Il est humoriste, imitateur, chroniqueur TV et radio, comédien, réalisateur, scénariste…
Jérôme Commandeur, qui a débuté dans « Graines de stars » en 1997, a magnifiquement évolué, et excelle dans tout ce qu’il entreprend, au point d’être devenu un artiste que l’on aime et que l’on apprécie.
Le rire est sa façon d’être et grâce à lui, il a joué ou tourné avec les meilleurs, de Dany Boon à Olivier Baroux en passant par Michaël Youn, Florence Foresti, Benoît Poelvoorde, Josiane Balasko… Et j’en passe.
Roi du one man show, en 2016, il devient réalisateur, tournant « Ma famille t’adore » avec une belle brochette de comédiens : Thierry Lhermitte, Marie-Anne Chazel, Valérie Karsenti, Sabine Azema… Du beau monde.
Et le voici qui récidive avec « Irréductible » qu’il co-scénarise, avec son ami de jeunesse Xavier Maingon, qu’il réalise et dans lequel il joue. Et là encore, un casting en or puisqu’il est entouré de Laetitia Dosh et Pascale Arbillot mais chaque apparition de quelques minutes ou un peu plus, nous fait découvrir Gérard Darmon, Christian Clavier, Valérie Lemercier, Gérard Depardieu, Anne-Sophie Lapix, Nicole Calfan, Malik Bentala, Evan Darlan, Esteban… Et j’en oublie !
Vincent Peltier (Jérôme Commandeur) est employé aux eaux et forêts. Il est ce qu’on appelle un fonctionnaire, ce qu’on appelait avant « un rond de cuir » et heureux de l’être pour de multiples raisons : la sécurité de l’emploi, le treizième mois, le fait de ne pas en faire une rame, la cantine et surtout, filou sur les bords, il fait un peu de chantage à ses clients qui ont besoin de ses services.
Tout pourrait donc aller le mieux possible jusqu’au jour où une inspectrice (Laetitia Dosh) vient leur annoncer que certains – dont il est – devront démissionner avec une belle enveloppe à la clef pour pouvoir se reconvertir.
Mais que nenni : Vincent reste et restera fonctionnaire. Rapport de force entre les deux : elle qui, pour arriver à ses fins, va l’envoyer dans les pires endroits et jusqu’au Groënland, lui qui dit oui à tout pour garder sa fonction… Ainsi va-t-on suivre cet employé modèle dans ses pérégrinations.
Avec son éternel sourire de « ravi » qui s’adapte à tous les postes, Jérôme Commandeur, s’il est irréductible est aussi irrésistible de drôlerie, d’humour, avec une fin inattendue.
Car entretemps il rencontre une collègue (Pascale Arbillot) qui devient sa compagne, fichée de trois enfants de trois pères différents !
Le film a obtenu le grand prix du festival d’Alpe d’Huez.
Je retrouve en tête à tête, l’irrésistible sourire de Jérôme Commandeur au Six N’Etoiles, où il est venu présenter son film.
« Jérôme, dans ce film, on se pose une question : Vincent est-il sympathique ou pas ?
C’est vrai qu’il est à la fois plan-plan, roublard, tire au flan, accroché à son bureau mais il a décidé une fois pour toutes de rester dans l’administration avec une force et une capacité d’adaptation incroyables. Du coup, afin de s’agripper à son bureau, il ne va pas arrêter à se déplacer ! Jusqu’au jour où…
Moi, en fait, je le trouve bien sympathique.
C’est votre second film, tourné durant le confinement…
Durant les deux confinements et le tournage a été difficile car il a fallu passer de Limoges et Paris à la Suède, du Groenland à l’Equateur, avec des changements de climat incroyables. D’autant que je voulais des décors naturels car je ne voulais pas tourner devant des murs verts. Au Groenland entre autre, on a eu très froid !
C’est un film un peu déjanté ?
Oui, cet adjectif me convient ! C’est un film un peu illuminé.
Mais je suis heureux du résultat, j’ai fait le film que je voulais, une sorte de jeu de l’oie clipé en accéléré.
Vous avez un générique en or… Comment avez-vous fait pour dissuader tout ce beau monde à venir pour des rôles infimes pour certains ?
Je crois que j’ai eu du pot ! Pourquoi, ont-ils accepté, ça reste encore mystérieux. Car 95% de ceux à qui j’ai demandé m’ont dit oui. Et en plus, ils ont tous pris du plaisir !
Même Christian Clavier ??
Surtout Christian Clavier qui a dit oui tout de suite ! C’est la première fois qu’on lui propose un rôle de syndicaliste pur et dur, alors qu’on lui propose, quatre-vingt-dix fois sur cent les éternels rôles de bourgeois surexcité. Ça l’a beaucoup amusé.
Comment est venue l’idée de ce film ?
C’est en fait un remake d’un film italien que Ceccho Zalone, acteur et chanteur très connu en Italie a tourné il y a dix ans. Le film s’appelle « Quo vado ? ». Un ami m’en a parlé et après l’avoir visionné, avec Xavier Maingon, on a eu envie d’en faire la version française, avec l’assentiment de Ceccho.
Bien sûr, il fallait le franciser car même s’il y a beaucoup de points communs, les deux pays n’ont pas la même façon de voir les choses, pas toujours le même humour car chacun d’eux a, disons, son humour « national » sinon régional. Mais en fait, nous n’avons changé que 30% du film italien. Et je suis à la fois heureux et stressé de savoir qu’à la première du film à Paris le 20 juin, Checco sera présent. Déjà, j’ai eu les félicitations du producteur italien, c’est rassurant !
Comment travaillez-vous avec Xavier Maingon ?
C’est un ami et un complice de toujours, j’avais 26 ans lorsqu’on s’est connus, ça fait vingt ans, il faisait alors les lumières et on s’est retrouvé au Sénégal ! Nous nous complétons, nous avons chacun notre spécialité : Xavier est plus tourné vers la structure et moi je m’attarde plus sur les dialogues.
Il a mis en scène et réalisé mes spectacles.
Trois casquettes dans le film : scénariste, réalisateur, comédien… Pas trop difficile ?
Non, dans la mesure où l’on est bien entouré. Il faut savoir se faire aider et être entièrement à son poste de comédien ou de réalisateur. Ce qui est formidable c’est qu’en étant des deux côtés, le réalisateur comprend mieux les comédiens et le comédien comprend mieux le réalisateur. Il faut que chacun reste à sa place, que chacun reste à l’écoute de l’autre. En tant que réalisateur, je suis très à l’écoute d’une demande, d’une proposition, même si au départ, le scénario est bien ficelé. Etre à l’écoute est pour moi impératif.
Aujourd’hui, scène, ciné, télé ?
A quelques dates près, je termine ma tournée. « Tout en douceur » et l’on va me retrouver sur Canal + dans la série « La flamme », la suite de « le flambeau, les aventuriers de Chupacabra » », de Jonathan Cohen. J’y retrouverai d’ailleurs Gérard Darmon.
C’est une parodie de télé réalités comme « Kho Lanta »
Puis je serai sur le tournage de « Asterix, l’empire du milieu » réalisé par Guillaume Canet. J’y serai Abraracoucix.
Vous vous êtes en fait spécialisé dans la comédie !
N’oubliez pas que je viens du one man show. J’ai été à l’école du Splendid, de Coluche, de Bedos, des gens que j’admire, qui m’ont donné l’envie de faire ce métier. J’aime cette idée de transmission car j’ai beaucoup appris d’eux, ils m’ont transmis ce que je sais et j’ai envie à mon tour de transmettre. Je trouve que c’est très important.
Aujourd’hui je suis considéré comme un artiste comique, le public m’a connu en tant qu’humoriste et ça ne me gêne pas d’avoir cette étiquette. C’est ma signature. Je suis identifié ainsi.
J’ai fait beaucoup de choses mais toujours tournées vers l’humour. J’ai arrêté la radio depuis cinq ans afin d’être plus clair avec moi-même.
Aujourd’hui je me recentre sur la scène et le cinéma.
Avec l’équipe du Six N’Etoiles
Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Six N’Etoiles : Photoscreations.fr
Photos films : David Koskas