Notes de Musiques

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Renaud CAPUCON : Un violon à Paris (Erato)
L’on se souvient du magnifique concert que Renaud Capuçon nous a offert l’été dernier à la Maison du Cygne de Six-Fours.
Nous sortions alors du confinement, l’artiste était heureux de retrouver son public et nous annonçait un nouveau disque… Sans plus.
Ce nouveau disque le voici, superbe double album conçu durant le confinement avec son complice Guillaume Bellom et enregistré dans la foulée.
A heure fixe, durant 56 jours, comme un rituel, les deux musiciens se retrouvaient pour travailler de petites pièces qu’ils offraient sur les réseaux sociaux et qui, au fil des semaines, ont constitué de quoi proposer aujourd’hui ce double album.
Album original, dont on avait eu quelques passages lors de sa venue à Six-Fours et constitué d’œuvres diverses et variées, allant de Haendel à Morricone, de Debussy à Chaplin, de Brahms à Grapelli, d’Elgar à Tchaïkovsky et encore bien d’autres ? En tout 22 pièces où le violon de Capuçon répond avec finesse et dogté au piano de Bellom.
C’est un CD pour tous, mélomanes et néophytes, qui nous offre la joie de la découverte de ces morceaux connus ou inconnus  qu’on ne cesse d’écouter.
Jacques Brachet
VICENTE e MARIANNA (Pan Piper)
De Paris à Salvador Vincent Muller et Marianne Feder nous font voyager par le truchement des rythmes sud américains, essentiellement brésiliens
Un beau sens du rythme, une parfaite diction, la note tenue, la mise en place, voilà pour les qualités de base.
Marianne Feder est chanteuse, autrice compositrice, chef de chœur pour la Philarmonie de Paris. Ici elle joue aussi des claviers, du sax, et se sert de la beatbox et de diverses machines Elle a enregistré avec Daniel Yvinek, Romane, et quelques autres, elle a participé au Festival Banlieues Bleues.
Vincent Muller est chanteur et multi instrumentiste : guitare, cavaquinho, basse, percussions. Il s’est produit au sein de plusieurs batucadas. Lui aussi a participé à  quelques festivals, notamment avec Marianne.
Les deux chanteurs s’expriment sobrement, avec décontraction et beaucoup de charme, en restant dans le médium des voix, si bien qu’on se laisse envoûter. Marianne possède une voix un peu acidulée qui vibre adorablement dans l’aigu, l’écouter sur « Absinthe absence ». Vincent possède, lui, une voix chaude, caressante ; l’écouter sur « Les bras de Poséidon ». Les deux voix associées fonctionnent comme un instrument, séparément elles sont en contrastes séduisants. Un bel exemple avec « Un amour d’hiver », qui fait penser au « Jardin d’hiver », chanté par le regretté Henri Salvador.
Un morceau bienvenu, qui décale, non chanté, un poème dit à deux voix, « L’attente », accompagné par la seule rythmique.
Les morceaux sont chantés en français, sauf « O xote do peixe e da borboleta » en bilingue français-portugais. A noter que le livret donne les paroles des chansons.
Un disque charmeur, réjouissant, solaire, qui entraîne au rêve.

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Yves CARINI : The Way You Are (Yesansa)
On présente partout Yves Carini comme un crooner. Je veux bien mais c’est n’avoir jamais entendu Frank Sinatra, Nat King Cole, Dean Martin, Leonard Cohen ou chez nous Sacha Distel, Yves Montand, par exemple. Les crooners ont en général une voix de baryton, profonde et chaude. Or Yves Carini possède une voix placée du côté ténor, voire ténor léger.
Yves Carini n’est pas un débutant puisqu’il a sorti son premier album en 2005, celui-ci est le troisième. Il a participé à des festivals, chanté avec nombres de musiciens. La mise en place est impeccable, les arrangements sont faits pour lui, pourtant je suis loin d’être convaincu. Je lis des tas de louanges, de références et d’influences grandioses sous la plume de nombreux chroniqueurs, loués soient-ils !
Yves Carini s’attaque à des thèmes éternels (9 sur 11 titres) comme l’ « Hymne à l’amour », interprété hélas d’une façon assez mièvre. Et d’autres avec plus de réussite. Pour moi les moins intéressants sont ceux avec grand orchestre. Je le trouve bien meilleur en tempo rapide sur les thèmes en compagnie d’un petit ensemble qui groove parfaitement, par exemple « Sous les mains d’Elsa ». Une belle réussite avec « Les mots bleus », qu’il chante d’une façon très proche de celle de Christophe.
Le chanteur a des qualités indéniables, mais de là à crier au chef d’œuvre.
David LINX : Be my Guest – The Duos Project
J’écoute le chanteur (et aussi pianiste) belgo-parisien, David Linx, depuis ses débuts dès les années 90. Lors de ses premiers concerts sa façon sinusoïdale de chanter la mélodie en se baladant sur une grande tessiture, le plus souvent vers l’aigu m’agaçait assez. Mais j’avais déjà le sentiment d’entendre quelque chose de nouveau. Puis le temps passant, les concerts et les disques se succédant, la voix a muri, prit du grave, du grain, s’est assagie, et on peut dire que David Linx a inventé une nouvelle et belle façon de chanter le jazz, avec une voix puissante, sans vibrato, à l’image du son de trompette de l’une de ses idoles, Miles Davis
D’abord batteur, élève de Kenny Clarke, il passe au chant en 1988. Il connaît ses premiers succès à la fin des années 90 en duo avec le pianiste Diderik Wissels. S’y ajoutera parfois un autre fidèle, le batteur Christophe Walemme, avec lesquels il continue à chanter. Puis il parcourt le monde en chantant avec les plus grands.
Le revoici pour une série de 15 duos, avec à chaque fois un invité différent, le duo étant une de ses formations favorites.
Il serait trop long de présenter chaque duo, et pourtant ils le mériteraient tant ils sont denses et différents chacun, montrant toutes les facettes de David Linx.J’en sélectionnerai quelques-uns qui me semblent mettre en avant la diversité de l’art du chant du jazzman. Un des thèmes les plus joués, marqué par les plus grands jazzmen de l’histoire, « ‘Round Midnight », en faire une approche nouvelle ? Mission impossible, et pourtant notre chanteur y réussit en beauté avec la complicité expressive du pianiste Tigran Hamasyan. C’est le modèle du chant linxien. Longues tenues filées, arabesques sur une grande tessiture, éclats subits, émotion retenue. « Vanguard » avec le pianiste Ran Blake, minimaliste ici, avec des accords très personnels, des petites phrases, en contraste avec le chant. « Emportez-moi », le poème d’Henry Michaux, derrière lequel le guitariste Marc Ducret peaufine un contrechant à la guitare saturée. « Letter to Trevor » qui débute le disque, un texte de James Baldwin, dit par son neveu Trevor Baldwin, enluminé par la voix de David Linx. « Tonight you belong to me » avec le banjoïste chanteur Rani Weatherby, ambiance country avec un scat (rare chez lui) de David Linx. « The Bystander Effect » avec Diderick Wissels au piano et aux effets, un rap complètement déjanté. « Pagina de dor », chanté en portugais, accompagné par Hamilton de Holanda à la guitare portugaise. Un véritable fado qui dégage une grande émotion avec son parfum de saudade.
Ce disque est peut-être l’œuvre majeure de David Linx ; en tout cas une des grandes voix d’aujourd’hui.

Serge Baudot

 

Cristal Records CR 345 – « The Duos Project » sorti en novembre 2021.

 

 

Serge Baudot

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Yves CARINI : The Way You Are (Enregistré en France et USA en 2021 – Yesansa 171746)
On présente partout Yves Carini comme un crooner. Je veux bien mais c’est n’avoir jamais entendu Frank Sinatra, Nat King Cole, Dean Martin, Leonard Cohen ou chez nous Sacha Distel, Yves Montand, par exemple. Les crooners ont en général une voix de baryton, profonde et chaude. Or Yves Carini possède une voix placée du côté ténor, voire ténor léger.
Yves Carini n’est pas un débutant puisqu’il a sorti son premier album en 2005, celui-ci est le troisième. Il a participé à des festivals, chanté avec nombres de musiciens. La mise en place est impeccable, les arrangements sont faits pour lui, pourtant je suis loin d’être convaincu. Je lis des tas de louanges, de références et d’influences grandioses sous la plume de nombreux chroniqueurs, loués soient-ils !
Yves Carini s’attaque à des thèmes éternels (9 sur 11 titres) comme l’ « Hymne à l’amour », interprété hélas d’une façon assez mièvre. Et d’autres avec plus de réussite. Pour moi les moins intéressants sont ceux avec grand orchestre. Je le trouve bien meilleur en tempo rapide sur les thèmes en compagnie d’un petit ensemble qui groove parfaitement, par exemple « Sous les mains d’Elsa ». Une belle réussite avec « Les mots bleus », qu’il chante d’une façon très proche de celle de Christophe.
Le chanteur a des qualités indéniables, mais de là à crier au chef d’œuvre