VANESSA PHILIPPE – Soudain les oiseaux (Le poisson spatial/Modulor – LPS001 – 12 titres)
Vanessa Philippe prend son temps puisque c’est son 5ième disque depuis le premier en 2008. Ce qui lui a permis de se frotter à plusieurs styles. Ici on est devant une œuvre particulière car la chanteuse dédie ce disque à sa grande sœur aimée, décédée en 2019. Cela avec une écriture sobre, retenue, sans pathos : elle en est d’autant plus profonde et touchante. Il y a des trouvailles métaphoriques comme par exemple « Je danse en pantalon de soi », ou poétiques « Ce soir j’ai de la peine / Je suis la fille en pleurs / Ce soir j’ai de la veine / Je suis la fille aux fleurs ». La chanteuse s’exprime avec une voix de jeune fille, sur une faible tessiture, bien posée sur le temps. On est plus dans le parlé-chanté que dans la chanson proprement dite. Vanessa Philippe a également écrit la musique : de courtes mélodies qui courent en général sur deux vers, des rythmes différents, un accompagnement discret qui sert avec bonheur la chanson.
Un requiem soft moderne où dominent les regrets, suinte la souffrance, et aussi le vain espoir du retour de l’être aimé.
DANIEL ROURE – Rarities (VLS Productions – Distribution : inouïe Distribution – 6 titres)
Depuis « Les baleines blues » en 2001, immense succès aux Etats-Unis, Canada et Australie, voici Daniel Roure qui roule à nouveau sur la route de la chanson swing avec ce onzième disque. Pour l’Europe, ce style remonte en gros à Jean Sablon accompagné par Django Reinhardt, Charles Trénet, Johnny Hess, pour arriver à Paolo Conte, et quelques autres dont Thomas Dutronc et Daniel Roure.
La voix a pris à la fois plus de velours et d’intensité, de décontraction, restant dans le médium avec parfois un petit côté Brassens. On admire la diction toujours parfaite. Pas de fioritures ; les paroles bien posées sur le temps la chanson s’envole sur un swing aérien.
Cette fois Daniel Roure a abandonné le piano, pour le laisser à l’excellent Philippe Martel, ce qui lui donne plus d’aise, d’espace pour chanter. Il s’est adjoint la meilleure rythmique du Sud avec Philippe Le Van (dm) et Christophe Le Van (b) ; et deux soufflants, Thomas Roure, ténor dans la tradition ellingtonienne, et Oh surprise, Nicolas Folmer (tp, flh,) qui est d’une expression jazz des plus moderne. Il se coule à la perfection dans le moule Swing Era, et ses solos, ses contrechants, sont une petite merveille, « ça swingue comme au bon vieux temps ». Il est aussi l’auteur des arrangements, là encore de la simplicité, de l’élégance, un écrin swing pour les chansons.
Les paroles et la musique sont de Laëtitia Vanhove, Serge Mounier et Daniel Roure. Ils se sont entendus à merveille pour produire ces chansons à la fois swing et chanson française. Avec des paroles simples, directes et porteuses de sens : L’élégance / C’est un instant de charme / Un mot qui nous désarme / La beauté du geste. C’est la définition de ce disque : Elégance, charme, beauté, emporté par le souffle du swing.
Serge Baudot