aussi se ressource. On s’y sent appaisér ».
Pour une fois, je ne parlerai pas de l’ami Spinosi qui sait toute l’admiration et l’affection que je lui porte, pour en revenir à cette sublime comédienne qu’est Brigitte Fossey. Nous nous sommes connus dans les années 70 au Festival du Jeune Cinéma d’Hyères dont j’étais l’attaché de presse et nous nous sommes très vite reconnus en tant que « Gémeaux-Jumeaux » Durant des années, nous avons aussi fait la fête avec Jean-Claude Brialy, au festival de Ramatuelle, nous retrouvant dans les loges, sur les fameux coussins rouges ornés de la colombe de Picasso, sur la plage des… Jumeaux au cours de repas toujours brillants présidés par l’ami Brialy. Et bien sûr, on eut la joie de la voir jouer plusieurs fois sur cette scène mythique. Entre autre avec sa fille.
« J’aimais beaucoup Jean-Claude – me dit-elle – et sais-tu que le livre que tu lui a consacré et dans lequel je suis, trône sur ma cheminée ! »
Ca fait toujours plaisir à entendre !
De Pinoteau à LeLouch, de Deville à Tachella, de Truffaut à Tornatore, d’Enrico à Gene Kelly (mais oui) ! elle servit de son talent tous les grands réalisateurs… Et ça continue. Elle vient de tourner « Le chemin du bonheur » de Nicolas Steil. Ne parlons pas de sa carrière télévisée comme « Crimes et châtiments » ou encore « Le Château des oliviers » de Louis Velle et Frédérique Hébrard. Elle retrouva d’ailleurs leur fils François à Marseille pour le tournage en 2014 de « Jusqu’au dernier »… où j’étais bien sûr. C’est aussi au Revest qu’elle a tourné « Le jeune marié » de Bernard Stora en 83… où j’étais encore !
La revoir donc à la Collégiale avec son mari fut un joli moment de retrouvailles.
Quant à Jean-Christophe, il était heureux comme un enfant de rencontrer enfin cette comédienne qu’il adore.
« Je la rencontre enfin car il y a longtemps, je te l’ai dit, que je voulais travailler avec elle sans que jamais un projet ne se réalise. C’est donc fait et j’espère que ce n’est que le début d’une collaboration. Qu’en pensez-vous, Brigitte ?
– Peut-être peut-on se tutoyer, non ? lui dit-elle en riant !
Tu sais, Jacques, il y a des années que je suis le travail de Jean-Christophe car je l’admire beaucoup. J’admire sa façon d’approcher la musique car il a cette passion en lui qui m’émeut et qui rend belle toute musique qu’il aborde. Et lorsqu’il a « osé » me proposer ce spectacle, je n’ai pas hésité une seconde. J’aurais dit oui à tout mais en plus, celui-ci est d’une telle force qu’on ne peut pas refuser.
Et ce choix de ce spectacle ou presque toujours le récitant était un homme ?
Je te signale que je l’ai déjà interprété. Le récitant peut être une récitante qui évoque les paroles de Jésus. Elle raconte et rapporte ce qu’il a dit. Donc peu importe que le récitant soit homme ou femme,
– Alors, on va rejouer ensemble – propose Jean-Christophe – avec un air d’enfant qui attend la permission de jouer !
– Avec plaisir !
– Tu sais, je pense à quelque chose de plus léger, peut-être même humoristique…
– Ah, ça, j’aimerais beaucoup ! »
Cela se passe dehors, à la fraîcheur de la nuit, entre un jus de fruit et un morceau de pastèque, la fille de Jean-Christophe étant venue nous rejoindre car, comme son père, elle étudié le violon avant de choisir le chant et, nous précise Jean-Christophe, elle va devenir une grande star !
Nos deux héros de la soirée n’ont pas beaucoup de temps à profiter de ce fameux cocktail à base de fruits, tant ils sont accaparés par le public qui leur renouvelle félicitations et remerciements… tout en faisant un petit selfie !
Ambiance chaleureuse qui va encore s’éterniser avant que chacun aille regagner les navettes pour le retour à la ville et se souvenir que, ce soir-là, nous avons côtoyé les cieux.
Jacques Brachet